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Aux Etats-Unis, la rage contre la classe politique est très forte (sauf les jours d’élection)

Les électeurs américains en ont marre de la manière dont on gouverne leur pays. Mais vont-ils faire quoi que ce soit pour que cela change?

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Que l’on observe le paysage politique américain et une chose saute aux yeux: les électeurs sont furieux. D’un côté, ils sont exaspérés par Barack Obama, l’immigration et l’apparente impuissance de leurs élus. De l’autre, ils sont énervés par Wall Street, les inégalités économiques et un gouvernement qui –selon eux– est à la solde de ploutocrates milliardaires.

Cette colère, fait remarquer Philip Rucker du Washington Post, est essentielle pour comprendre l’imbroglio actuel, une époque où la politique américaine est en venue à ressembler à un épisode caricatural d’À la Maison Blanche. Tout l’été, le magnat de l’immobilier et vedette de la télé-réalité Donald Trump aura été au centre de l’attention médiatique et (ce n’est pas une coïncidence) jouit désormais d’une belle avance dans la course à l’investiture républicaine.

Des candidats fabriqués

Parallèlement, le sénateur du Vermont Bernie Sanders –qui s’auto-qualifie de socialiste en marge de l’échiquier politique américain– est le principal adversaire d’Hillary Clinton dans le critérium démocrate et semble pouvoir l’emporter dans le New Hampshire. Voici ce qu’écrit Rucker, en s’appuyant sur les analyses de stratèges et autres spécialistes des campagnes électorales:

«Aujourd’hui, il y a un besoin d’authenticité réelle en politique,déclare Tad Devine, stratège démocrate et conseiller de Sanders.Les gens ont le sentiment que les candidats sont trop fabriqués, qu’il n’y a pas suffisamment de spontanéité. Ils veulent quelqu’un qui, même s’ils ne vont pas être d’accord avec, va leur dire les choses telles qu’ils les voient, qui va se mettre réellement au niveau des électeurs. C’est ce que j’observe chez Bernie et chez Trump aussi, je crois bien. C’est tout à fait manifeste.»

«Il y a un malaise, un inconfort et une angoisse que ressentent beaucoup de gens. Ils ont peur sur un plan économique, ils ont peur de ce qui se passe avec nos adversaires et cela les met très, très mal à l’aise quant à l’avenir du pays et au chemin que semblent emprunter les politiques

Records d’impopularité

À bien des égards, on nage en plein cliché. Dans un tel environnement –semblable à celui de 2012 et des primaires républicaines, où des candidats comme Herman Cain et Newt Gingrich ont pu eux aussi attirer un moment les projecteurs– que les électeurs en aient marre du statu quo est la seule explication sensée. En même temps, cela n’est pas vrai pour autant. Certes, Sanders et Trump jouissent aujourd’hui d’une étonnante popularité, mais quel est le niveau réel d’exaspération des électeurs américains? En ont-ils vraiment marre du statu quo, ou est-ce simplement du bruit et de la fureur qui ne veut rien dire?

Lors des élections de 2014, sur les 416 candidats se présentant à leur propre succession, 396 ont été renvoyés à Washington

À en juger par ce que j’entends, la réponse est oui, les électeurs sont énervés, si ce n’est outrés. À peine 19% des Américains font confiance à Washington pour «faire ce qu’il faut» la plupart du temps ou tout le temps. Et les 81% restants sont plus que sceptiques. Idem en ce qui concerne le Congrès. En 2014, selon l’institut de sondages, 15% des Américains avaient une opinion favorable du Congrès –soit le second plus bas historique en quarante ans de mesures. Le record date de l’année précédente, où seulement 14% des Américains étaient en accord avec le Congrès. Et dans un sondage CNN effectué l’année dernière, avant les midterms, 30% des Américains se disaient «très énervés» par la direction prise par le pays, tandis que 38% se disaient «relativement énervés».

Dans l’isoloir, le mainstream l’emporte

Mais au lieu de se fier aux sondages, qu’on en juge par ce que l’on voit et, plus précisément, par la manière dont les électeurs agissent. Les Américains ont beau visiblement détester les politiciens, ils ne semblent jamais prêts à expulser les bons à rien. Lors des élections de 2014, sur les 416 candidats se présentant à leur propre succession, 396 ont été renvoyés à Washington, soit un taux de réélection de 95%. En 2012, les chiffres étaient de 90% pour la Chambre des représentants, et 91% pour les sénateurs –contre 85% et 84% en 2010. Il vous faut remonter à 1986 pour trouver une campagne sénatoriale qui se solde par un taux de réélection s’éloignant des 80%. Pour la Chambre, c’est encore pire: depuis 1964, au moins 80% des candidats ont été réélus.

La situation est un peu différente avec la présidentielle, mais les Américains n’ont jamais souffert d’un manque d’alternatives ou d’options inhabituelles. Et pourtant, dans toutes les élections présidentielles depuis 1972 –que ce soient les primaires ou l’élection générale–, les électeurs ont toujours opté pour les candidats mainstream pour diriger les partis et le pays.

Ce qui ne veut pas dire que les électeurs ne soient pas sincères dans leur colère ou leur mépris pour Washington. Mais cela laisse entendre, fortement, que cette colère n’a que peu de puissance performative –quand les choses se gâtent et que les Américains doivent choisir un président, pas seulement exprimer leur mécontentement–, ils s’orientent vers ce qu’ils connaissent. Les électeurs américains ont-ils les nerfs? Oui. Est-ce que cela aura des conséquences électorales? Probablement pas.

 

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