Ils ont assuré le spectacle, fait vibrer les spectateurs comme le font les stars de la NBA et écrasé tous leurs adversaires au passage. En 8 matches, aucune sélection n’a résisté devant eux, à fortiori, réussi à les faire trembler. Les Aiglons du sélectionneur El Hadj Dicko, puisqu’il s’agit d’eux, viennent d’écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du basket-ball malien, en remportant, haut la main, la 21è édition de l’Afrobasket masculin U18.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 8 victoires en autant de sorties, 830 points marqués, contre 445 encaissés, avec en prime le titre meilleur joueur (MVP) du tournoi. Depuis plus d’une décennie, notre basket-ball de catégorie d’âge brille de mille feu sur le continent (le Mali est aujourd’hui le plus titré dans les compétitions de catégorie d’âge et le seul pays du continent qui a remporté tous les trophées mis en jeu dans la catégorie inférieure), mais jamais une sélection malienne n’a autant séduit par la qualité de son basket, sa créativité, ses individualités et, surtout son potentiel technique. Dès leur première sortie contre la Guinée, balayée 141-49, le capitaine Martin Diakité et ses coéquipiers ont marqué leur territoire et affiché leurs ambitions d’aller jusqu’au bout. Il était difficile, voire impossible d’arrêter ces Aiglons.
Non seulement les protégés du sélectionneur El Hadj Dicko étaient au dessus du lot sur le plan technique et dans la production du jeu, mais en plus, ils n’ont montré aucun signe de relâchement ou de fatigue pendant le tournoi. Le fait d’évoluer devant un public acquis à 98% à leur cause a sans doute fait du boom au cœur des mômes et mis la pression sur leurs adversaires. Mais, disons-le sans ambages, même hors de leur base, ces Aiglons seraient imbattables avec le basket qu’ils ont produit. En fait, les nouveaux champions d’Afrique sont le symbolique d’un basket-ball malien de catégorie d’âge qui règne en maître sur le reste du continent et qui peine, de plus en plus, à trouver un adversaire à sa mesure. Cela est d’autant plus vrai que ce sacre du capitaine Martin Diakité et de ses coéquipiers intervient deux semaines seulement après celui de la sélection nationale féminine, vainqueur du dernier Afrobasket U18, au Mozambique.
A l’instar des Aiglons, les Aiglonnes (surnom de la sélection nationale féminine junior, ndlr) ont également réalisé un parcours sans faute, en totalisant 6 victoires en autant de matches. Et comme les Aiglons, elles se sont adjugées, en plus du trophée de l’Afrobasket, le titre de meilleure joueuse de la compétition. Dans l’ensemble les sélections nationales féminines ont fait mieux que les sélections masculines, puisqu’elles ont remporté tous les trophées continentaux. Le premier trophée africain de l’histoire de notre basket-ball a été remporté en 1996 par la sélection nationale féminine U18 qui remettra ça quatre ans plus tard (2000). En 2005, le Djoliba Dames deviendra le premier club à offrir une couronne continentale au Mali dans la catégorie des séniors (victoire en coupe d’Afrique des clubs, ici à Bamako, face à Primeiro Agosto d’Angola). Dans la foulée de cette consécration des Djolibistes, la sélection nationale féminine sénior (Aigles Dames) fera vibrer tout un peuple, en se hissant sur le toit du continent, à Dakar, face…au Sénégal (2007). De 1996 à cette année, soit 22 ans, le Mali a remporté la bagatelle de 18 trophées, toutes compétitions confondues. La palme revient à la sélection nationale féminine U18 et ses 7 couronnes continentales, dont 3 victoires consécutives, un record dans l’histoire de la compétition.
Même s’il s’agit de compétitions de catégorie d’âge, notre pays a toutes les raisons d’être fier des résultats de son basket-ball qui est aujourd’hui envié par toute l’Afrique. Certes, les performances des sélections de catégorie d’âge tardent à impacter sur celles de l’élite, notamment les Aigles Messieurs, dont le palmarès reste toujours vierge. Mais après ce que les Aiglons, version El Hadj Dicko viennent de montrer, il y a fort à parier que cette tendance sera bientôt inverser. En tout cas, cette bande de copains a tout pour réussir et le destin qui doit la conduire vers le sommet de l’élite africaine semble désormais tracé. Aussi, la belle aventure des Aiglons doit, tout comme le parcours des sélections nationales féminines cadette et junior, servir d’exemple pour les générations futures et inciter les instances dirigeantes du basket-ball national (ministère des Sports, Fédération malienne de basket-ball, ligues…) à maintenir, voire renforcer le cap sur la formation à la base. En effet, si le basket-ball malien est aujourd’hui côté et rayonne sur le continent, c’est grâce à la politique des Conférences qui a été lancée en 2000 par l’ancien président de la Fédération malienne de basket-ball (FMBB), aujourd’hui président de FIBA-Afrique, Hamane Niang.
C’est lui qui a eu la bonne idée d’instaurer les Conférences qui consistent à organiser des compétitions de catégorie d’âge, chaque année et dans toutes les Régions. Non seulement cette initiative a permis de vulgariser la discipline au Mali, mais elle a surtout permis de détecter des centaines de jeunes talents à travers le pays. Aussi, avec les Conférences (conférence du Coton, conférence du Delta, conférence du Riz, conférence du Sahel, conférence du Séno, conférence des Rails), des centres et écoles de basket ont été créés partout, permettant à des milliers d’enfants de pratiquer le basket-ball. L’initiative de Hamane Niang, devenu plus tard, ministre de la Jeunesse et des Sports puis président de FIBA-Afrique, a donc payé et le basket-ball malien peut lui dire «Merci».
Souleymane B. TOUNKARA
L’Essor