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Au Mali, un célèbre imam lance un mouvement politique

L’influent imam malien Mahmoud Dicko a fondé, samedi 7 septembre, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (Cmas) dont les « idéaux » sont les « visions religieuses, sociétales et politiques » du célèbre guide religieux.

L’imam Dicko, guide religieux musulman malien, élu parmi les personnages les plus influents du continent en 2019 par le magazine Jeune Afrique et promoteur du courant wahhabite, a désormais un mouvement religieux et sociopolitique.

Samedi 7 septembre, il a, en effet, lancé au palais de la culture de Bamako devant près de 4 000 personnes, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (Cmas).

À cette occasion, il a sévèrement critiqué le pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta : « Mon problème, c’est ceux qui ont trahi le peuple malien, a-t-il expliqué devant ses soutiens. C’est à eux que je m’adresse. Mon combat, c’est d’abord contre eux ». Dénonçant la « corruption à ciel ouvert et endémique » et une « gouvernance catastrophique », l’imam s’est toutefois défendu d’avoir des ambitions politiques ou d’être un faiseur de roi. « Je ne suis ni faiseur de rois ni président, je veux faire la paix », a-t-il clamé.

La veille de cette rencontre de partisans de Dicko, vendredi 6 septembre, la Cour constitutionnelle avait publié un communiqué prévenant que « les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité et à l’ordre public » et qu’aucun « parti politique ne peut se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique », sous peine de sanctions.

Qui est l’imam Dicko ?

L’imam Dicko était, jusqu’en avril 2019, le président du Haut conseil islamique, la principale organisation islamique de ce pays très majoritairement musulman (95 %).

En 2012, il s’était engagé dans la médiation avec les djihadistes quand le nord du pays était tombé entre les mains de ceux-ci. S’il milite pour la réconciliation et condamne les agissements des djihadistes, il estime nécessaire de maintenir le dialogue avec eux pour assurer la paix.

En 2013, il a soutenu l’intervention militaire internationale lancée à l’initiative de la France dans le nord du Mali et assisté, aux côtés d’autres dignitaires religieux, en 2015, à la signature de l’accord de paix au Mali et en 2017 à la conférence d’entente nationale prévue par cet accord.

Avec un autre chef religieux musulman, le chérif de la localité de Nioro, Bouyé Haïdara, il a dénoncé l’incompétence de l’ancien premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga en mars, après le massacre de 160 civils à Ogossagou (centre). Deux semaines plus tard, ce dernier démissionnait, remplacé par Boubou Cissé, ancien ministre des Finances.

Lucie Sarr (avec AFP)
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