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Au Mali, le prochain président élu et la France doivent construire un nouveau plan antiterroriste

Des djihadistes conduisent des attaques quasi quotidiennement au Mali. Un enjeu majeur pour cette élection présidentielle dont le second tour est ce dimanche 12 août.

Alors que le Mali vit une élection présidentielle sous tension, avec l’opposition qui pointe déjà du doigt un premier tour électoral entaché de fraude, la situation sécuritaire du pays ne cesse de se dégrader. Il n’est pas un jour sans que la presse locale ne fasse état d’attaques dans le nord et le centre du pays, tantôt commises par les groupes djihadistes opérant dans la région, tantôt résultant de tensions ethniques encore très ancrées sur le territoire.

Une menace djihadiste grandissante

La menace terroriste en effet ne diminue pas, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), affilié à Al Qaïda, conduit des attaques quasi quotidiennement, contre les forces armées maliennes, mais aussi et surtout contre les forces étrangères présentes sur le sol malien.

Il y a quelques semaines, alors que le Président Emmanuel Macron se rendait à Nouakchott pour le sommet de l’Union Africaine, GSIM revendiquait deux attaques, l’une du 1e Juillet contre la force Barkhane à Bourem dans la région de Gao, blessant quatre soldats, l’autre du 29 juin, contre le quartier général de la force G5 Sahel à Sévaré, Mopti, faisant plusieurs victimes.

Ces deux attaques dénotent, au vu de leur modus operandi sophistiqué et leur proximité dans le temps, une capacité opérationnelle et stratégique en pleine croissance. Plus récemment, le jour même du scrutin, le groupe a attaqué un convoi de soldats maliens dans la région de Mopti alors qu’ils transportaient des urnes contenant des bulletins de vote, signifiant ainsi de manière explicite leur désapprobation face à un processus électoral déjà bien fragile sur le plan politique.

Plusieurs attaques signées groupe État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) ont récemment frappé la région de Mopti, au centre du pays, signalant une extension notable du théâtre opérationnel du groupe.

Une menace djihadiste multidimensionnelle

Par ailleurs, plusieurs attaques signées groupe État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) ont récemment frappé la région de Mopti, au centre du pays, signalant une extension notable du théâtre opérationnel du groupe, qui jusqu’à présent concentrait ses attaques au nord-est du pays, sur la frontière Mali-Niger.

Le groupe s’était auparavant illustré par l’attaque surprise contre les forces américaines à Tonga-Tonga, dans la région du Tillabéri au Niger, attirant au demeurant l’attention sur la présence de l’armée américaine dans la région, élément qui indiquait déjà combien la menace posée par le groupe est prise au sérieux par la première puissance militaire mondiale.

Des tensions ethniques qui persistent

Au centre, le pays est plus que jamais gangrené par des conflits interethniques. Les communautés Peuls et Dogons, entre autres, ne cessent de se déchirer. Les attaques des uns donnent lieu aux ripostes sanglantes des autres, nourrissant un cycle de violence sans fin. Les Peuls, accusés de coopération directe ou indirecte avec les groupes djihadistes opérant dans la région, accusent Bamako d’armer les milices Dogons.

Au vu du vide laissé par l’État central face à la situation explosive qui règne entre les communautés, une nouvelle milice d’autodéfense Peul a récemment vu le jour, l’Alliance pour le Salut du Sahel (ASS), avec pour but affirmé l’anéantissement des milices Dogons, aggravant davantage la situation sécuritaire.

La seule réponse militaire est insuffisante

Jusqu’à présent, la réponse apportée par les autorités est circonscrite au militaire, oubliant la dimension sociale et économique de la situation, élément pourtant clé de la résorption de la crise.

Les troupes des Forces Armées Maliennes (Fama) sont déployées dans le nord et centre du pays. À cela s’ajoutent les actions menées par la force française Barkhane et la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) dont le mandat vient d’être reconduit pour un an.

Plus récemment, l’initiative G5 Sahel impulsée par Emmanuel Macron s’inscrit dans la même stratégie du tout sécuritaire. Cinq pays – le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso – tentent, tant bien que mal, de mettre sur pied une nouvelle force régionale en vue de lutter contre les menaces terroriste et criminelle qui frappent la région. Outre les limites manifestes de la force G5 Sahel, notamment sur le plan financier, aggravées par l’absence remarquable de l’Algérie, acteur pourtant crucial de la région, elle ne répond que partiellement aux problèmes majeurs rencontrés dans le nord du Mali, notamment eu égard aux populations locales, actrices silencieuses mais décisives de l’endiguement de la menace djihadiste.

Il serait, en effet, souhaitable que le prochain président élu, mais également les pays partenaires du Mali, et en premier lieu la France, focalisent leur attention sur les populations locales et élaborent des plans de lutte anti-terroriste les prenant en compte.

La crise de 2012 qui s’était traduite, entre autres, par la prise de contrôle par les groupes djihadistes du Nord du pays, n’a fait que renforcer l’isolement de la région.
La majorité des Maliens habite le sud du Pays, avec seulement 10% de la population qui peuple le nord. Zone désertique, cette partie du pays est quasiment coupée du Sud et de la capitale Bamako, poumon économique du pays. Ses habitants s’y sentent isolés et abandonnés par un pouvoir central qui semble ignorer les besoins d’une population en souffrance.

La crise de 2012 qui s’était traduite, entre autres, par la prise de contrôle par les groupes djihadistes du Nord du pays, n’a fait que renforcer l’isolement de la région. L’intervention des forces étrangères, notamment de la France avec l’opération Serval, remplacée ensuite par la force Barkhane, si elle a permis d’endiguer l’avancée des djihadistes qui menaçaient directement Bamako, n’a pas été accompagnée d’un travail en profondeur centré sur les populations locales. Il en est résulté un climat de suspicion envers Bamako et ses partenaires, brèche dans laquelle les groupes djihadistes se sont aisément infiltrés, pourvoyant aux besoins des locaux là où l’État faillit.

Les défaillances de l’appareil judiciaire dans la région, par exemple, ont été comblées par des tribunaux islamiques, les écoles coraniques se multiplient. En découle entre autres, sinon une certaine tolérance vis-à-vis de ces groupes djihadistes, en tout cas une réticence à coopérer avec les forces armées régulières. Ce climat de défiance freine le travail des forces de sécurité, notamment le travail de renseignement et de récolte d’informations nécessaires à l’arrestation de leaders djihadistes ou bien même à la prévention de certaines attaques.

À ce stade, au vu des dépenses déjà engagées et des efforts fournis avec un résultat pour le moins mitigé, il serait salutaire et urgent que les têtes pensantes des administrations, en particulier à l’Élysée, tiennent enfin compte de la réalité du terrain et de la complexité de la situation pour bâtir un plan de règlement de crise pensé sur le long terme.

Par huffingtonpost.fr/

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