A l’issue d’une visite au Mali, le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, a souligné jeudi l’importance d’une action collective de la Mission des Nations Unies, la MINUSMA, et de l’ensemble de ses partenaires pour ramener la stabilité dans cet Etat du Sahel.
« Nous souhaiterions faire plus avec davantage de moyens », a déclaré M. Lacroix lors d’une conférence de presse organisée dans la capitale Bamako au dernier jour de sa visite au Mali. Il s’est également rendu dans le nord, à Gao et Tombouctou, et dans le centre du pays, à Mopti.
Il a rappelé aux journalistes que la MINUSMA dispose désormais d’un mandat pour le centre du Mali et d’un autre pour le nord du pays. Mais, « les moyens de la Mission sont toujours les mêmes. Les Etats Membres ne nous ont pas donné davantage de moyens », a déploré le Secrétaire général adjoint.
Malgré ces contraintes de moyens, les Nations Unies font « le maximum » pour réorganiser leur dispositif au Mali « afin d’être là où le besoin se fait le plus sentir » et d’optimiser les ressources.
Divergences au Conseil de sécurité sur la stratégie de la MINUSMA
Lors d’un débat du Conseil de sécurité consacré au Mali le 15 janvier dernier, plusieurs membres de l’instance onusienne ont divergé sur la stratégie de la MINUSMA. Soulignant le rôle crucial de la Mission de l’ONU au Mali, la France avait suggéré de la doter des ressources nécessaires pour qu’elle puisse remplir son mandat. Paris avait souligné que la MINUSMA est une composante essentielle du dispositif international au Mali et qu’elle remplit des fonctions qu’aucun autre acteur n’est en mesure d’assurer, qu’il s’agisse de la protection des civils, du soutien à la mise en œuvre de l’accord de paix ou encore de l’appui logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.
Face à l’instabilité croissante au Mali, les Etats-Unis avaient, de leur côté, suggéré que le Conseil de sécurité reconnaisse que la MINUSMA n’est pas forcément le meilleur moyen pour faire face au terrorisme dans la région. Washington avait proposé une évaluation claire de la Mission onusienne d’ici à juin, soulignant que cette dernière mette l’accent sur la protection des civils, avant de suggérer de réduire sa taille pour allouer les ressources ainsi dégagées à des initiatives plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme dans la région.
Selon M. Lacroix, les défis de la MINUSMA ne résident pas tellement sur la question de son mandat. « Nous avons un mandat suffisamment robuste pour aller contrer les acteurs terroristes lorsqu’il le faut », a souligné le Secrétaire général adjoint. « Je crois que ce qui est important est de continuer les efforts », a-t-il ajouté.
Il a regretté que la Mission onusienne au Mali ne soit perçue « de manière trop exclusive » qu’à travers sa composante militaire. « La MINUSMA c’est un ensemble d’actions avec des civils, des policiers, des militaires qui font beaucoup de travail politique, de réconciliation, de soutien aux efforts politiques au niveau national », a-t-il dit. Le Secrétaire général adjoint a également souligné les efforts déployés par l’opération onusienne au niveau local pour réconcilier les communautés et encourager le retour des services, de l’Etat, de la police et des services judiciaires. « Il faut que la justice puisse travailler, qu’il n’y ait pas d’impunité, c’est fondamental », a-t-il dit.
La MINUSMA fait le maximum pour s’adapter aux circonstances
Le chef des opérations de paix a souligné que les Nations Unies et la MINUSMA « font le maximum » pour s’adapter aux circonstances qui changent. « Nous avons en cours un plan d’ajustement ou d’adaptation de notre Force qui est au service de l’ensemble de la Mission et au service des Maliens, au service des autorités », a rappelé M. Lacroix qui a « personnellement dit » aux Etats membres qu’il faudrait un effort de leur part sur les ressources pour permettre aux Nations Unies de mener à bien ce plan d’adaptation.
Au terme de sa visite au Mali, le chef des opérations de paix de l’ONU a rappelé « l’exigence » de poursuivre et de renforcer la coopération avec les populations et les acteurs locaux, notamment de la société civile. « Ce n’est que de cette façon que nous réussirons un effort collectif avec les Maliens, leurs autorités, leurs représentants à tous les niveaux et bien sûr les partenaires qui travaillent à nos côtés que ce soit l’Union européenne ou encore le G5 Sahel », a-t-il dit.
Pour M. Lacroix, le G5 Sahel, qui regroupe le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, connait une « nouvelle dynamique » à la suite du Sommet de Pau, en France, du 13 janvier qui, selon lui, « a donné une impulsion et redéfinit les priorités stratégiques ». Le Secrétaire général adjoint a assuré que les Nations Unies et la MINUSMA soutiennent de « manière très concrète » le G5 Sahel. « Nous souhaiterions avoir un mandat pour faire plus mais le mandat que nous avons, nous voulons le mettre en œuvre pleinement », a-t-il souligné.
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