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Au Festival de Selingué : Il n’y avait pas que du show

Du 28 au 30 mars 2019, tous les projecteurs étaient lancés sur la huitième édition  du festival International de Selingué. La crise socio sécuritaireayant pour récents corolaires le massacre de nos militaires à Dioura, et le carnage d’Ogassagou à la veille, a créé le doute quant à la tenue du festival. Malgré le deuil national décrété par le gouvernement à la veille de la journée inaugurale, les organisateurs ont jugé nécessaire de maintenir le festival.

 

Récit de la huitième édition du festival international de Selingué par notre  envoyé spécial Boubacar Kanouté.

C’était un programme alléchant que le public de Selingué a eu droit pendant ce festival. Des prestations d’artistes de renommées nationales et internationales, des défilés de modes, des conférences débats sur des thèmes d’actualité, d’exposition d’œuvres d’art, des causeries débat, de l’animation des troupes folkloriques et marionnettes etc. bref, il n’y avait pas que du Show à Selingué !

Première journée : un début prometteur.

 Dans un de nos articles, nous vous annoncions que la journée inaugurale de la huitièmeédition du festival International de Selingué était annonciatrice d’un  bon signe. En effet, le 28 mars dernier à 21 h précise sur les berges du fleuve de Sangarani, le ton fut donné à la Huitième édition du Festival International de Selingué. Un concert géant s’y passait avec des artistes talentueux  qui ont émerveillé, jusqu’à 1h du matin,  le public venu en grand nombre. « Un record », disait l’administrateur général du Festival, M. Ibrahima Coulibaly dit I.C. au sortir de la soirée. Le public, toujours sur existé du spectacle que les artistes locaux, Van-Baxi, Ras Méla, Si-bémol Majeur et Faraturban ont livré, a été aussitôt invité à la discothèque, pour une soirée dansante jusqu’à l’aube.

L’après concert :

Apres leurs prestations sur scène, notre équipe de reportage a tendu le micro à certains artistes. La joie était immense. « Je suis à mon premier festival à Sélingué, et j’ai été très satisfait du spectacle. Le festival offre beaucoup d’opportunité d’affaires à la ville, et je souhaite qu’il soit continuel», nous livréle rappeur Van-Baxi.

2e journée, vaines polémiques

Le deuil national décrété lors  du conseil de ministre, la nuit du jeudi  28 au vendredi 29 mars dernier en hommage aux victimes d’Ogossagou, a soulevé beaucoup de polémiques autour de ce festival. Les uns clamaient  un report, et les autres, notamment les organisateurs, n’imaginaient pas cela. Tout était déjà fin prêt, disaient-t-ils. A cet égardun report seraitdonc synonyme de gâchis, vu les dépenses déjà  injectées dans l’organisation. Le matériel, l’enveloppe des artistes, le media, l’aménagement du site, la restauration, l’hébergement, bref, des millions déjà Consommés, selon les organisateurs, avant même le jour du festival. Devons-nous les incriminer après ces raisons avancées ? Ont-ils eu tort de ne pas prêter oreilles attentives aux bruits d’à côté concernant un éventuel report ? Notre pays traverse une période, certes, très critique de son histoire. Mais, avec une issue incertaine, devons-nous aussi priver les artistes, ces hommes de culture, qui n’ont d’autres moyens de subsistance  que l’événementiel ? Si le report devait en  être question, n’était-il  pas plutôt au gouvernement de rembourser auxorganisateurs, le montant déjà injecté dans l’organisation?

En conclusion, nous estimons, que le débat soulevé autour du festival à propos du deuil national, était une vaine polémique. Car les festivaliers ne sont, absolument en rien, responsables de l’embrasement du climat social actuel dans notre pays, et les accuser à ce point de vue-là, ce serait de déplacer le débat afin de trouver un bouc émissaire.  

Ainsi donc a été maintenue la huitième édition du festival international de Selingué. Et n’ayant pas reporté le festival pour cause de deuil national, les organisateurs, pourpartager la douleur des familles des victimes d’Ogossagou, ont décidé de faire porter le brassard noir à tous les festivaliers. C’est à cet effet que, conformément au programme préétabli, la conférence débat sur le thème de la consommation de la drogue  a été tenue, aux environs de 12H. L’administrateur général du Festival, M. Ibrahima Coulibali dit I.C et ses invités, ont largement édifié les jeunes, qui ont pris d’assaut la salle de conférence du site du festival, sur les effets néfastes de la consommation de l’alcool et des produits excitants.

A 21 h, c’était le retour du spectacle. Avec un  programme de la soirée alléchant, le public, venu très nombreux plus que la première journée, a eu droit à un spectacle gigantesque. Des artistes comme Sadio Sidibé, D.r Keb et  Abdoulaye Diabaté, ont émerveillé le public jusqu’à l’aube. Sortis sur scène, ils  se sont prêtés à notre micro pour nous livrer quelques impressions. « Ce festival est une très bonne chose. Je suis à ma deuxième édition à Selingué, et j’avoue que je suis énormément satisfaite du spectacle et du public. Je souhaite une longévité au festival international de selingué », a déclaré Sadio Sidibé. Même sentiment chez Abdoulaye Diabaté : «  Ce festival a été vraiment une grande réussite. Le public est sorti très nombreux, l’organisation a été impeccable et  le site est bien adéquat pour un tel évènement. Ca été vraiment à la hauteur d’un festival international » a laissé entendre, Abdoulaye Diabaté.    

3e journée : l’apothéose.

Le samedi 30 mars, c’était l’apothéose de la huitièmeédition du festival. Et pour joindre l’utile à l’agréable, les festivaliers ont été invités à une séancede plage à partir de 8h. Histoire de maintenir le rythme chaleureux du festival. Puis à 11h, comme la précédentejournée,  une conférence débat s’est tenue toujours dans le même site. A cet effet, Le thèmePaix et la cohésion sociale : Rôle des femmes et des jeunes, a réunie plusieurspersonnes dans la salle de conférence du village du festival autour du présidiumcomposé de l’administrateur général du festival, M. Ibrahima Coulibaly dit I.C et le  Pr LassinaSidibé. Selon les conférenciers du jour, la jeunesse et les femmes, qui constituent une grande majorité de la population, sont incontournables dans la résolutionde la crise dans notre société. A leur entendre, notre pays, composé de 23 ethnies linguistiques, ne peut connaitre un conflit intercommunautaire. Pour eux, leconflit intercommunautaire en cours dans notre pays, est une preuve de la perdition de nos valeurs sociétales, héritées depuis l’empire du MALI sous Soundjata Keita. A cet effet, les conférenciers, estiment que l’unique solution à la résolution de la  crise intercommunautaire actuelle, est de retournerà nos valeurs, à la charte de Kouroukanfouga plus précisément. En effet, à leur croire, la charte de Kourouganfouga, qui existe depuis le temps de l’empire du Mali, prévoit en son sein,  des  dispositions devant garantir la cohésion sociale. Il s’agit en effet, selon eux, du Sinangouya, ducousinage à plaisanteriele droit d’ainesse etc. Cela, pour eux, permettra de résoudre le conflit qui oppose actuellement  les communautés cousines.

Tour dans les stands

Juste après la conférence débat, notre équipe a fait un tour dans les stands ou des exposants sont venus un peu partout dans le pays et de l’extérieur pour faire fortunes. Et là, les avis sont divisés. En effet, pour certains exposants, le festival a été une grande réussite, les chiffres d’affaires sont satisfaisants. Quant à d’autres, on dénonce tout simplement le cadre organisationnel, qui a beaucoup affecté le marché. MalamineCoulibaly, exposant du liptonCaya, et moto TVS  venu de Bamako : « Je remercie le tout puissant d’avoir permis que ce festival se tienne dans la plus grande sérénité. Dieu merci, même si tout n’a pas été acheté,  le marché s’est bien passé dans l’ensemble ». Madou Sacko, exposant des habits et chaussures marocaines : «  Si le pays était en temps normal, cetthuitième édition allait être la meilleure. Il y’a eu du public, et le marché a été passable,  même si la conjoncture actuelle affecte un peu les affaires. Je suis à ma 8eédition, et je crois que le festival de cette année a beaucoup amélioré dans le domaine de la sécurité, et de l’organisation. Tous les passages étaient filtrés, et cela m’a beaucoup impressionné » a-t-il déclaré à notre micro. Pour Mme Gassamavendeuse de poulet, la 7e édition a drainé plus de client que la huitième édition. «  Peut-être que la crise socio sécuritaire a découragé beaucoup de personnes » justifie-t-elle. Quant  à M. Aliou Oumar,un exposant venu du Niger pour la première fois à Selingué, le festival s’est très bien passé. « Au début on a eu peur, mais pendant la deuxième et la dernière journée, nous avons eu beaucoup de clients et ça va grâce à Dieu.L’organisation était vraiment parfaite, mais je demande aux organisateurs d’accentuer la communication pour que les exposants de l’étranger aussi puissent venir » a-t-il dit. En plus de ces impressions, certains exposants interrogés ont évoqué des problèmes liés au prix des stands. Ces prixvarient entre 50.000 et 60.000 f, alors que le chiffre d’affaire n’avoisine pas cette somme. Ces personnes ont aussi ajouté le mauvais emplacement des stands qui ne sont pas exposés sur les passages des festivaliers. Elles ont toutes souhaité beaucoup de changement sur ces aspects pour la prochaine édition.

A 21h, le public s’était enfin invité sur les berges du fleuve pour vivre le dernier spectacle de la huitièmeédition du festival international de SelinguéSorti en grand nombre, le public de Selingué a occupé tous les espaces, et même une simple brèche pour le passage piéton, était quasi impossible. Le déplacement en valait vraiment la peine, car c’était le jour ou desstars de la musique malienne, africaine et internationale comme le groupe Calibre 27, Vieux Farka Touré, Cheikh Siriman Sissoko, S.B le rappeur Américain et SidikiDiabaté, devraient se produire. Tour à tour, chacun de ces artistes a livré un show qui dépasse l’imaginaire.

Ainsi, le prince du cora africain, Sidiki Diabaté, a été le dernier à se produire sur scène. Accompagné de son staff au grand complet, l’artiste, introduit par l’animateur vedette, Karou Kaba, s’est présenté face au  public aux environs de 1h du matin. En livependant plus de 2h, Dibateba-music a revisité toutes les chansons qui l’ont propulsé au-devant de la musique malienne et africaine. Et  c’est à l’aube, plus précisément aux environs de 4h du matin, que le dernier concert du festival de Selingué  a pris fin, pendant que de l’autre côté, la discothèque faisait son plein.

Ainsi se termine la huitième édition du Festival International de Selingué, à la grande satisfaction générale. Le public de Selingué a en effet eu droit à un spectacle de très haut niveau, surtout animé par un Karou Kaba au top de son niveau aidé dans sa tâche parune sonorisation de qualité internationale, de maestro sound de Boncana Maiga.  

Rendez-vous est donc pris  pour la 9e édition avec, en espérant, un peu plus de commodité, surtout que le site est déjà en sentier.      

Boubacar Kanouté

Figaro Mali

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