Les parties civiles dans l’affaire de l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvenal Habyarimana, le 6 avril 1994, se sont plaintes de la lenteur de la procédure en France et se sont dit préoccupées par la disparition d’un possible témoin, Patrick Karegeya, assassiné le 31 décembre 2013, dans un hôtel à Johannesburg. C’est sur les antennes de RFI que l’ancien chef des renseignements extérieurs du Rwanda, devenu opposant acharné au régime de Paul Kagamé, avait accusé le président rwandais d’être responsable de cet attentat, même si l’enquête française ne semble pas prendre aujourd’hui cette direction. Patrick Karegeya avait affirmé détenir des preuves. Que prétendait-il savoir exactement ?
Patrick Karegeya ne cachait pas qu’il n’était pas un témoin direct dans cette affaire. Il n’a même jamais été cité dans le dossier. L’ancien haut responsable rwandais disait être à Kampala au moment des faits. Mais avoir eu à trois reprises dans la soirée celui qui n’était pas encore président, Paul Kagamé, qui le tenait informé de l’avancée des opérations. Il prétendait avoir mis en garde le chef du FPR de la possibilité de massacres en cas de réussite de ce projet.
Pour le reste, il affirmait savoir tous les détails de cette opération, d’où les missiles sont partis, par qui ils ont été tirés. Quiconque pense qu’ils sont partis de Kanombe n’est pas sain d’esprit, avait-il déclaré… Et partout, c’est bien ce que semblent indiquer les expertises demandées par les juges français en charge du dossier.
Kanombe, une position tenue par les FAR (Forces armées rwandaises), et non pas sur la colline de Masaka qui indiquerait plutôt une implication de la rébellion du FPR (Front patriotique rwandais).
Quant aux preuves que Patrick Karegeya affirmait détenir, il expliquait qu’il s’agissait d’enregistrements – sans en préciser la nature – et qu’il était en contact avec des témoins directs qui n’avaient pas encore été entendus par la justice, mais vivaient cachés à l’étranger.
Pourquoi ne transmettait-il pas le tout aux juges français? « Parce que tout ce que fait votre juge se retrouve dans les médias, même les noms des témoins qui peuvent ainsi être retournés par Kigali ou assassinés », affirmait avant sa mort l’ancien chef des renseignements extérieurs du Rwanda.