En moins d’une semaine, le Centre de notre pays bascule dans la terreur. Les forces armées du Mali sont devenues plus que jamais une cible des terroristes, causant des morts et des blessés. Dans la capitale, Bamako, des voix se lèvent pour réclamer la tête du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, est interpelé sur ces cas de figure. Ici, le bon sens serait le meilleur guide. Il y a lieu de rassembler les Maliens autour du dispositif sécuritaire déjà en place. Ce qui pourrait changer la donne. Le contraire arrangera-t-il la situation, fragile dans le pays ?
Dans la Région de Mopti, des militaires en patrouille sont tombés dans une embuscade à Dialloubé, le mardi 12 mars. L’engin explosif improvisé (EEI) mis au passage de leur véhicule a fait 3 morts. Même scenario à Hombori causant 4 autres morts. Il y a eu aussi des blessés légers et graves. Selon des sources bien informées, ces attaques pourraient être l’œuvre des éléments de la Katiba d’Ançar Dine du Macina qui sont très fréquents dans la localité.
Le dimanche 17 mars dernier, aux environs de 05 heures du matin, le camp militaire de Dioura est pris d’assaut par des Hommes armés. Une quarantaine d’Hommes lourdement armés, selon des sources militaires, ont mené cette attaque contre un détaché de l’Armée régulière. Le bilan est lourd : 27 éléments des FAMA morts, une vingtaine de disparus, un nombre indéterminé de blessés, 8 véhicules brûlés dont des citernes et 8 autres véhicules équipés d’armes de guerre emportés par les assaillants, selon le communiqué du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie.
Proche de JNIM (Djama’a Nustrat Al Islam Wal Mouslimin), le Colonel Ba Ag Moussa Bamoussa Diarra, un ancien déserteur de l’armée malienne, est à l’origine de cette attaque meurtrière.
Intervenue pendant que le Gouvernement et les groupes armés signataires de l’Accord s’activent dans le cadre du DDR des ex-combattants, cette attaque menée par un déserteur de l’Armée malienne soulève des interrogations au sein de l’opinion publique qui émet un doute sur la sincérité des déserteurs décidés de regagner les rangs des FAMA.
Où sont-ils partis le reste ?
Selon un proche des mouvements signataires de l’Accord, le nombre des déserteurs est estimé à plus de 2000 éléments. Mais, ce sont seulement quelques 400 éléments qui se sont présentés pour leur réintégration dans les rangs des FAMA. «Où sont-ils partis les autres ? », s’interroge notre interlocuteur qui indique que la menace est toujours là.
Selon un Diplomate africain en poste à Bamako que nous avons rencontré lors d’un atelier, la situation du Mali pourrait être compliquée plus qu’elle est actuellement. A l’en croire, les gens se préoccupent plus sur les choses politiques que pour ce qui concerne la situation générale du pays. «Le Mali a besoin aujourd’hui de l’union de tous ses fils autour de lui. Il faut associer tout le monde sur le problème du pays en évitant de créer des frustrés», ajouta-t-il.
Face à ce problème sécuritaire du pays, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a invité le Chef de l’État à prendre urgemment les mesures qui s’imposent dans ce domaine.
La situation du pays hante les esprits de chaque citoyen. Pour certains, la démission du Chef du Gouvernement est une porte de sortie et une réponse aux attaques terroristes dans le Centre du pays. Mais, selon un observateur averti, la démission de l’actuel PM ne pourrait pas être une solution. Pour lui, le sacrifice d’un poste pour résoudre un problème, l’a toujours aggravé.
Mieux, conclura-t-il, vouloir résoudre un problème qui existe depuis 2012 et qui se trouve actuellement dans sa phase décisive en sacrifiant le PM, c’est prendre le risque de faire des mécontents. Un schéma désavantageux par rapport à la situation actuelle du pays qui souhaiterait une union sacrée des cœurs et des esprits autour de l’essentiel, le Mali.
Habi Sankoré
Source: Le Soft