Le camp Boubacar Sada Sy de Koulikoro a été ciblé par une attaque à la voiture piégée aux environs de 3h du matin le dimanche. Le communiqué du Gouverneur de Koulikoro fait état d’une première attaque du poste de Mafeya vers la sortie de Banamba dont il ne parle pas de bilan. Selon le même communiqué, ce seraient deux véhicules bourrés d’explosifs avec à bord un nombre indéterminé de passagers qui ont tenté de détruire le camp Boubacar Sada Sy de Koulikoro.
Selon les premières informations qui nous sont parvenues, un véhicule suspect avait été identifié par les soldats en faction qui n’ont pas hésité à lancer une sommation d’arrêt. Malgré leur instance, l’engin suspect et ses occupants refusent d’obtempérer. N’ayant plus d’autres choix, les éléments en faction auraient donc ouvert le feu. Ce qui a occasionné une assourdissante déflagration. Du coup, les soldats se rendent compte que l’engin qui a tenté de forcer le barrage à l’entrée du camp était piégé. Selon nos sources, suite à l’explosion, deux militaires seraient légèrement blessés. Quant au véhicule piégé et son ou ses occupants, ils seraient tous calcinés. Selon des témoignages cette attaque a eu lieu alors qu’un concert se déroulait près du lieu. Ce qui a probablement facilité cette tentative d’attaque. Plus tard une autre alerte à la bombe aurait été signalée dans la zone si bien que tout le secteur a aussitôt été quadrillé. Iyad Aghaly voudrait il donc venger la mort de son bras droit, le redoutable Djamel Okaha alias Abou Al Hammam ? Tout porte à le croire.
Cette attaque intervient pendant qu’une forte délégation du gouvernement français sejourne au Mali accompagnant le Premier ministre Edouard Fillipe. En effet, le jeudi 21 février, la ministre de la défense Française Florent Parly annonçait que Djamel Okacha, alias Yahya Abou Al-Hammam, « chef de l’émirat de Tombouctou », avait été tué au Mali par Barkhane, la force antiterroriste française déployée au Sahel. Il était émir adjoint de la Jama’at Nusra Al-Islam wa-l-Muslimin (JNIM, ou Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) qui regroupe plusieurs mouvements affiliés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Le communiqué du ministère des armées se félicite de cette « action spectaculaire qui concrétiserait des années de recherche ». Yahya Abou Al-Hammam, tué au nord de Tombouctou, était depuis quelques temps déjà l’une des deux cibles djihadistes « de haute valeur » recherchées par l’armée française au Sahel, au côté d’Iyad Ag-Ghali, le chef du JNIM.
A noter que même si l’attaque n’a visiblement pas fait de victimes majeures (deux soldats blessés légers) la symbolique parait très forte. Le camp cible de cette attaque est l’un des plus important de la sous régions qui abrite les écoles formations d’officiers supérieurs de haute valeur ainsi que le centre de formation de la composante militaire de l’Union Européenne : EUTM.
A travers donc cette tentative, AQMI démontre qu’elle a bel et bien des cellules dormantes dans les agglomérations proches du Palais de Bamako.
Un signal qui devrait réveiller les forces de défense et de sécurité. En clair, Iyad veut nous dire qu’il est capable frapper quand il veut, où il veut, surtout qu’il semble avoir séduit de nouveaux sympathisants à Bamako : ceux qui appellent à la fatwa contre l’exécutif.
Abdoulaye Niangaly
La Dépêche