Le 7 septembre 2023, notre pays a été endeuillé par une attaque terroriste faisant officiellement une cinquantaine de morts civils et militaires sur le bateau Tombouctou de la Comanaf, en partance pour Tombouctou. Quelques semaines après cet incident macabre, l’inspecteur général de police à la retraite, Yahaya Sangaré voit la signature de “Euro Gend For“ (Force européenne de gendarmerie), c’est-à-dire la France et non la CMA.
Selon l’inspecteur général de police à la retraite et docteur ingénieur en informatique, Yahaya Sangaré, Euro Gend Force, Force européenne de gendarmerie a vu le jour en 2004 à Noordwik, aux Pays Bas. Composée de 7 pays (France, Portugal, Pays-Bas, Roumanie, Pologne, Italie et Espagne), elle a été créée suite à l’échec de l’Union européenne de mettre en place une force armée européenne.
L’Europe s’est alors contentée de laisser les forces armées des Etats sous le contrôle politique et militaire de chaque Etat donc du Parlement de chaque Etat. C’est ainsi que la France a suggéré la création d’une force de police à statut militaire, placée sous le contrôle d’un comité interministériel (CIMIN).
Un traité signé en 2007 à Vincennes, en France, en son article 13 précise que “Euro Gend For se conforme à la législation du pays hôte”. Un autre traité indique qu’elle ne “peut agir que sur mandat d’une organisation internationale (ONU, Otan, UE ou UA), en concertation avec l’Etat tiers et l’Etat contributeur”.
“Euro Gend For (EGF) est capable d’intervenir dans tous les pays du monde normalement conformément audit traité. Dans le cas du Mali, s’il a été accordé une police de l’UE, les autorités ignoraient qu’il ne s’agit ni plus d’un moins que d’EGF. Celle-ci en a profité pour armer le MNLA. En réalité, EGF est capable d’intervenir dans n’importe quel Etat au mépris de la souveraineté du pays concerné”, a précisé le général Sangaré.
Les soldats d’EGF, contre tout principe, ont l’immunité et n’ont besoin de l’avis de personne pour intervenir dans un pays. Il faut noter-là, la confusion extrême de l’intervention parallèle d’EGF aux côtés des armées conventionnelles. Elle se substitue ainsi, dans une confusion terrible, à EUFOR ALTHEA (la seule mission européenne reconnue jusque-là). La vérité en est qu’EGF est une véritable force de déstabilisation de la France et de ses alliés. Précisément de la France, les autres Etats membres étant des moutons de Panurge, renchérit l’ex-général de police.
“Ce sont eux (militaires d’EGF) qui larguent des armements aux rebelles ;
Ce sont eux qui larguent des chars combats aux rebelles qu’ils ont encadrés ;
Ce sont eux qui arment et équipent en véhicules les rebelles de la CMA ;
Ce sont eux qui mettent à la disposition de ceux-ci, toutes les technicités opérationnelles nécessaires dont les longues files de 4×4 armées de lance-roquettes dans le désert”.
4 Français, 2 Algériens, 2 Américains, 1 Allemand pris vifs par les FAMa
C’est pourquoi, au cours de certaines attaques récentes dont celle sur le bateau Tombouctou à Gourma-Rharous, quatre militaires EGF français, deux Algériens, deux Américains et un allemand ont été pris vifs par les FAMa. Il y a d’autres qui ont été tués au combat, déguisés en Touareg, Peuhl et autres. Les forces d’EGF ne portent pas d’insigne d’identification.
Les attaques dites jihadistes comme celle contre le bateau Tombouctou, ne sont que celles organisées, orchestrées par EGF autrement dit sous la bannière de la France. Pour l’histoire, si la déstabilisation du Sahel est une conséquence de l’attaque de la Libye, celle du Mali provient essentiellement de la France, à travers son arrivée dans notre pays (sous le prétexte de l’attaque de Konna), de l’existence de la Minusma qui n’est autre qu’un instrument.
L’attaque de Konna, soit disant par une colonne de terroristes, n’est qu’une orchestration de la France pour s’installer durablement au Mali, prétendument qu’elle a été appelée.
Primo, la preuve de ce constat en est d’abord la reprise deux à trois fois de la lettre faisant appel à la France. Secundo, l’envoi par la même France de matériels de guerre du MNLA en Mauritanie pour être sécurisés. Tertio, l’ouverture d’un corridor à Iyad Ag Ghali pour regagner l’Algérie, sans la moindre frappe ou traque. Et quarto, le blocage de l’avancée des FAMa sur Kidal. “Faits que j’ai personnellement dénoncés depuis 2010, sans être jamais entendu ou compris”.
Par ailleurs, il y a une très grande quantité d’armements déposés au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Bénin, etc., qui malheureusement, se sont retrouvés sur notre sol. Le plus machiavélique étant qu’un des pays africains considérés être dans leur viseur (Mali, Burkina Faso ou Niger) ouvre la brèche afin d’ouvrir grande la porte aux éléments EGF, prêts à attaquer au mépris de la souveraineté des pays et des droits de l’Homme. Les deux ou trois cargos atterris au Niger sont remplis des forces EGF qui n’attendaient que l’occasion pour intervenir au Niger, sans considération de la vie du peuple nigérien et de ses dirigeants.
EGF est payée par la France, sur le budget du ministère des Armées. Ce qui est à l’origine, il y a quelques années, de la démission d’un général français. Celui-ci a dénoncé le financement de cette milice par l’armée française. Les Nations unies sont au courant de son existence. Mais la fausseté du monde étant celle qu’elle est, l’ONU ferme les yeux.
Si dans nos pays, cette force a pour mission de déstabiliser, il arrive des fois que cette milice soit utilisée pour le maintien d’ordre dans les pays fondateurs, pour briser une manifestation : cas des gilets jaunes en France. Lorsque les éléments EGF ont été vus, filmés sur le terrain des manifestations sans insigne, le pouvoir de Macron s’est défendu qu’ils soient de la gendarmerie. Ce que la gendarmerie française a vivement contesté.
“Je regrette que dans nos propres Etats, des intellectuels mus en experts en tout genre, continuent de parler de démocratie et de droits de l’Homme dans ces contextes-là. Il est certifié et connu qu’EGF a existé au Mali, en Afghanistan, au Niger, au Tchad, en Egypte, en Bosnie Herzégovine, etc., pour uniquement l’exécution de sales boulots, qui ne peuvent être acceptés par le Parlement européen”.
Le général à la retraite Yahaya Sangaré qualifie l’Accord d’Alger signé en 2015 à Bamako sous IBK, entre le gouvernement malien et les groupes rebelles dont la CMA, de “fourberie” qu’il faut vite oublier. Selon lui, “le Mali ne cèdera jamais une portion de son territoire”.
Le docteur ingénieur en information, bien imprégné des questions sécuritaires, ne perd pas pour autant espoir. “Le Mali s’en sortira, il faut le soutien et la confiance du peuple malien, aux autorités de la Transition. L’important étant les actions accomplies par ces mêmes autorités en faveur de la sécurisation du territoire national”, analyse-t-il.
Abdrahamane Dicko
Mali Tribune