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Attaque de Sévaré : Prévenir pour guérir

Misseni, Fakola, Nampala, Gourmas-Rharous, Sévaré, la liste des attaques Jehadistes  s’allonge de semaine en semaine sans qu’on ne note au niveau du gouvernement l’adoption d’une véritable politique préventive capable d’enrayer le phénomène.

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Tout se passe comme si on attend que les attaques surviennent pour intervenir après coup. Une attitude de passivité ou de résignation, se contentant de diffuser des communiqués de condamnation et de réprobation après chaque forfait.

Or, ailleurs, on assiste au-delà de la condamnation de l’attaque, à la mise en place d’une batterie de mesures préventives, plan Vigipirate en France, diverses interdictions au Tchad.

Le mal est déjà là, il faut le combattre par de la répression mais aussi et surtout par de la prévention.

En effet, pour éradiquer le péril Jihadiste et mettre un terme à la recrudescence des attaques il faudra que le gouvernement adopte une véritable politique préventive. Il faut pour cela réorganiser les services de renseignement afin de les adapter à la nouvelle menace. Ce réajustement nécessite non seulement la formation du personnel mais aussi une étude sérieuse du phénomène pour mieux intégrer les motivations et les profils des recrues ainsi que les modes opératoires.

A la suite de l’attentat de Sévaré, la hiérarchie militaire a elle-même mis l’accent sur le manque de moyens en matière de renseignement, ce qui est loin d’être inexact. Dans une guerre asymétrique comme c’est le cas en matière de Jihadisme, le renseignement joue un rôle déterminant. Mais il est évident que le seul  renseignement ne suffit pas pour arriver à bout du péril, il faut aussi de l’équipement adéquat et du professionnalisme. En observant les images des événements de Sévaré, on relève de nombreux impacts de balles sur les murs de l’hôtel byblos, ce qui dénote un pilonnage aveugle de l’édifice, preuve d’un certain amateurisme. On ne s’attaque pas de cette façon à un immeuble dans lequel sont retranchés des forcenés et leurs otages. En principe dans une prise d’otage on encercle les lieux et on boucle la zone jusqu’à l’assaut final sans un seul tir sauf à utiliser des grenades assourdissantes pour faire diversion.

Le bilan lourd au sein de nos forces de sécurité (quatre morts), reflète le manque de professionnalisme et de moyens adéquats de la première équipe qui est intervenue sur le site. Sur certaines images on voyait des militaires sans la moindre protection en position de tir face à l’hôtel, les exposant ainsi aux balles de l’ennemi.

Par contre les forces spéciales du GIGN on fait preuve d’efficacité et de savoir faire, d’où la nécessité d’élargir ce corps et de les stationner sur tous les points sensibles avec des moyens qu’il faut.

Au delà de la lutte armée ne serait-il pas possible de s’attaquer au terreau grâce auquel prospère l’idéologie Jihadiste ?

Il convient tout d’abord d’étudier et de comprendre pourquoi les Jihadistes séduisent les jeunes au point de les amener à prendre des armes contre leur propre patrie. Identifier les vecteurs par lesquels ils y arrivent et par lesquels ils agissent pour pouvoir les neutraliser.  Dans cette logique il serait nécessaire de renforcer la surveillance des mosquées et des écoles coraniques. Interdire la circulation à motos sur les axes routiers sur les pistes. Interdire la mendicité et le port du voile intégral etc.

Au Cameroun, au Nigéria et au Tchad il a été constaté que les élèves des écoles coraniques, les habitants des zones défavorisées ou les membres des familles démunies sont les plus sensibles au discours fondamentaliste. C’est parmi ces populations que les recrutements se font, les personnes laissées en rade du développement.

Un ancien ministre malien avait déclaré la semaine dernière au cours d’un forum que la mauvaise gouvernance expliquait en partie le déferlement du Jihadisme dans notre pays. Ce qui n’est pas totalement inexact, car si les discours fondamentalistes sont focalisés en principe sur l’interprétation rigoriste du coran, les conséquences de la mauvaise gouvernance sont aisément utilisées pour illustrer leur propos.

De ce point de vue, la lutte contre la mauvaise gouvernance, la corruption, le népotisme et l’injustice participe du combat contre le Jihadisme.

Maître Samba BA, Avocat à Paris et Bamako 

Source: Le Prétoire

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