Meeting du CDM à Bamako : Soutien massif à la transition, condamnation de l’Algérie et appel à la refondation radicale du système politique malien.
C’est dans une ambiance survoltée, au cœur du Centre International de Conférences de Bamako (CICB), que le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) a tenu un meeting d’envergure ce samedi. À travers cette mobilisation citoyenne d’ampleur, le collectif a réaffirmé son soutien indéfectible aux autorités de la transition, incarnées par le président Assimi Goïta, tout en formulant trois revendications majeures qui pourraient profondément influer sur la trajectoire politique du Mali.
1. Un rejet ferme de « l’ingérence algérienne » dans les affaires maliennes
Bamada.net-En ouverture des interventions, le CDM a dénoncé avec véhémence ce qu’il qualifie d’« acte hostile de l’État algérien », pointant du doigt l’attitude récente d’Alger face à la situation sécuritaire et politique du Mali. Cette sortie intervient dans un contexte diplomatique particulièrement tendu entre les deux pays voisins, exacerbée par des divergences sur la gestion de la crise au nord du Mali, et notamment la question du cessez-le-feu unilatéral annoncé par certains groupes armés soutenus, selon le CDM, par des puissances étrangères.
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Le collectif a accusé l’Algérie de vouloir « imposer une tutelle déguisée » au Mali sous couvert de médiation et d’initiatives régionales. Une accusation grave, applaudie par une salle pleine à craquer, manifestement acquise à la cause de la transition.
« Le Mali est un pays souverain. Nous n’acceptons plus aucune ingérence, d’où qu’elle vienne, surtout pas d’un pays qui prétend être notre frère tout en armant ceux qui nous combattent », a lancé l’un des orateurs, sous une salve d’applaudissements nourris.
2. Cinq années supplémentaires pour le président Assimi Goïta : « Asso, la continuité ! »
Le deuxième point phare du meeting a été sans aucun doute l’appel à la prolongation du mandat du président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, pour une durée de cinq ans, renouvelable. Selon le CDM, cette prolongation est nécessaire pour consolider les acquis de la refondation, poursuivre la sécurisation du territoire national et réformer durablement les institutions républicaines.
« Un État en reconstruction ne peut pas se permettre de changer de cap à mi-chemin. Nous avons besoin de stabilité, de continuité, et de fermeté. Assimi Goïta incarne cette vision », a martelé un autre intervenant.
Le slogan « Asso, la continuité ! » est devenu le cri de ralliement du jour. De nombreuses pancartes, t-shirts et banderoles affichaient ce mot d’ordre, révélant un soutien populaire orchestré et visiblement bien structuré.
Certains observateurs y verront une tentative de plébiscite, tandis que d’autres souligneront le besoin exprimé par une frange importante de la population de voir la transition aller jusqu’au bout de ses engagements, sans la pression de délais électoraux jugés artificiels ou précipités.
3. Dissolution des partis politiques : vers une rupture radicale avec le passé ?
Le troisième axe de la mobilisation a de quoi faire polémique. Le CDM a réclamé la dissolution pure et simple des partis politiques maliens, accusés de « perpétuer la division, la corruption et la soumission aux intérêts étrangers ». Pour le collectif, les partis seraient devenus les vecteurs d’une crise morale et institutionnelle profonde, totalement déconnectés des préoccupations réelles des citoyens.
« Les partis politiques ont échoué. Ils n’ont pas su bâtir une Nation. Ils ont trahi les aspirations du peuple malien pour leurs intérêts personnels. Il est temps de tourner la page », a déclaré un militant du CDM.
Cette position tranche nettement avec celle de nombreux partis politiques, qui, au contraire, demandent la convocation urgente d’une concertation nationale pour organiser des élections générales. Ces partis estiment que le respect du calendrier républicain est essentiel à la restauration de la légitimité démocratique.
L’appel du CDM à leur dissolution sonne donc comme un véritable coup de tonnerre dans le paysage politique national, ravivant un vieux débat sur l’utilité, la forme et la légitimité du multipartisme au Mali.
Un tournant politique et social ?
Ce meeting marque un nouveau tournant dans la dynamique politique nationale. Il révèle non seulement l’enracinement d’une certaine frange de la population dans le projet de transition, mais aussi une radicalisation des positions vis-à-vis de certains acteurs et partenaires traditionnels.
Il reste à voir comment les autorités de la transition recevront ces appels, et dans quelle mesure ils influenceront la suite du processus en cours. D’un côté, l’adhésion populaire aux discours du CDM semble réelle, de l’autre, les pressions internationales et internes pour un retour à l’ordre constitutionnel persistent.
Le Mali se trouve donc à la croisée des chemins. Entre continuité révolutionnaire et réinvention démocratique, le débat reste ouvert, passionné et, à bien des égards, structurant pour l’avenir.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net