Qu’il me soit d’abord permis une digression au début de cet éditorial Dans tous les cas, tout ce qui touche Assimi Goïta est affaire d’État de par sa fonction de Président de la Transition, Chef de l’État, peu importe que l’on ajoute qu’il est Général d’Armée, Président de la Transition, Chef d’État de la République, ce qui relève d’ailleurs d’un embêtement inutilement mesquin. Après cette phrase longue qui n’atteint pas celle d’un Marcel Proust, je dois avouer que j’ai le fort sentiment que j’ai été pris, tel un singe espiègle, la main dans le sac de mon dernier éditorial par mon père, Pr. Ali Nouhoum Diallo qui, je le sais, me garde une chaude affection, mais je suis inquiet puisque je dois maintenant aller le voir pour entendre son explication sur la peau de banane que m’a glissée mon frère et ami Dr. Allaye Bocoum en révélant sur sa page Facebook la visite de mon père chez ma mère, visite qui m’a intriguée certainement mais qui ne me pose pas de problème particulier. Que mon père n’insiste donc pas sur ce soupçon quand je viendrai devant son tribunal.
J’ai tellement peur que j’ai lu et relu le malencontreux éditorial pour préparer ma défense. A la septième lecture, tard dans la nuit, Morphée s’est emparé de mon corps bien malade et il m’a tellement bien serré dans ses bras ! Et I have a dream ! J’ai vu La Vieille, benjamine de la plus célèbre famille Goïta de notre époque, marchant devant, suivie par deux colosses pour prénoms Fousseini et Balla. Derrière eux, avançait, démarche de soldat spartiate, un général qui portait sur son uniforme : Assimi Goïta. Et, gaillardement mais avec un sourire de jour de mariage, lui emboîtaient le pas quatre officiers anciennement colonels que l’on a connus un certain 18 août 2020. Voilà que, à l’amorce d’un monticule, apparaît mon père Ali Nouhoum Diallo qui eut ces mots : « Bravo les enfants, je vous ai montré la voie et vous y êtes… Avancez ! » Puis, devant une maison, c’est feu le Colonel Assimi Dembélé qui fait l’accueil des marcheurs en disant : « Merci mes enfants. Quand j’ai été informé outre-tombe de votre démarche, j’ai jubilé. Je ne pouvais pas rater ce moment, je suis venu…Venez, Bah N’Daw vous attend… » J’ignore ce que signifie ce film, haute fiction ou réalité venant du ciel.
Les digressions amusent souvent, celle-ci a eu lieu durant le mois de ramadan, comme Pr. Ali et Dr. Choguel ont échangé durant le même mois. Je reste convaincu que Dieu nous parle sans arrêt, tout est message de sa part, même le simple éternuement qui paraît naturel. Ceci admis, le gouvernant et le citoyen lambda ont en partage l’État. Celui-ci doit donc être égal et égalitaire pour tous. Or, ce qui se passe ces derniers temps, c’est pain bénie par les immoraux et les indécents, mais c’est déception et amertume pour ceux qui n’ont que Dieu pour se plaindre. On voit les colères monter partout. Les désormais fameuses nouvelles taxations, n’en déplaisent aux impénitents profiteurs de situation, sont comme des arêtes dans la gorge de l’écrasante majorité des Maliens qui ne se privent pas de lancer des imprécations et diverses malédictions, il n’y a qu’à consulter les réseaux sociaux avec sincérité et honnêteté pour s’en rendre compte. Le rôle de l’État n’est pas d’attenter au crédit de l’État. On a l’impression que nos autorités, succombant à l’erreur de tout se permettre dès qu’elles ont les rênes de l’Etat, n’avaient pas mesuré l’ampleur des contingences de la gouvernance. Cela survient lorsqu’on prend le pouvoir sans avoir analysé au préalable le contexte socioéconomique et géopolitique et sans avoir réfléchi et élaboré un programme politique. Ce qu’on observe ressemble à du tâtonnement et de l’improvisation avec pour conséquence la désorientation, l’anxiété et la panique. Ajouté à cela la perte de confiance mutuelle, l’issue de cet imbroglio pourrait être fatale et donner lieu à un déshonneur, mais surtout une menace pour la nouvelle alliance A.E.S. Le scénario est inquiétant si le sommet ne se ressaisit pas et trouver un compromis entre les 05 acteurs historiques ; ce n’est pas là une insinuation malveillante. Les maillons de la chaîne sont devenus très fragiles et l’espoir du peuple s’est évaporé. La lune de miel qui a donné lieu à l’enthousiasme et l’exaltation s’est assombri sous le poids de l’impuissance manifeste à régler les attentes socioéconomiques. La tempête peut survenir à tout moment, déclenchée par une brindille d’étincelle. Les profiteurs de situation, à vrai dire les pêcheurs en eau trouble, doivent arrêter de se comporter en meutes sycophantes applaudissant les passages en force opérés de plus en plus par le gouvernement, par ruse et par mensonges au nom de l’Etat. À bon entendeur…
Amadou N’Fa Diallo
Source : journal Le National