Le 11 mai 2020, quand il accédait au perchoir de l’Assemblée nationale, porté par ses pairs tant de la majorité présidentielle que de l’opposition, l’Honorable Moussa Timbiné ne pouvait pas prévoir une évolution des évènements aussi tumultueuse. Rapidement devenu le symbole des crispations autour des élections législatives, le Président de l’Assemblée nationale est désormais confronté à des lendemains incertains. Si, dans son entourage, on assure qu’il est calme et serein face à la crise, le natif de Bandiagara s’active toutefois en amont pour une issue qui lui serait favorable.
Jeudi 18 juin 2020. En séance plénière, dans une atmosphère politique tendue, marquée par le nouveau rassemblement du M5 qui se prépare pour le jour suivant, les députés doivent adopter une résolution sur la situation politique et sécuritaire du pays. Mais pas que. Ils se penchent également sur les crispations autour de l’institution qu’ils incarnent.
« La solution la plus facile, en réalité, c’est la dissolution de l’Assemblée nationale, si on veut montrer que les députés acceptent ce qui se passe », clame Moussa Timbiné. « Entre collègues, il faut éviter de faire comme si certains étaient bien élus », poursuit-il, avant de mettre en garde ses pairs : « quand vous pensez que cela concerne X ou Y, dès qu’on ouvrira la porte cela va concerner tout le monde ».
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Il y a eu les deux médiations de la Cedeao, dont la dernière délégation a clos son séjour le dimanche 19 juillet dans la capitale malienne.
Parmi les propositions auxquelles adhère la majorité présidentielle, figure le réexamen de l’arrêt de la Cour constitutionnelle concernant le 2ème tour des législatives, et donc une éventuelle organisation de partielles dans certaines circonscriptions.
Droit dans ses bottes
« Moussa Timbiné est un républicain et un démocrate convaincu. Dans nos causeries, il ne m’a pas montré de signes d’opposition aux propositions de la CEDEAO », confie Aliou Badra Sidibé, un très proche du Président de l’Assemblée nationale, chargé des questions administratives et juridiques de la section de la Commune V du RPM. Selon lui, étant donné que Timbiné est indexé dans cette crise, il ne peut pas porter d’appréciation sur ces propositions, mais il observe et prend note.
Face à la crise, celui qui est aujourd’hui le dauphin constitutionnel du Président de la République reste serein, à en croire M. Sidibé. « Je sais personnellement qu’il gère la situation avec beaucoup de calme et de sérénité. Naturellement, c’est quelqu’un de très optimiste, qui ne panique pas, surtout », affirme-t-il.
« Le Président Timbiné vit sa vie ordinaire chaque jour. Il est chez lui, à la maison, avec sa famille, ses amis, ses proches politiques. Naturellement, quand il y a une telle situation dans le pays, il s’active aussi pour qu’il y ait de bonnes solutions, pour un retour de l’accalmie. C’est à cela qu’il s’attèle », ajoute-t-il.
Pour ce fidèle compagnon de l’ex leader estudiantin, sa victoire est sans ambages et, quoi qu’il arrive, il n’y aura certainement aucun changement dans les résultats au niveau de la Commune V, sauf cabale contre lui orchestrée par certains hommes politiques, « en fin de cycle et qui n’ont pas pu placer leurs pions où ils le voulaient ».
Tout à refaire ?
Officiellement, le RPM soutient Moussa Timbiné depuis son élection à la présidence de l’Assemblée nationale, même s’il n’était pas le premier choix du Bureau politique national. Mais le parti, qui se range derrière les propositions de sortie de crise de la Cedeao, accepte donc par la même occasion que le mandat de l’Honorable Timbiné soit remis en jeu.
Même si ce dernier parvenait à être réélu député, il ne deviendrait pas à nouveau de facto le président de l’Assemblée nationale. Il faudrait d’abord, dans un premier temps, qu’il fasse consensus au sein de son parti et qu’il obtienne par la suite le soutien de la majorité des députés.
« Ce n’est pas gagné. Malheureusement pour lui, il symbolise le personnage par lequel la crise est venue. C’est pour cela qu’il fait tout pour ne pas avoir à remettre son élection en jeu », glisse une source proche du parti des tisserands.
Germain Kenouvi
Source: journaldumali