Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Assemblée Nationale : « Je suis pour l’application de la suppléance en cas de décès d’un député…», martèle le député de Nara, Moussa Badiaga

Tombeur de Dioncounda Traoré dans la circonscription de Nara aux législatives de 2002,  l’honorable  Moussa  BADIAGA,  Secrétaire  administratif  du  Bureau  Politique  National  du  Rassemblement  pour le Mali et non moins membre du Parlement de la CEDEAO, revient  dans cette interview sur l’actualité sociopolitique du Mali et sur les missions sensibles de la  commission  loi de l’Assemblée nationale dont il est membre. Le Secrétaire général adjoint  de  la  section  RPM  de  Nara  pense  qu’organiser  des  élections  partielles  pour  suppléer  chaque  député  défunt  coûte  trop  cher. Il  jette  aussi un  pavé  dans  la  marre  du  gouvernement  quant à la nature juridique de l’Accord  pour la paix et la  réconciliation  signé entre  l’Etat  du Mali et les groupes armés.

 Honorable Moussa Badiaga depute assemblee nationaleL’Enquêteur : Comment se porte aujourd’hui  la population de Nara dont vous êtes l’élu ?

Honorable Moussa BADIAGA : Je suis effectivement un député élu dans le cercle de Nara. Le  cercle se porte bien. Sur le plan de la  campagne agricole, la pluie est bien répartie dans l’espace et  dans  le  temps  jusqu’à  la  date  d’aujourd’hui.  Cependant,  il  y  a  la  psychose  par  rapport  à  l’attaque  de la  ville  de Nara  par  des jihadistes, une  psychose réelle  au  niveau  des  villages  frontaliers  et au niveau  de certaines communes du cercle.  Je profite de l’occasion pour féliciter le chef du camp militaire de Nara et ses hommes pour  leur réponse appropriée aux assaillants jihadistes.

Le  cercle  de  Nara, avant  votre  élection,  souffrait  de  pénurie  d’eau.  Est ¬ce  qu’on  est  à  mesure de dire aujourd’hui que cette crise n’est plus qu’un triste souvenir ?

Honorable Moussa BADIAGA : Effectivement, cela est un triste souvenir grâce à l’engagement du président de la République et du gouvernement, à travers le ministre de l’Energie et de l’Eau. Le gouvernement a payé un  nouveau  moteur  qui  a  été remis  à la  Nara.  Aujourd’hui,  le  problème  d’eau  est réglé  à  Nara.  Cependant,  je  souhaite  que  les  gestionnaires  de  l’adduction  d’eau  pensent  à  réhabiliter  le  système d’adduction parce que la tuyauterie est vieillissante. Il faudra la refaire.

Le président de la République semble ne pas être satisfait du rendement de sa majorité face  à une opposition plus agressive et mieux organisée. Quels sont vos commentaires sur cette  critique de la majorité ?

Honorable Moussa BADIAGA : Je  pense  que  ce  n’est  pas  une  critique. Il  a relevé  le fait  que  la majorité  n’est  pas  audible  comparativement  à  l’opposition.  C’est  réel.  L’opposition  est  dans  son  rôle.  A  chaque  événement,  elle  arrive  à  dire  ce  qu’elle  pense  ou  à réagir. Quant  à la majorité,  nous  avons  effectivement  un déficit de  communication. Nous ne communiquons  pas  beaucoup  au niveau  de  la majorité, que  ce soit  au niveau  de la Convention  de la majorité  présidentielle  (CMP) ou  au niveau  des groupes  parlementaires.  Il y a des efforts à faire à ce niveau  pour satisfaire  et  accompagner utilement le président de la république.

Il y en a qui, au sein de la majorité, décrient ce que le Rassemblement pour le Mali (RPM)  fasse cavalier seul en tirant la couverture de la réussite du régime à soi. Qu’en dites vous  en tant  que  membre du  Bureau  politique  national du RPM ?

Honorable Moussa BADIAGA : Chacun jouit de sa liberté d’opinion au sein de la majorité. C’est une grande majorité de plus de 65 partis politiques dont le RPM est le socle. Le projet de société du RPM a servi de socle pour l’élaboration du programme du gouvernement. Le RPM est au centre de cette majorité. Et, au niveau de l’Assemblée nationale, il a le plus grand nombre de députés. Ce qui est aussi  une  réalité. Vous savez, dans tout grand ensemble, il y a des critiques, des non satisfaits… Le  RPM joue son rôle et ceux qui nous accompagnent doivent le faire utilement. Nous entendons  malheureusement  quelquefois  des  propos  du  genre   « on  n’a  pas  eu  de  place »,  « on n’a pas été promu », « le RPM ramène tout à lui seul »…Mais tout le monde voit  si le RPM ramène tout  à lui. Non,  du tout ! Mais, les  gens  pensent  qu’il faut  être  promus,  avoir  un  poste  par-ci par-là…  Sinon,  le  RPM  joue  pleinement  son  rôle  et  prend  essentiellement  en charge  les dépenses imputables à la majorité pour le fonctionnement de la  majorité.

Eu égard justement à toutes ces considérations, pensez vous aujourd’hui, qu’il soit  possible  de  mettre  sur  pied  des  grands  ensembles  politiques  constitués  des  partis  membres  des  différents pôles  existants ?

Honorable Moussa BADIAGA : Il  est  essentiel  de  mettre  en  place  de  grands ensembles  et  c’est  la  vision  du  président  de  la  République, Ibrahim Boubacar  Kéita.  Avant  qu’il  ne soit  élu,  étant  président  du RPM. Il  a  toujours souhaité  qu’il  y  ait  un  grand  ensemble, surtout  de  Gauche  au  Mali.  Il  a  toujours  œuvré dans ce sens.  Je pense que  des grands ensembles  valent mieux que des  émiettements de  partis politiques. Aujourd’hui, nous sommes près de 170 partis politiques. Mais est-ce que  le   Mali  a  besoin  de  tout  ceci ?  Avec  la  constitution  de  deux  grands  ensembles  politiques  (la Gauche et la Droite) et en ce moment, les propositions seront constructives et la démocratie  gagnerait.

Vous  êtes membre du BPN¬RPM, si  vous devriez  être dans un grand  ensemble  politique,  avec quels partis politiques êtes vous  disposés à composer ?  Qui pour  rejoindre qui ?

Honorable Moussa BADIAGA : Il y a déjà un noyau qui se forme  autour du  Rassemblement  pour le Mali : l’Adema, la CDS, le CNID….Le Parena était  un moment partant,  de même que le parti de  Soumana  Sako,  la Cnas-Faso Hère.  Il  y  a  aussi  d’autres  partis  qui se  réclament  de la  Gauche  et  de  l’Internationale  socialiste.

Vous  êtes membre  de la Commission Loi  de l’Assemblée nationale. Beaucoup  de lois  ou  projets de loi, dont celle relative à la parité, sont bloquées sur la table du parlement.  Que feriez-vous pour que ces lois soient le plus tôt adoptées ?

Honorable Moussa BADIAGA : Permettez-moi de préciser ici qu’il ne s’agit pas d’une loi sur la parité,  il s’agit plutôt d’une loi instituant des mesures visant à favoriser la promotion des femmes  aux postes  électifs  et  nominatifs.  Et, cette loi est en souffrance. Mais comme vous le savez, le Mali a son passé.  Cette  loi  fait  face  aujourd’hui  à  des  problèmes  dus  aux  pesanteurs  sociales.  Ensuite,  les  députés ont remarqué que cette loi n’a pas eu le portage administratif et politique nécessaire  avant  d’être déposée sur la table de    l’Assemblée  nationale. Or, chaque député a un ensemble social, un environnement autour de lui, de sa circonscription jusqu’à l’Assemblée nationale.

Les pesanteurs sociales,  le poids de nos  coutumes et traditions voire la religion,  qui s’immiscent  dans la politique, sont des facteurs qui  bloquent l’adoption de ce projet de loi. Aussi, comprenons que le Mali  est  un pays  post-conflit.

Il est  à noter que la commission travail, emploi et  promotion de  la femme est entrain de fournir des efforts.  Elle a rédigé un premier rapport d’écoutes,  puis un second  rapport d’écoutes et à la  prochaine session, on doit pouvoir adopter cette loi. Adopter  cette  loi  c’est  aussi répondre  à  une  des  aspirations  du  président  de la République,  Ibrahim Boubacar Kéita, qui  a toujours  été  constant  en matière de promotion de la femme.

Pour rappel, lors de la mandature 1997-2002, alors qu’il était Premier ministre et président de  l’Adema,  les 22 sur  25 femmes élues à l’Assemblée nationale  étaient de l’Adema.  Entre 2002-2007,  cette  fois-ci,  président  du  parti  RPM,  11  des  15  femmes  élues  à  l’Assemblée  nationale,  étaient du Rassemblement pour le Mali. Et aujourd’hui, l’actuel mandat, sur les 13 femmes  députées, les 11 sont du Rassemblement pour le Mali.

Pour information, dans les statuts du RPM,  à l’article 68, il est bien stipulé « A l’occasion des instances de renouvellement des organes et de désignations des candidats du Parti aux élections  générales, le Bureau Politique National fixe un quota garantissant une bonne représentation  des femmes et des jeunes. Cette disposition s’applique également lors de la désignation des cadres du Parti aux fonctions politiques et administratives. » .

Je peux dire qu’Ibrahim Boubacar KEITA est constant en la matière et,  faire passer  cette  loi à  l’Assemblée  nationale,  va lui mettre du baume au cœur.  Le président  de la République attend  beaucoup  du groupe  parlementaire  qu’il a déjà rencontré à cet effet et, Inch’Allah,  en  octobre  prochain,  nous ferons  tout pour faire  passer cette loi.

L’Accord pour la paix a été signé entre le gouvernement du Mali et les groupes armés et  d’autodéfense.  Sa  nature  ne  nécessiterait- elle  pas  une  révision  de  la  Constitution  du  Mali ?

Honorable Moussa BADIAGA : Effectivement, Moi même, j’ai des problèmes par rapport  à la  nature  juridique de l’accord.  Est-ce qu’il faut amener cet accord au niveau de l’Assemblée nationale pour le ratifier ? Faut-il, à partir de cet accord,  prendre des lois et des règlements… Je souhaiterais  que  le  gouvernement  puisse  amener  cet  accord  à  l’Assemblée  nationale  pour  ratification  et  pour  donner  son quitus  en vue de  son  application. Cela va en effet résoudre la question relative à sa  nature juridique.

Est-ce à dire que vous émettez des doutes sur sa qualité et son applicabilité ?

Honorable Moussa BADIAGA : Les juristes vont l’analyser.  Mais moi,  je pense que  l’accord devrait  passer  par  l’Assemblée  nationale.

La question du remplacement des députés dont la vacance des pouvoirs est constatée se  pose avec acuité. Au niveau de la Commission loi, quelle alternative proposez-vous aux  élections partielles ?

Honorable Moussa BADIAGA : Le problème de suppléance se pose effectivement.  Les partielles  coûtent  cher  à l’Etat malien.  A chaque décès d’un député,  ce sont  des millions  qu’on investit  pour le remplacer.

Je suis de ceux qui sont d’accord pour l’application de la suppléance au niveau de l’Assemblée  nationale.

D’ailleurs,  je suis  en train de rassembler  un certain nombre de documents  pour  faire  une  proposition  de  loi  en  ce sens.

Je suis  également  en  train  de  contacter mes  camarades  Députés pour qu’on  puisse instituer la  suppléance au niveau de l’Assemblée nationale et ainsi,  éviter des  dépenses à  l’Etat  malien.

Et le mot de la fin…

Honorable Moussa BADIAGA : Un  appel  à l’endroit de tous les Maliens.  Il faut que  chaque Malienne  et chaque Malien sache que  nous venons de très loin et que  l’héritage était  lourd  lorsque le  président   Ibrahim Boubacar  KEITA Kéita  prenait  le  pouvoir.

Il n’y avait pas d’Etat.  Aujourd’hui,  grâce  à son  engagement,  à celui  de la  classe politique et  des partenaires techniques et financiers,  de tous les amis du Mali…le  pays est  en  train de  sortir  de la crise. L’appel : c’est d’être solidaire,  vigilant et engagé pour  que le  processus  de paix puisse  aboutir  et que le Mali se  réconcilie avec lui-même ;  pour qu’on  puisse amorcer  le développement  du Mali.

Propos recueillis par Amadou Salif Guindo

source : L’Enquêteur

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance