Les énormes défis auxquels le Mali fait face aujourd’hui ne doivent plus laisser place à la complaisance quant au choix du président de l’Assemblée Nationale. Des noms circulent déjà pour le perchoir. Entre forces et faiblesses des uns et des autres des prétendants du RPM, la carte peut se jouer avec l’ADEMA ou l’UM-RDA, l’opposition exclue d’avance pour des questions successorales, en cas d’empêchement du Président de la République.
« A défaut de ce que l’on cherche, on se contente de ce qu’on a ». Cet adage cadre parfaitement avec la situation qui prévaut par la force sur le choix du futur président de l’Assemblée nationale du Mali. Une Assemblée nationale du Mali amorphe, aux élus abonnés aux absents ; un président presque « léthargique » sans réelle maîtrise des missions parlementaires. Ce sont là quelques caractéristiques de l’Assemblée nationale sortante présidée par l’honorable Issiaka Sidibé, réélu le 19 avril dernier, mais part boiteux pour le perchoir.
Alors que le Cour constitutionnelle n’a pas encore proclamé les résultats définitifs du second des législatives du 19 avril dernier, les résultats provisoires donnent le Rassemblement Pour le Mali (RPM) largement en tête avec 43 députés, devant l’ADEMA-PASJ : 23 députés, et l’URD : 19. La course à la présidence de l’Assemblée Nationale occupe les débats. Parmi la dizaine de prétendants régulièrement cités, des noms comme Me Baber Gano, les députés Mamadou Diarrassouba et Karim Kéita dit Katio reviennent régulièrement. Dans les médias, la campagne bat son plein. Chaque organe se positionne.
Ce mardi 28 avril 2020, l’honorable Karim Kéita brillamment réélu en commune II de Bamako, a mis fin aux supputations le prédestinant à cette course de la présidence de l’hémicycle. « Je suis pas candidat pour le perchoir », a-t-il annoncé sur sa page Facebook. Les trois prétendants officieux du RPM ont-ils les atouts nécessaires pour occuper le fauteuil? Tout porte à croire, mais… !
Des prétendants RPM : pas ou peu à la hauteur des attentes
La piste du président sortant, l’honorable Issiaka Sidibé, semble s’écarter. Même si jusqu’ici l’intéressé même ne s’est pas encore prononcé, beaucoup de Maliens, surtout les milieux intellectuels et politiques ne veulent plus de Isaac au perchoir. Il a fallu le secours de l’URD avant qu’il soit réélu, ce qui sous-tend sa perte de légitimité.
L’honorable Diarrassouba ?
Premier questeur de la cinquième législature, la mandature sortante, l’honorable Mamadou Diarrassouba brille par sa capacité de mobilisation aux idéaux du parti présidentiel. Il est le seul à pouvoir conduire une liste propre de cinq cadres du parti au pouvoir (RPM) aux élections législatives 2020. Une liste qui sera élue. Ces acquis sont salutaires. Certes. Mais, suffisent-ils pour faire de l’élu de Diolila un président ‘’idéal’’ de l’Assemblée nationale ?
« Non. Sauf pour des raisons politiques, puisqu’il s’agit de la politique », répond un de ses camarades du parti. Ce dernier soutient mordicus que ‘’la dimension d’une telle institution dépasse la capacité de l’honorable ».
Quid de Me Baber ?
Au sein du parti présidentiel, Me Baber Gano fait partie des rares cadres à même d’occuper le perchoir. Avocat de profession, celui qui a été lauréat du prix de l’éloquence du barreau de Paris en 1997, occupe e fauteuil de ministre de l’Intégration Africaine. Me Baber Gano puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un avocat dont le talent de persuasion dans les prétoires est reconnu par tous. Brillant orateur, il a su s’imposer dans le « monde des avocats » par son sérieux, sa rigueur, son engagement pour les bonnes causes, notamment celles des faibles et ses capacités d’analyse.
Il a une riche expérience de plus de 23 ans dans la profession d’avocat, notamment dans les spécialités de procédures civile, pénale et commerciale, du contentieux administratif, du contentieux électoral et dans le droit des affaires. Il est le conseil de nombre de sociétés et entreprises maliennes dont il défend juridiquement les intérêts.
Il était également le superviseur et directeur régional de la campagne présidentielle de 2013, dans la région de Mopti. Homme affable, il laisse transparaitre une sérénité à toute épreuve. L’avocat parle le sonraï, le peulh et le bambara, le français et passablement l’anglais. Son crédo, c’est d’œuvrer à la consolidation de la paix et de la concorde nationale, à travers la réalisation du projet de société du chef de l’Etat. »
Des atouts qui font d’office de lui le candidat idéal pour le perchoir. Certes. Saut que le Secrétaire général du RPM, Me Baber Gano, est confronté à une accusation de corruption dans un contrat d’assistance judiciaire avec l’Office du Niger depuis 2015.
Des figures potentielles en dehors du RPM
En dehors du RPM, de députés issus d’autres formations peuvent occuper valablement le perchoir. Parmi ceux-ci, Assarid Ag Imbarcawane de l’ADMA-PASJ et l’honorable Haidara Aichata Cissé dite Chato.
Ancien député émérite, pétri d’expériences pour voir été élu 20 ans d’affilé, avec des responsabilités dans le bureau de l’Assemblée nationale, Assarid Ag Imbarcawane a signé son retour à Bagadadji. Notre confrère « 22 Septembre » avait dit de lui : « Engagé et déterminé pour la cause du Mali dans les instances parlementaires africaines et internationales, Assarid Ag Imbarcawane était le Monsieur ACP-UE de l’Assemblée nationale. C’est là où des lobbies se manifestent pour condamner notre pays dans la gestion des minorités. Par sa clairvoyance et ses multiples soutiens à Bruxelles, Assarid avait déjoué beaucoup de complots contre notre pays, comme le professeur Aly Nouhoum Diallo l’avait fait, lors de l’irrédentisme rébellion Arabo-Touareg des années (1990-1995), “en ébranlant la certitude des européens”. C’était à Bruxelles.
Assarid est un politique qui a travaillé avec Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, IBK à l’Assemblée nationale. Idem avec Pr Dioncounda Traoré à l’hémicycle, à la présidence de l’Adema et à son cabinet actuel.
Un homme loyal, un patriote qui a toujours œuvré pour l’intérêt du Mali, Assarid maitrise parfaitement les textes fondamentaux de la République (Constitution, Loi électorale, Charte des partis politiques, Code des collectivités, Règlement intérieur de l’Assemblée nationale…). En un mot, c’est un vrai procédurier. Il aime le travail parlementaire, il sait le faire avec le jeu politique qui sied, selon les circonstances. C’est un mastodonte en politique, une bête politique pour certains, une intelligence politique pour d’autres ».
Ce Touareg « bon teint et malien jusqu’à la moelle des os », peut-il bénéficier de la confiance des Maliens, vu l’accointance qu’on prête à son ethnie avec le ex-rebelle ?
Et l’honorable Haidara Aichata CISSE dite Chato ?
Une véritable amazone. La native de Bourem est une personnalité de dimension internationale. Dans un Mali en crise politico-sécuritaire, elle demeure cette combattante qui a défendu le Mali à toutes les tribunes africaines et européennes. (Voir Rubrique : SANS DETOUR sur le site).
Dans les rangs de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, Moussa Mara du Yelema et Alou Boubacar Diallo de l’ADEP-Mali sont annoncés pour le perchoir.
L’enjeu du perchoir
Il est presque impossible de confier la présidence de l’Assemblé nationale à l’opposition, au regard de l’enjeu successoral. Selon le Loi fondamentale malienne, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assume l’intérim en cas d’empêchement du Président de la République d’exercer ses pouvoirs.
Eu égard à la nécessité de redorer le blason de l’institution parlementaire quasi inexistante aux sept dernières années, le futur président de la place de la République doit être une personnalité de dimension internationale, pétrie d’expériences, d’éloquence, capacité de faire face aux défis actuels. La complaisance n’a plus sa place, pour de vrais débats à Bagadadji.
Issa TANGARA
Source: Icimali