C’est un Secrétaire général debout visiblement très ému par une très longue ovation pour sa « contribution exceptionnelle aux travaux de l’ONU » qui a passé, le lundi dernier, le relais à son successeur. M. António Guterres a sonné l’heure pour l’ONU « de reconnaître ses lacunes et de changer ses méthodes de travail », appelant à une Organisation « agile, efficace et privilégiant le résultat plutôt que la procédure, l’être humain plutôt que la bureaucratie ».
La main droite levée et la gauche posée sur la Charte des Nations unies, le nouveau Secrétaire général a déclamé : « Moi, António Guterres, je jure solennellement d’exercer en toute loyauté, discrétion et conscience les fonctions qui me sont confiées en tant que Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, de m’acquitter de ces fonctions et de régler ma conduite en ayant exclusivement en vue les intérêts des Nations Unies et de ne solliciter ni accepter d’instructions, au regard de l’exercice de mes fonctions, d’aucun gouvernement ou autre autorité extérieure à l’Organisation ».
M. Guterres, qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2017, a prêté serment devant le Président de l’Assemblée générale flanqué d’une haie d’honneur constituée du Président et du Premier ministre du Portugal, des 15 membres du Conseil de sécurité et des Présidents du Conseil économique et social (ECOSOC), du Conseil de tutelle, de la Cour internationale de Justice et des six grandes commissions de l’Assemblée.
Le neuvième Secrétaire général de l’ONU a ensuite, dans un geste aussi chaleureux qu’historique, donné une longue accolade à son prédécesseur, ajoutant à la portée symbolique de leur passage de flambeau une dimension humaine.
Pour les cinq prochaines années de son mandat, il a promis de mettre le développement au centre des travaux de l’ONU. Avant d’assurer que l’Organisation pouvait changer pour répondre de manière efficace aux multiples défis auxquels la communauté internationale est confrontée.
Ancien Premier ministre portugais et ancien Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Guterres estime que l’organisme onusien est bien placé pour aider à surmonter les défis mondiaux et renforcer le lien entre la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme.
Au cours de cette cérémonie de prestation de serment, les 193 États membres de l’ONU ont également rendu hommage au travail effectué par l’actuel Secrétaire général Ban Ki-moon, au cours de ses dix ans à la tête de l’Organisation.
L’Assemblée générale a adopté, par acclamation, une résolution rendant un « vibrant hommage » à Ban Ki-moon pour « sa contribution exceptionnelle aux travaux de l’Organisation et ses réalisations remarquables en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie des populations et la préservation de notre planète pour les générations futures, ainsi que la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous en vue d’un monde plus sûr ».
Les États membres des Nations Unies ont également exprimé leur « profonde gratitude au Secrétaire général, Ban Ki-moon, pour les réformes qu’il a entreprises et les nombreuses propositions qu’il a formulées afin de permettre à l’Organisation de mieux faire face aux défis majeurs de notre temps, dans les domaines de la paix et de la sécurité, du développement durable et des droits de l’homme ».
« Au cours des dix dernières années, le Secrétaire général Ban Ki-moon a dirigé l’ONU en se montrant inébranlable sur les principes, en affichant un professionnalisme dévoué et en travaillant sans relâche pour l’humanité », a déclaré le Président de l’Assemblée générale, Peter Thomson, lors de cette cérémonie.
M. Thomson a cité en particulier trois accomplissements de Ban Ki-moon : ses efforts inlassables sur la question du changement climatique, qui ont abouti à l’adoption et à l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris ; sa vision et sa détermination à réaliser un monde plus juste, plus prospère et plus sûr grâce à l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ; et son soutien à l’égalité des sexes, notamment avec la création de l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, appelée ONU-Femmes.
Cette cérémonie a eu lieu juste avant la prestation de serment du prochain Secrétaire général de l’Organisation, Antonio Guterres, qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2017.
António Guterres a été nommé Secrétaire général par acclamation par l’Assemblée générale des Nations Unies le 13 octobre, après que le Conseil de sécurité ait recommandé de le nommer à ce poste.
La sélection de M. Guterres a eu lieu à l’issue d’un processus historique au cours duquel, pour la première fois, les États membres ont eu des rencontres informelles avec tous les candidats au poste de Secrétaire général, dont sept femmes.
Le Président de l’Assemblée générale, Peter Thomson, a estimé que ces dialogues ont montré la volonté des États membres d’avoir un Secrétaire général indépendant et courageux pour relever les défis actuels dans le monde.
« L’ONU doit être souple et efficace. Elle doit se concentrer davantage sur les résultats et moins sur les procédures, davantage sur les gens et moins sur la bureaucratie », a déclaré M. Guterres après avoir prêté serment.
« Les Nations Unies sont nées de la guerre. Aujourd’hui, nous devons être ici pour la paix », a-t-il ajouté, soulignant que la priorité de l’Organisation est de s’attaquer aux causes profondes des défis qui se posent dans les domaines qui forment les trois piliers de l’ONU : la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme.
Premier ministre portugais de 1995 à 2002 et Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de 2005 à 2015, M. Guterres a été nommé Secrétaire général par acclamation par l’Assemblée générale des Nations Unies le 13 octobre, après que le Conseil de sécurité ait recommandé de le nommer à ce poste.
La sélection de M. Guterres a eu lieu à l’issue d’un processus historique au cours duquel, pour la première fois, les États membres ont eu des rencontres informelles avec tous les candidats au poste de Secrétaire général, dont sept femmes.
António Guterres, Secrétaire général désigné des Nations unies (à droite) avec le Secrétaire général Ban Ki-moon, après avoir prêté serment pour un mandat de cinq ans à compter du 1er janvier 2017.
Dans son discours, M. Guterres a mis l’accent sur trois priorités stratégiques pour l’Organisation : œuvrer pour la paix ; soutenir le développement durable ; et réformer sa gestion interne.
Notant que, souvent, l’ONU est chargée du maintien de la paix dans des endroits où il n’y a pas de paix à maintenir, il a estimé qu’il fallait une plus grande clarté conceptuelle et une compréhension commune de la portée du maintien de la paix pour ouvrir la voie à des réformes urgentes.
M. Guterres a également souligné la nécessité de faire davantage pour prévenir et intervenir face à la violence et à l’exploitation sexuelles commises par ceux qui servent sous le drapeau de l’ONU contre les personnes qu’ils sont censés protéger.
S’agissant du deuxième élément clé du programme de réformes, concernant l’appui des Nations Unies aux États membres dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), le futur Secrétaire général a déclaré qu’il engagerait une réforme globale du système de développement des Nations Unies, tant au siège de l’Organisation qu’au niveau des pays.
En ce qui concerne les réformes en matière de gestion, M. Guterres a souligné la nécessité de s’appuyer sur les efforts existants et de mettre en œuvre les récentes initiatives en matière de réforme.
« Si l’on regarde les règlements concernant le personnel et le budget des Nations Unies, on pourrait penser que certains d’entre eux ont été conçus pour empêcher, plutôt que de permettre, l’exécution efficace de nos mandats », a-t-il dit, ajoutant : « Tout le monde est pénalisé s’il faut neuf mois pour déployer un membre du personnel sur le terrain ».
Le futur Secrétaire général a également souligné la nécessité de promouvoir une culture de la responsabilité et une protection efficace pour les lanceurs d’alerte, ainsi que de mieux communiquer le travail effectué par l’ONU afin que les gens le comprennent mieux.
Le Président de l’Assemblée générale, Peter Thomson, a souligné lundi qu’António Guterres avait été choisi à la suite d’un processus « au cours duquel son intégrité, ses valeurs et ses compétences ont brillé ».
« Le Secrétaire général désigné est effectivement reconnu comme un homme qui incarne l’esprit universel des Nations Unies. Nous sommes persuadés qu’il dirigera notre Organisation avec sagesse et rectitude, toujours dévoué au bien commun de l’humanité », a-t-il dans un discours.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin