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21e session de l’EID: les ratées, les dénonciations et les hommages

La politesse des rois
Sur les invitations envoyées aux uns et aux autres pour prendre part à l’Espace d’interpellation démocratique (EID) qui était à sa 21e session, la cérémonie d’ouverture était prévue à 8h30. La tradition étant bien ancrée dans ce pays de se donner une marge de 30 mn supplémentaire, il y avait un consensus tacite que le démarrage des travaux était fixé en réalité à 9h00. Ce qui est du reste une façon d’entretenir les mauvaises habitudes qui ont la vie dure sous nos tropiques. La ponctualité étant la politesse des rois, le Premier ministre, Modibo KEITA, et son hôte du jour, le Médiateur de la République, Baba Hakhib HAIDARA, ont à leur tour sacrifié à cette tradition bien de chez nous de retard systématique puisqu’ils n’ont fait leur entrée dans la salle du Pavillon de sports devant abriter l’EID qu’à 9h12mn. 12 petites minutes de retard, c’est excusable, il ne faut pas chercher la petite bête, dirait-on. Mais, il faut aussi dire que seul l’exemple entraîne. Et cela, à tous les niveaux.

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L’originalité
L’hymne de l’EID, qui a été magistralement exécuté, l’a été par une troupe. Ce qui qui sort des sentiers battus, puisque dans la plupart des cas, c’est une cassette ou un CD que l’on introduit dans un appareil de musique et le tour est joué. Cette fois-ci, l’hymne était personnalité, avait un visage, même s’il est un peu à déplorer qu’il n’était connu que par la troupe. Une appropriation de cet hymne par les Maliens serait un bonus.
Ce qui est également remarquable, c’est qu’à son exécution l’on découvre des airs des différentes régions du pays. Ce qui représente un modèle d’intégration et d’inclusivité autour des valeurs démocratiques et républicaines. Une façon certainement de dire que le Mali est UN et INDIVISIBLE et que ce pays c’est l’UNITE dans la DIVERSITE. Ce qui représente l’aspiration la plus profonde de l’ensemble des Maliens qui sont engagés dans un processus de paix et de réconciliation.

Hommage aux militants des droits de l’Homme
Cette 21e session de l’Espace d’interpellation démocratique a été l’occasion de rendre un hommage bien mérité à deux militants des droits de l’Homme qui nous ont quittés. Il s’agit de Me Brahima KONE décédé le 2 mai 2016, à Paris, qui a été président de l’Union internationale des droits de l’homme (UIDH) et président d’honneur de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH). L’homme a aussi été président d’honneur de l’Association des Avocats sans frontières-Mali (ASF-Mali) ; membre fondateur du Bureau pénal international ; membre du Conseil d’administration du Centre africain pour la démocratie et les études en droits de l’homme et président du Cadre de concertation sur le droit international humanitaire au Mali. Il a occupé le poste de coordinateur du pool d’avocats mis en place par la FIDH, l’AMDH, la clinique juridique Demeso, l’AJM, WILDAF-Mali et «CRIS de cœur» pour assurer la défense des intérêts des victimes de l’occupation du nord de notre pays.
Me Brahima KONE était membre du Jury d’honneur de la 17e édition de l’Espace d’interpellation démocratique, en 2012.
La deuxième personnalité à qui un hommage a été rendu était Fatoumata Siré DIAKITE, présidente et fondatrice de l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes (APDF), décédée le 18 Octobre 2016, à l’Hôpital Avicenne Bobigny, banlieue Parisienne.
Fatoumata Siré DIAKITE a été une militante infatigable des droits fondamentaux et humains de la femme et de l’enfant. Elle s’est beaucoup battue contre l’injustice. Cette activiste s’est illustrée, dans notre pays, par son combat pour la défense des droits des femmes, en particulier contre les violences faites aux femmes, aux enfants et contre les mutilations génitales féminines.
Une minute de silence a été observée en la mémoire des illustres militants des droits de l’Homme.

Une quinte toux
Le Médiateur de la République a souffert lors de la cérémonie d’ouverture de la 21e session de l’Espace d’interpellation démocratique. L’hôte du jour, pendant son discours, a été en proie à une quinte de toux qui a dû interrompre plusieurs fois son discours, au point que l’on s’interrogeait s’il allait pouvoir l’achever. Mais, coriace qu’il est, il a su reprendre le dessus. Et de rassurer l’assistance avec une pique d’humour : « ce n’est pas le changement climatique, mais le changement de saison ». Ce qui est tout à fait comestible comme explication ; au regard surtout de son âge avancé où les défenses de l’organisme ne sont plus ce qu’elles étaient.

Les anciens PM zappés
Ils ont répondu à l’invitation. Même s’ils n’étaient pas tous présents, un au moins était bien en vue. Il s’agit de Mohamed Ahmed Ag HAMANI. Curieusement, ni le maître de cérémonie, ni les autres intervenants, pourtant bien abreuvés des formules protocolaires, n’ont eu à mentionner sa présence. Un oubli certainement qui fait partie de la nature de l’homme. Tout de même, c’est gros. Un ancien Premier ministre dont on oublie la présence !

Encore EDM
Les vieilles habitudes ont la vie dure. Coupures intempestives ou délestages, peu importe. Les Maliens continuent à souffrir des absences fréquentes d’électricité. Après les plates excuses du nouveau DG d’EDM-SA, suite aux coupures de ces derniers jours, et aux annonces rassurantes de renforcement des capacités, l’on était en droit de s’attendre à une rupture avec le statu quo ante. Du moins le temps d’un événement majeur tel que l’Espace d’interpellation démocratique ; un moment où le monde entier a les yeux rivés sur le Mali et son modèle démocratique jugé exemplaire parce qu’original. Rien n’y fait. Les téléspectateurs, ce samedi, jour de l’EID, ont dû souffrir leur martyre habituel.

Des procès équitables
Des procès équitables et dans les meilleurs délais, c’est la demande du Représentant du Haut-commissaire des Droit de l’homme des Nations Unies dans notre pays. En cela, il fait référence aux auteurs de barbaries dans la partie Nord de notre pays pendant la période de l’occupation par les rebelles et les djihadistes.
Il faut dire que si le Mali a saisi la Cour pénale internationale (CPI) sur ce dossier, force est de reconnaître qu’il n’avance que timidement, sinon qu’il piétine.
Pour ce qui est de la justice nationale, elle n’est même pas présente sur le terrain, à fortiori de pouvoir mener les investigations nécessaires.
Pour autant, le Représentant du Haut-commissaire n’a pas manqué de saluer les progrès réalisés par notre pays en matière de respect des droits de l’Homme.

Le désenchantement
Nonobstant le nombre important d’interpellateurs, de nombreux Maliens ne croient plus en l’Espace d’interpellation démocratique (EID). C’est le cas de l’Association des travailleurs compressés du Mali (ATCM). Pour cette association, cette tribune qui était perçue comme le recours des désemparés n’est qu’un tape-à-l’œil. En effet, jugent ses responsables, malgré son existence, le Mali vit une démocratie de façade et où l’Etat de droit n’est qu’un leurre. Les droits des citoyens sont foulés au pied et les responsables du pays sont les premiers à le faire, dénoncent-ils. Beaucoup d’autres citoyens et organisations sont-ils aussi déçus ? La question a son pesant d’or.

Préoccupations sécuritaires
La 21e session de l’Espace d’interpellation démocratique a permis l’expression de fortes préoccupations sécuritaires. Le déficit de collaboration entre Forces de défense et de sécurité et les populations ; mais aussi les excès commis par les Forces de défense et de sécurité ont été pointés du doigt. Pour les associations de défense des droits de l’Homme, l’Etat est le seul responsable de la sécurité de la population et il a le devoir de l’assumer.
Le fait que la population ne dénonce pas souvent les suspects qui vivent en son sein a aussi été mis en indexe.
Il y a eu également de fortes interrogations sur l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger qui était censé créer les conditions pour rompre avec le cycle de la violence.

Haro sur l’impunité
L’impunité, notamment en milieu scolaire, où ont souvent cours des harcèlements sexuels sur les élèves, a été dénoncée par la Coordination des organisations et associations féminines (CAFO). Au-delà d’une dénonciation, elle a préconisé une collaboration entre le Département de l’Education et les responsables des établissements scolaires, convaincue que l’audace des harceleurs se fonde sur le fait qu’ils sont au-dessus de la sanction à la base.

Ministre Hi-tech
Pendant que certains ministres prenaient frénétiquement des notes sur leurs calepins, à l’ancienne, lors des interpellations, d’autres avaient leurs tablettes numériques. En fait des ministres branchés. Espérons qu’ils n’en soient pas victimes comme Donald TRUMP a failli l’être avec ses tweet aux derniers jours de sa campagne présidentielle.

Reconnaissance à IBK
Autant le Barreau malien que la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) a saisi l’occasion de l’EID pour adresser leurs salutations au Président Ibrahim Boubacar KEITA.
La satisfaction du Barreau s’explique par le soutien dont il n’a jamais fait défaut de la part du chef de l’Etat.
Quant à la CNDH, elle exprime sa reconnaissance au premier magistrat du pays pour son impulsion concernant l’adoption de ses textes.
L’un comme l’autre a demandé d’accélérer les procédures judiciaires concernant les violences commises au Nord.

Chut ! On dort
Il n’aura pas fallu longtemps après le démarrage de la cérémonie d’ouverture pour que certains responsables tombent dans les bras de Morphée. Il n’était même pas 11h quand l’un d’entre eux, aux premières loges, a incliné la tête à droite pour prendre un juste repos. Bon ! Il faut comprendre. Les cérémonies kilométriques, avec des tournures protocolaires à n’en pas finir, avec les personnes âgées, ce n’est jamais gagné d’avance.

Rassemblés par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

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