Quelques jours après l’assassinat de l’imam Abdoul Aziz Yattabaré, la police du 3earrondissement donne des détails sur les circonstances du drame.
«Le 19 janvier 2019 à 06 heures 11 minutes, un individu déclarant se nommer Moussa GUINDO, âgé de 26 ans, est venu pour nous dire qu’il vient se rendre à la police au motif qu’il a poignardé et battu à plusieurs coups de couteau et de bâton, le sieur Abdoul Aziz YATTABARE, Imam de ladite mosquée», a déclaré Chaka Konaté, assistant du chef de brigade recherche du 3e arrondissement de police. Le présumé assassin a mis un petit couteau à la disposition du chef de poste.
Tout est parti d’une affaire d’homosexualité. Selon l’officier de police, le défunt imam était à l’avant-garde de la fronde contre la loi sur l’homosexualité. Il l’avait d’ailleurs affirmé dans l’un de ses récents prêches. De l’avis de Chaka Konaté, cette posture du défunt n’a pas visiblement plu à M. Guindo.
Dans son audition, le présumé assassin accuse l’imam Yattabaré de l’avoir traité de «pédé». Sans avancer de chiffre, il affirme que celui-ci aurait même payé Souleymane Sanogo dit Solonitondjan pour le «liquider». Interpellé, Solonitondjan dit ne rien savoir de cette affaire. Il affirme qu’il n’a jamais entendu parler de Moussa Guindo.
Revenu à Missira le 19 janvier 2019 et connaissant les habitudes de l’imam Abdoul Aziz Yattabaré, qui guide la prière de l’aube, le jeune Guindo a pris un gourdin et un couteau pour l’attendre dans une rue obscure à un moment où il n’y avait personne.
Selon le policier, Moussa lui aurait demandé de revenir sur son dernier prêche sur l’homosexualité. «Je ne peux pas faire cela», aurait répondu le feu Yattabaré. «Lequel d’entre nous est gay» ? Interroge le présumé auteur. «Personne», répond l’imam.
Le ton monte entre les deux hommes. L’imam tente de prendre la fuite. Mais sans succès. Moussa se sert de son gourdin et assène d’un coup Abdoul Aziz Yattabaré. Celui-ci tombe. Le jeune Guindo le poignarde de plusieurs coups à l’aide d’un couteau.
L’acte de Moussa Guindo a surpris plus d’un. Selon un habitant, le présumé auteur est un fidèle de la mosquée. «Nous n’avons jamais imaginé qu’il pouvait être capable de tuer l’imam Abdoul Aziz Yattabaré», a-t-il souligné.
Il convient de rappeler que Moussa Guindo avait été condamné en 2016 à dix mois de prison à Malabo (Guinée Equatoriale) pour avoir cambriolé une banque.
Fatim B. Tounkara/Anne Marie Soumouthéra