Plus de 5 ans après son arrivée, Ozone, l’opérateur marocain spécialisé dans la gestion des déchets est à la croisée des chemins. Au vu de sa passivité sur le terrain, il n’est pas exclu que prenne fin son expérience finalement controversée.
Depuis plus de deux ans, le divorce semble consommé entre l’Etat malien et Ozone. Dans la capitale malienne, tout le monde, employeurs comme habitants, est unanime sur le peu de visibilité de Ozone. Et pour cause ? La multiplicité et la hauteur atteinte des immondices domestiques dans la ville.
D’ailleurs, les Bamakois n’arrivent plus à distinguer les dépôts provisoires des sites finaux. Aussi, les Groupements d’intérêt économique (GIE) ont été sevrés des dépotoirs où ils stockaient les déchets alors qu’au même moment, leur rival Ozone avait le monopole.
En son temps, Ozone avait tenté une nouvelle approche taxée d’impopulaire : offrir ses services contre la modique somme de 3000 FCFA. On voyait d’ailleurs les camions orange dans les quartiers auprès des ménages qui applaudissaient cette proximité. Seulement, face au prix fixé pour une prestation que beaucoup pensaient ou savaient gratuites, ce fut un fiasco et les populations n’ont pas adhéré.
Selon les clauses du contrat, le groupe devrait intervenir sur toute la filière de l’évacuation des déchets, c’est-à-dire des concessions, aux dépôts de transit jusqu’à la décharge finale. Un divorce qui expliquerait l’absence des camions de Ozone dans toute la ville de Bamako afin de vider les poubelles jonchées ça et là.
Du côté de la commune 1, par exemple, il y a aussi une situation complexe à laquelle il faut apporter des solutions. Depuis des mois, les populations mécontentes ont versé leurs ordures sur certaines artères, précisément au milieu de la route de Koulikoro, côté de Bulkassumbougou, sur au mons 100 mètres.
Avant l’arrivée de Ozone, la gestion des ordures était assurée par quelques 180 groupements d’intérêts économiques (GIE) répartis entre les 6 Communes du District de Bamako. Malgré sa présence de plus de 6 ans, on ne voit que des tas d’ordures et des brumes de poussière parfois toxiques. L’entrée du stade Modibo Keita est pitoyable depuis près de 2 ans alors que le site de stockage du groupe marocain vers la mairie de la commune 3 est inactif et fermé.
Il convient de retenir, que les mairies ne gèrent pas les dépotoirs qui relèvent du District qui n’a de compte à rendre qu’au département de l’Environnement. C’est d’ailleurs la mairie centrale qui a le monopole du contrat faisant d’elle le premier interlocuteur d’Ozone.
Sauf que la gestion du dossier maintes fois décriée du maire Adama Sangaré n’a jamais été rendue publique. D’une part les arriérés du groupe Ozone ont fait débat et s’élèveraient à plus de 20 milliards CFA (environ 30,53 millions d’euros). Le contrat signé depuis 2015 coûte 9 milliards CFA par an, soit environ 13,74 millions d’euros.
Le contexte étant marqué par les ennuis judiciaires du maire central sorti récemment de prison après vice de procédure, le dossier d’assainissement de la capitale est sensible.
Au final, le dernier mot pourrait revenir au ministère de l’Assainissement et de l’environnement. Des sources proches du cabinet renseignent que toutes les options sont sur la table. Même le remplacement du groupe Ozone reste d’actualité pour la Transition qui ne compte pas trimballer des casseroles du régime défunt.
D’autres opérateurs ont émergé ces derniers temps dont le groupe Macro Waste qui sort du lot. Sans fanfare, ce concurrent doté de capitaux maliens, tisse sa toile discrètement et jouit d’un important portefeuille client. Voir donc le département de tutelle prendre en main les choses avec un appel d’offres ne doit surprendre au nom de la rectification de la Transition.
En soi, la fin de mission d’Ozone au Mali qui a quand même pris ses quartiers en Côte d’ivoire où l’expérience est fructueuse.
Idrissa KEITA
Source : Le SOFT