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Assainissement du domaine foncier de kati: vers un front commun contre les prédateurs

Les Associations pour le Mali (APM) ont organisé un grand meeting, samedi dernier, devant la mairie de Kati qui a regroupé des milliers de paysans venus des villages des communes du cercle de Kati. Objectif: exprimer leur ras-le-bol face aux harcèlements dont ils sont victimes de la part des Agences immobilières en plein essor, dans notre pays, et autres spéculateurs fonciers afin de se donner les mains pour préserver le reste des héritages à eux légués par leurs arrières parents.

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La cérémonie était présidée par le président des APM, Mohamed Ali Bathily, non moins ministres des Domaines de l’État et des affaires foncières. On y notait également la présence du maire de Kati, M. Hamala Haïdara, et des présidents de plusieurs associations et regroupements affiliés aux APM. Tour à tour, les représentants des localités de Dio, Diago, Fanafiè, Siracoro-Niaré, Toubana, Tièlè, Klanabougou… ont dénoncé la mafia constituée autour du foncier pour accaparer les terres des paysans dans le cercle de Kati, avant d’inviter les autorités à prendre la question avec le plus grand sérieux afin d’épargner notre pays d’un nouveau cataclysme, après celui de 2012.
Les noms qui reviennent fréquemment dans les interventions sont ceux d’un certain Amadou Kindy Bathily, Ali Niangado, ‘’Djo Walaki’’… qui jurent, dit-on, de transformer les paysans du cercle de Kati en ouvriers sur leurs propres terres.

La prédation à ciel ouvert
Selon Issa Niaré de Siracoro Niaré, la situation est très critique au niveau de ce village actuellement, qui malgré son ancienneté, est dans la bonne logique d’être abandonné par ses fils, spoliés de leurs outils de travail (leurs terres) au profit de spéculateurs véreux qui n’épargnent personne. Une spéculation à ciel ouvert qui se fait au vu et au su des autorités, si ce n’est pas avec leur complicité. Selon cet habitant de Siracoro, beaucoup d’actions ont été entreprises, notamment des délimitations avec les voisins, pour préserver la paix et la quiétude sociale, sans succès. Pas moins de 783 hectares ont été transformés en titre foncier à l’insu des villageois, a-t-il regretté.
Boubacar Coulibaly fait état de l’accaparement de 444 hectares par des sociétés immobilières de la place, à Toubana aujourd’hui un quartier de Kati. Malgré la compensation au double de certaines sociétés immobilières de la place à N’Tabacoro, le village de Toubana est aujourd’hui assiégé par des gendarmes à la demande de certaines de ces sociétés immobilières qui veulent construire des logements sociaux sur les terres du village en violation de toutes les lois en la matière.
« Dans mon village aujourd’hui, personne n’est libre de ses mouvements, même nos femmes ne peuvent plus sortir pour chercher du bois de chauffe ou s’occuper de leur jardin, sans qu’elles ne soient prises à parties par ces gendarmes », a regretté M. Coulibaly.

Des villages sont sacrifiés pour une seule personne
À Diago, un village de 16 000 âmes, la situation n’est guère reluisante. En effet, selon le représentant du chef de village au Meeting, deux personnes seulement, des prédateurs fonciers, revendiquent leur titre de propriété sur 800 hectares. Que vont faire les autres habitants qui doivent faire face aux besoins de leurs familles, s’est-il interrogé ?
Selon Modibo Coulibaly de Fanafiè, des titres fonciers se créent sur les terres à l’insu de tout le village. Récemment, face au morcellement de 300 hectares, ils ont réuni tout le village pour savoir l’auteur de l’initiative en vain : ni le maire encore moins le commandant ne sont apparemment au courant de quelque chose, a-t-il dit. Actuellement, ce sont des démarches sans succès que les villageois sont en train de mener auprès des autorités.
« Si les auteurs de ces crimes continuent de persister, nous pensons qu’ils sont bien appuyés par une certaine justice qui refuse de nous dire la vérité. Nous interpelons le président de la République pour assainir cette justice comme il l’a promis aux Maliens. C’est le comble et le monde à l’envers. Car si autrefois, il n’était pas rare de voir sacrifier une personne pour le bonheur collectif, aujourd’hui c’est le contraire, des villages sont sacrifiés pour une seule personne. C’est en tout cas, ce à quoi nous assistons actuellement où toutes les terres des villages entiers sont accaparées par une ou deux personnes, sans qu’aucune poule n’en soit incommodée », a-t-il déploré.
Quant à Ousmane Traoré de Dio, il a principalement indexé un certain Kola Niangado comme tout le mal de leur village actuellement.
« Il a fait borner tout le village, à l’insu de tout le monde. Face à l’absence de personne assumant la responsabilité de ce bornage illégal, après nos investigations, les villageois ont arraché tous les piquets. Mais cet acte a valu la prison à 7 des nôtres qui ont été détenus à Kati pendant deux mois avant d’être libérés grâce à l’intervention de bonnes volontés.

Soutien des députés
Oumar Traoré de Tièlè, qui a intervenu au nom des communautés de sa commune, dont le chef-lieu est Koléma, a indiqué qu’il y a urgence dans cette commune de 18 000 habitants où pas moins de 8 000 hectares de terres sont accaparés par des prédateurs. Il a invité le ministre à faire un tour dans cette commune afin de se rendre compte de l’ampleur des dommages afin de prendre les mesures idoines.
Le maire de Kati, qui a tenu à assister au meeting malgré son agenda chargé, a salué et remercié le ministre Bathily pour ses efforts infatigables à l’endroit des paysans et pour une justice équitable entre les Maliens. Le maire a, lui aussi, déploré la situation d’accaparement qui est d’actualité dans sa commune. Il a affirmé n’être impliqué ni de loin ni de près dans ces malversations foncières. Et pourtant, il est toujours convoqué pour témoigner dans ces affaires auxquelles il n’a jamais été associé.
Le député Bourama Traoré dit ‘’Banazollé Boura’’, qui a pris la parole au nom de 3 des 7 députés du cercle présents, s’est réjoui que les masques soient en train de tomber enfin et que la lumière est en train d’avoir raison lentement, mais surement, sur les ténèbres de l’obscurantisme.
«Nous, députés, avons l’obligation d’aider le ministre Bathily. Je présente les excuses de tous les députés du cercle au ministre pour ce qui s’est passé. L’erreur ne se répètera plus. Nous serons derrière le ministre pour combattre les fossoyeurs de nos communautés qui n’ont d’autres revenus que leurs terres. Lesquelles font l’objet de spoliation par des opérateurs économiques pour des besoins mercantiles », a confié le député.
Les différents intervenants ont appelé à l’union, en vue de faire un front commun contre les spéculateurs prédateurs qui sont en train de les ronger. Face à une justice à deux vitesses qui est en train de prendre le pas.
Ils ont interpelé le Président IBK, à faire peser son poids dans la balance afin de préserver un Mali en paix. Car désormais, les paysans n’entendent plus se laisser faire, a martelé le député.
« Nous constituerons un seul bloc pour aller défendre la cause de nos homologues paysans agressés, quelle qu’en soit la distance, partout au Mali », a-t-on indiqué.
‘’L’union sacrée de tous les paysans et des pauvres victimes des agresseurs d’où qu’ils viennent’’, c’est aussi l’alternative prêchée par le ministre Bathily au cours de ce meeting face au chao actuel.

La loi est faite pour tous les Maliens
« Les juges et les porteurs d’uniforme ne sont pas nos ennemis, mais nous ne serons pas avec ceux dont les comportements tranchent avec la justice. Le Mali est un pays de droit et la loi n’appartient à personne, elle ne saurait être un instrument de manœuvre d’aucune minorité contre les Maliens. Nous travaillons pour cela, conformément au directives données par le Président de la République, IBK, qui nous soutient dans cette voie », a-t-il rassuré les participants.
«L’APM, c’est IBK. C’est lui qui est à l’origine de sa création pour lui porter au pouvoir et l’aider à mettre en œuvre sa vision. C’est ce travail que nous sommes en train de faire. Pour cela, je ne me laisserai pas intimider par personne. Le porteur d’uniforme, ce n’est pas la loi ; le juge, ce n’est pas la loi, même si tous veillent sur cet instrument qui doit permettre à l’ensemble des Maliens de vivre dignement dans le pays où qu’ils se trouvent et de jouir du fruit de leur travail. Si certains empêchent d’autres à cela, c’est ça la violation de la loi. Et quand un auxiliaire de la justice se rend coupable de ce délit, les populations ne sont pas obligées de le suivre ou de respecter ses instructions dans ce sens. Constituez-vous en force pour défendre vos intérêts à chaque fois que vous êtes agressés, afin que vous soyez respectés », a-t-il appelé.
Le ministre lui-même a exprimé son indignation et sa préoccupation face à la justice à double vitesse qui n’épargne pas l’État lui-même.
« Dans beaucoup d’affaires de malversation foncières (Souleymanebougou et dans d’autres localités de Kati), l’État a porté plainte contre des maires, des préfets, des détenteurs de faux titres. Les dossiers trainent devant les tribunaux, alors que ce même État est attaqué et condamné tous les jours par des particuliers, en des temps record. Mais je pense que la délivrance n’est plus loin », est persuadé le ministre.
Me Bathily a indiqué que le chantier est vaste, car il s’agit de faire face à un péril de plus de 20 ans en quelque temps. Sinon, reste-t-il convaincu, la situation évolue positivement, il n’y a aucune raison qu’on désespère du Mali.
À tous ceux qui l’ont sollicité pour une visite dans leurs localités, le ministre leur a assuré qu’il sera sur le terrain, mais il a demandé à tous de continuer à faire confiance au Président IBK. Car il reste convaincu que seul, le Président IBK, ne peut rien.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin

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