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Arslan Chikhaoui, expert en Géopolitique, à L’Expression«L’Algérie retrouve sa place à l’international»

L’Algérie pourra peser de son poids et de son influence en utilisant les leviers politiques et économiques dont elle dispose sur les dossiers cruciaux comme celui de la Palestine, du Sahara occidental, de la Libye, du Mali, du Soudant, du Yémen.

L’Algérie avait assumé trois mandats en tant que membre élu non permanent du CS des Nations unies durant les années 1968 – 1969, 1988 – 1989 et 2004 – 2005, rappelle le politologue Arslan Chikhaoui, dans l’entretien qu’il nous a accordé, en réaction à l’élection, à une majorité écrasante, de l’Algérie comme membre non permanent au Conseil de sécurité. Il faut savoir que, chaque année, au cours de sa session ordinaire, l’AG de l’ONU élit cinq membres non permanents du CS pour une période de deux ans. Et, pour être élu, il faut obtenir au moins les deux tiers des votes des pays participants à l’AG parmi les 193 États membres. Dans cet entretien, Arslan Chikhaoui, Géopolitologue, membre du Conseil consultatif d’experts du World Economic Forum et partie prenante du groupe de travail ‘Track 2′ du système des Nations unies (Unscr-1540), nous explique les tenants et les aboutissants de ce succès diplomatique.

L’Expression: L’élection de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU est un succès diplomatique avéré. Quelles en sont les implications sur le terrain?
Arslan Chikhaoui: Le succès diplomatique est à signaler, en effet. De plus, en sa qualité de membre non permanent de Conseil de sécurité (CS), l’Algérie pourra mieux défendre ses positions à l’international de non- alignement dans un contexte assez particulier de recomposition géopolique du monde et de son évolution multipolaire. Elle pourra également s’ériger en porte- voix de l’UA et de la Ligue arabe notamment. De plus, elle pourra défendre de cette tribune les questions d’autodétermination des peuples, particulièrement celles liées à la question palestinienne et celle du Sahara occidental. Aussi, l’Algérie pourra continuer à promouvoir les principes de dialogue inclusif, de réconciliation politique et de paix concernant les différents conflits d’intensité variable qui minent la région euroméditerranéenne, sahélo-saharienne, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena).

Peut-on parler de victoire facile pour l’Algérie, comme le font remarquer certains cercles hostiles à la diplomatie algérienne?
Il est clair que des élections de renouvellement des membres non permanents du CS n’ont pas été qu’une simple formalité pour l’Algérie. Car même si sa candidature bénéficiait du soutien de l’UA, de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique, elle n’était pas acquise pour autant. Comme une élection n’est jamais gagnée d’avance et par conséquent un travail continu de lobbying et de marketing politico-dipmomatique a dû se faire jusqu’au jour J avec toute la déontologie qui sied à ces actions. On appelle ceci une «campagne de communication d’influence» qui permet de rallier le maximum de voix pour bénéficier d’un important soutien à la candidature de l’Algérie.

Dans quelle mesure la voix de l’Algérie servira les causes qu’elle a toujours défendues sur la scène internationale?
En tant que membre non permanent du CS pour la période 2024-2025, l’Algérie siègera aux côtés des membres les plus influents du CS qui encadrent le façonnage de la nouvelle cartographie géopolitique du monde. De plus, l’Algérie pourra peser de son poids et de son influence en utilisant les leviers politiques et économiques dont elle dispose sur les dossiers cruciaux comme celui de la Palestine, du Sahara occidental, de la Libye, du Mali, du Soudant, du Yemen. Elle pourra se constituer en force de proposition dans les différents Foras corollaires du CS.
À cela, il faut ajouter que cette position donnera plus de visibilité pour l’Algérie au sein de la communauté internationale. En un mot, elle sera plus présente sur les écrans radars au niveau international. Son engagement pour renforcer l’action multilatérale coopérative dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales sera certainement mis en relief.

Ce siège de membre non permanent au CS, soutenu par 184 nations du monde, agira-t-il sur le poids politique de l’Algérie à l’international?
Avant de répondre à votre question, je dois rappeler que l’Algérie a été et est toujours un acteur clé dans la médiation, notamment pour la résolution du conflit d’intensité moyenne entre l’Iran et l’Irak et dans la crise qui a opposé l’Iran et les USA, pour ne citer que ces deux grands faits diplomatiques. Maintenant, cette nouvelle visibilité lui apporte un supplément de crédibilité. Il est clair, en effet, que l’Algérie profitera incontestablement de cette grande opportunité politico-diplomatique pour mettre en exergue sa longue expérience et expertise avérée en matière de médiation dans les conflits et crises d’intensité variable dans la région Mena, au Sahel et pourquoi pas dans d’autres régions du monde comme en Europe centrale, en Asie-Pacifique et sur le continent africain.

Quelle autre signification donner à cette élection?
Il existe une autre signification, en ce sens qu’avec son accession au siège de membre non permanent du CS des Nations unies, l’Algérie tournera le chapitre de sa mise en sourdine internationale. Au CS, l’Algérie dans ses actions de force de proposition pourra certainement compter sur le soutien de ses pays amis, mais surtout de ses alliés Russie et Chine qui disposent d’un droit de veto.

Source: lexpressiondz

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