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Armée malienne : RETOUR SUR LA GLORIEUSE HISTOIRE DE L’INSTITUTION

Ces propos du chef suprême des armées illustrent à souhait l’importance ou la place de choix qu’occupe cette institution que d’aucuns aiment appeler « la Grande muette ».

 

Au-delà du Mali, l’armée doit figurer en bonne place dans le fonctionnement de tout pays, si tant est qu’il veuille se donner les moyens de se faire respecter et compter dans le concert des nations.

Dans les lignes qui suivent, nous revenons sur le contexte, les conditions de création et les premiers pas de l’armée malienne. Sans oublier le concours des hommes qui ont participé à la fondation de l’armée nationale. « S’unir pour bâtir, c’est dit-on grandir ensemble». L’armée nationale du Mali est née et a grandi avec la République. Même si le 20 janvier 1961 est communément retenu comme date anniversaire de la création de l’armée malienne, il est historiquement important de rappeler que c’est en réalité en 1959, lorsque le Soudan français et le Sénégal décidèrent de créer la Fédération du Mali, que la glorieuse histoire de l’armée malienne a commencé. Cette histoire est donc intimement liée à la proclamation de la Fédération du Mali, le 20 juin 1960.

Nommé président de la Fédération du Mali, Modibo Keïta désigne à son tour le colonel Abdoulaye Soumaré comme chef d’état-major général des armées. En véritable visionnaire, le premier président malien avait mis en place une sous-commission de travail composée de Mahamadou Diarra, représentant fédéral, Oumar Ly, Pinana Drabo et Sékou Traoré, tous deux capitaines, et Balla Koné, lieutenant de la gendarmerie, et investie de la mission de suivre, à titre consultatif, toutes les questions liées à la mise en place de l’armée malienne.

Le 20 août 1960, la Fédération du Mali éclate, Modibo Keïta et ses compagnons regagnent Bamako le 21 septembre de la même année et proclament le lendemain, l’indépendance de la République du Mali le 22  septembre 1960.

Ce jour-là, au Collège technique de Bamako, à l’appel des femmes du Mali de rappeler tous les fils du pays qui combattaient en dehors des frontières, Daouda Traoré, au nom des anciens combattants et victimes de guerre, dont il était le président, exigera le rappel sous les drapeaux de tous les officiers et sous-officiers pour défendre l’indépendance et la souveraineté acquises dans l’honneur et la dignité. À sa suite, le président du Mouvement soudanais de la paix, Sani Moussa Diallo demandera le démantèlement de toutes les bases étrangères et le retrait des forces étrangères de notre territoire.

BRAVOURE LÉGENDAIRE – C’est à partir de cette résolution historique des autorités politiques, que l’armée malienne signera une des plus belles pages de l’histoire de notre pays le 5 septembre 1961 avec le remplacement du dernier drapeau français flottant sur notre territoire par celui de la jeune République du Mali.

Entre-temps, le 31 août 1960, le décret n° 12-TER-POM portant nomination du commandant du bataillon malien et des membres de l’état-major en République soudanaise fut pris par le président Modibo Keïta, par ailleurs ministre de la Défense. Ce texte crée et organise, en République soudanaise, un bataillon commandé par le capitaine Pinana Drabo et un état-major commandé par le capitaine Sékou Traoré.

Par la suite, l’Assemblée soudanaise donnera les pleins pouvoirs au gouvernement de la République soudanaise et fixera les conditions de création d’une armée nationale.

Pendant ce temps, certaines bases militaires sur le territoire, continuaient d’être occupées par l’armée française. Il s’agissait notamment des bases de Kati, de Ségou, de Gao, de Tessalit ainsi que la Base 162 de Bamako (actuelle Base 100 de l’armée de l’air du Mali).

Le 29 septembre 1960, un jour mémorable qui consacre l’adhésion de notre pays comme 98è membre des  Nations unies, un accord  est conclu entre le Mali et la France qui décidait du reGroupement sur la base de Kati, des troupes françaises stationnées à Gao, Tombouctou, Kayes, Ségou, Nioro et en d’autres lieux  du pays. Le 1er octobre 1960, le président Modibo Keïta, dans une déclaration historique radiodiffusée, annoncera la naissance de l’armée nationale du Mali.

Le 26 septembre de la même année, par le décret n° 249/60, l’état-major territorial de la République soudanaise est devenu l’état-major de l’armée du Mali. Le 1er octobre 1960, suite à la déclaration du président de la République du Mali naissant, le chef d’état-major de l’armée malienne, le capitaine Sékou Traoré rassemble les troupes et pour dire, en ces termes, ce qui sera historiquement le premier discours d’un chef militaire malien : « Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’armée du Mali, la journée du 1er octobre 1960 fera date dans notre histoire, car elle a vu la naissance de notre armée nationale…

Maintenant que vous avez une armée nationale, un drapeau et une patrie retrouvée à défendre contre les ennemis de l’intérieur et ceux de l’extérieur, vous saurez, j’en suis persuadé, utiliser pleinement votre bravoure légendaire. La noble et exaltante mission qui vous incombe exige le don total de soi-même allant jusqu’au sacrifice suprême.

L’esprit d’abnégation qui vous caractérise tous et dont vous avez toujours fait preuve en d’autres circonstances et en d’autres lieux, vous le manifesterez, ici, sans défaillance pour que la République du Mali vive libre et prospère… »

QUATRE BATAILLONS – Quelques jours plus tard, le 12 octobre 1960, l’armée malienne fut présentée au président Modibo Keïta, à travers une cérémonie solennelle sur la Place Maginot, l’actuelle Place du souvenir en face du ministère de l’Éducation nationale.

Le 23 décembre de la même année, le colonel Abdoulaye Soumaré regagne Bamako. Il fut promu général de brigade et nommé chef d’état-major général de la défense nationale et des forces armées du Mali le 28 décembre. Le capitaine Sékou Traoré est nommé chef d’état-major adjoint.

Au même moment, les capitaines Pinana Drabo et Sékou Traoré qui avaient regagné le pays en février 1960, aux termes de leur mission à Madagascar, se réuniront au Grand hôtel de Bamako, avec le général Abdoulaye Soumaré et les capitaines Ould Issa, Balla Koné, Malick Diallo, pour élaborer la première architecture de la future armée nationale du Mali. Ces officiers lancèrent alors un appel à tous les militaires et officiers soudanais à travers le monde, notamment dans les différentes colonies françaises à regagner le pays pour participer à l’œuvre de création de ce qui est aujourd’hui l’armée nationale du Mali. L’appel sera étendu à tous les sous-officiers et hommes du rang déployés dans les unités militaires à travers le monde.

Les pionniers qui ont répondu à l’appel de la nation, furent regroupés au camp militaire de N’Tomikorobougou pour donner naissance à un embryon d’armée nationale commandée par le capitaine Pinana Drabo qui était alors l’officier malien le plus ancien dans le grade le plus élevé.

A l’époque, l’armée malienne était composée de 1500 hommes environ et constituée par quatre bataillons de commandos autonomes. Le capitaine Pinana Drabo commandait à Ségou le premier bataillon ; Kélétigui Drabo commandait le deuxième bataillon autonome sahélien de l’Ouest (BASO) à Kayes ; Mohamed Ould Issa était à la tête du troisième bataillon à Kati et Balla Koné dirigeait le bataillon sahélien de l’Est, situé à Gao.

Trois mois après la cérémonie de présentation de l’armée du Mali au président de la République, Modibo Keïta invite le corps diplomatique accrédité au Mali, le 20 janvier 1961, pour lui transmettre, en substance, le message suivant : « …

À l’heure qu’il est, l’ambassade de France en République du Mali est informée par mes soins, de la décision de mon parti et de mon gouvernement de voir la France évacuer les bases militaires de Bamako, de Kati, de Gao et de Tessalit, qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens signés à Paris le 22 juin 1960, entre elle et la Fédération du Mali et qui deviennent caducs après les événements du 19 au 20 août 1960 et l’acte de reconnaissance par la France du gouvernement du Sénégal, acte qui consacre  la dislocation de la Fédération du Mali… ».

Ce même 20 janvier 1961, les députés, réunis en séance plénière de l’Assemblée nationale, adoptent la loi n° 61-26 qui crée le drapeau national du Mali. Celui-ci sera composé de trois bandes verticales et égales de couleur verte, or et rouge.

En application de l’historique et courageuse décision du président Modibo Keïta, les troupes françaises ont, entre juin et septembre 1961, évacué toutes les bases sur le territoire malien.

C’est donc le 5 septembre 1961 et non le 20 janvier 1961, que le dernier contingent des militaires français a quitté le sol malien. A cette occasion une cérémonie militaire solennelle a été organisée au cours de laquelle le drapeau malien a été hissé à la place du drapeau français, et l’Avenue reliant le Monument de la paix à celui de l’Indépendance sera baptisée « Avenue du 5 septembre 1961 ». C’est ainsi que l’armée malienne a été créée.

Convaincu de la justesse du combat à mener, le président Modibo Keïta exhortait la jeune République à l’effort et à la conscience nationale. « C’est à présent que nous devons réussir ou échouer… et je dis avec force et conviction que nous réussirons, inch’Allah », a lancé le père de l’indépendance.

Bembablin DOUMBIA

L’Essor

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