RENCONTRE BILATERALE Ce samedi matin, l’Elysée a assuré que l’armée européenne prônée par Emmanuel Macron ne visait en aucun cas les Etats-Unis, évoquant une « confusion » dans l’interprétation de ses propos…
Emmanuel Macron a accueilli ce samedi à Paris Donald Trump en optant pour un ton résolument conciliant sur la question sensible de la défense européenne. Visiblement soucieux de désamorcer la polémique, les deux hommes ont insisté sur leurs liens étroits : « Nous sommes devenus très bons amis au fil des ans », a assuré Donald Trump. Mais son visage était fermé et l’atmosphère loin des démonstrations passées de complicité.
« Nous devons mieux partager le fardeau au sein de l’Otan », a lancé Emmanuel Macron dès les débuts de l’entretien à l’Elysée, ce qui a certainement plu au locataire de la Maison Blanche. Donald Trump ne cesse de réclamer une hausse des dépenses militaires des pays européens jugeant la situation actuelle injuste pour le contribuable américain.
« Nous avons besoin de plus d’investissements », a encore ajouté Emmanuel Macron sans aborder directement la question de la création d’une armée européenne qui a provoqué la colère de Donald Trump. « Nous voulons une Europe forte », a de son côté souligné le président américain. La veille, pourtant, il avait opté pour un ton nettement moins consensuel, dénonçant, dans un tweet extrêmement virulent, les propositions d’Emmanuel Macron.
Des désaccords profonds
Plus largement, cette saillie illustre les désaccords politiques profonds qui opposent les deux hommes, sur l’environnement, le nucléaire iranien, les relations commerciales, et d’une manière générale, sur la gouvernance des affaires du monde, pour laquelle Emmanuel Macron défend le multilatéralisme, honni par Donald Trump.
Le chef de l’Etat a d’ailleurs organisé dimanche un grand forum international sur la gouvernance mondiale qui, schématiquement, servira de tribune en faveur du multilatéralisme, et donc, en creux, à dire du mal de la politique étrangère américaine du président américain. Ce dernier sera d’ailleurs absent de cette enceinte, préférant se rendre au cimetière américain de Suresnes, près de Paris.
Après la rencontre, la Première dame américaine Melania Trump s’est rendue à son tour à l’Elysée où elle a été accueillie par Brigitte Macron. Les deux couples présidentiels devaient déjeuner ensemble avant de se séparer pour l’après-midi. Emmanuel Macron prendra le chemin d’une clairière près de Compiègne, au nord de Paris, pour y retrouver la chancelière allemande Angela Merkel pour une cérémonie très symbolique. Le palais de l’Elysée souligne que « c’est la première fois depuis 1945 » que le président français et le chef du gouvernement allemand se rencontrent dans la clairière de l’Armistice.
« L’Europe et la paix »
Angela Merkel et Emmanuel Macron déposeront ensuite une gerbe et dévoileront une nouvelle plaque au pied du monument la Dalle sacrée, au milieu de la clairière, sur laquelle on peut lire « Ici le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l’empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il prétendait asservir ».
La nouvelle inscription sera, elle, beaucoup moins martiale, et réaffirmera « la valeur de la réconciliation franco-allemande au service de l’Europe et de la paix ».
Dans la soirée, les trois dirigeants et plusieurs autres dignitaires se retrouveront au Musée d’Orsay à Paris, pour une visite de l’exposition consacrée à Picasso et un dîner protocolaire sur place, avant la grande cérémonie de dimanche matin sous l’Arc de Triomphe, point d’orgue des commémorations.