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ARCANE POLITIQUE: avoir l’esprit de raison

Victime d’un cinglant désaveu de la part de leaders religieux influents, dont l’Imam Mahmoud DICKO pour des considérations extra-religieuses, en pleine tourmente politique des réformes institutionnelles, où il est également désavoué par une partie de la classe politique, le Chef du Gouvernement, euphémise, tout en décochant de petites phrases sibyllines au détour de manifestations publiques.

La digue protectrice

Face à la bourrasque de l’Imam DICKO au soutien amputé d’une bonne partie des membres du Haut conseil islamique (HCI), le Président IBK a vite fait de s’interposer en digue protectrice de son Premier ministre. « J’ai les meilleures relations avec mon Premier ministre. Je ne gère pas le problème partisan. J’ai l’avantage, dans la posture qui est le président de la République d’être au-delà de la mêlée, je regarde. Mais le Premier ministre et son Parti sont membres de la Majorité présidentielle. D’ailleurs, dans les démocraties de bonne à loi, il est le seul patron de la majorité présidentielle », avait-il asséné dans une interview accordée au confrère ‘’Deutsche Welle’’.

Le samedi 16 février, c’est la Majorité présidentielle que IBK engageait à lui emboîter le pas : « le Chef du Gouvernement ne peut rien, si vous ne l’accompagnez pas, s’il n’est pas accompagné par l’ensemble des fils et filles de ce pays -à vers le progrès qu’attend le peuple malien. (…) Parce que, dit-il, aucune action gouvernementale ne peut prospérer s’il n’y a pas le socle du soutien populaire qui ne peut être animé que par vous, les partis de la majorité présidentielle ». Voilà qui devrait remonter à bloc un Premier ministre passablement laminé en ce début d’année 2019, à l’apparence pour sa méthode contestable dans la conduite des réformes institutionnelles, mais, en coulisse, pour des convoitises aiguisées d’un poste de Premier ministre à prendre dans la perspective d’un remaniement annoncé avec persistance dans le cadre d’un Gouvernement d’union nationale.

Le PM est pleinement conscient de la précarité de l’équilibre institutionnelle, lui qui, en parfaite connaissance des arcanes politiques maliennes, a affiné un sens de l’anticipation aigu sortant de l’ordinaire. Il a déjà été sacrifié une fois, après la bérézina de Kidal, en mai 2014. ‘’Chat échaudé craint l’eau froide’’ dit-on.

Le recadrage

Ainsi, si SBM a reçu un soutien ferme et irrévocable face à des religieux grisés par les biens et le pouvoir de ce monde, pour la conduite des réformes institutionnelles, IBK n’est plus en phase avec son Premier ministre. En effet, en accueillant une délégation de l’Alliance ‘’Ensemble Pour le Mali’’ (EPM), la Majorité présidentielle, au Palais de la République, à Koulouba, le samedi 16 février dernier, le Président IBK se démarque de celui qu’il a mis en mission : « je pense que le gouvernement avait le devoir de créer les conditions d’atteinte de ce que je viens d’indiquer (le confort national aux fins d’avancer et de partir ensemble). (…) le cadre de concertation nouveau, il est vrai que ce n’est pas la panacée, il est clair également que tout le monde de l’action politique nationale aujourd’hui devrait pouvoir en être, donc les critères soient rigoureux et que chacun qui le souhaite et dont la parole est entendue et écoutée par le pays soit de la partie. Nous sommes tous concernés. C’est tout à fait légitime qu’on me le demande et nous y sommes absolument acquis ».

Mieux, IBK conforte sa main tendue à ses adversaires politiques, après avoir décroché son téléphone pour appeler le chef de file de l’Opposition Soumaïla CISSE : « je ne considère aucun de mes frères comme un ennemi. Aucun ! Nous pouvons avoir des divergences sur la même manière de conduire les affaires, sur la Vision à terme, mais s’il est vrai que nous avons le même amour de ce pays, nous ne pouvons que nous retrouver en un pont de convergence pour le bonheur du Mali et des Maliens ».

L’enjeu de ce recadrage présidentiel est clair : intégrer ‘’dialogue politique national’’ (URD) ou ‘’le dialogue national refondateur’’ (FARE An Ka Wuli), après un risque très élevé de lapidation sur la place du village du Chef du Gouvernement au cours de ces assises.

La riposte fulgurante

Mais le Tigre n’est pas un agneau pour se laisser conter fleurette et conduire en victime expiatoire à l’abattoir. Dès vendredi, il a décoché une contre-attaque fulgurante visant l’Opposition, au cours de la séance d’information sur le Programme d’infrastructures économiques du Gouvernement : « pour réaliser le Programme, évidemment, il faut la paix et la stabilité. Il est difficile de le faire avec des gens qui ne sont pas de vrais démocrates, des démocrates convaincus. Souvent, on ne mesure pas la part de dépassement de soi pour préserver ce qui est essentiel pour tous. Il faut une ambition partagée du développement de notre pays ».

Une mini-crise au sommet de l’État est donc en embuscade. D’une part, le Président de la République joue la réforme contre l’hystérie, alors que le Premier ministre joue sa survie, non pas particulièrement à la tête du Gouvernement actuel, mais également de probable futur Président de la République. Cette ambition, il la défend et la défendra, avec une énergie décuplée ; même si le processus de rapprochement politique, en cours, devrait y laisser quelques plumes.

Mais, faudrait-il rappeler cette sagesse : ‘’le talent de l’homme d’État est de savoir sacrifier à propos les petits incidents aux grands intérêts’’.

Citation de Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville ; livre des pensées (1861). Ce, d’autant plus que SBM, lui-même, soulignait dans sa Déclaration de Politique générale (DPG) : ‘’l’avenir de notre nation, chère à nous tous, dépend de l’esprit de raison que chacun de nous observera pour le plus grand bénéfice de la stabilité de notre pays et de la qualité de notre démocratie’’.

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin.

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