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Après son inculpation : Amadou Haya Sanogo cite ses complices

Veuves, orphelins, parents, maris, fils ou soutiens de familles des militaires portés disparus ou assassinés ont certainement exprimé leur émotion à la suite de l’arrestation du général 4 étoiles, Amadou Haya Sanogo. Ce n’est pas l’objet de notre article, qui s’en tient uniquement aux faits. Et à l’analyse des faits, Amadou Haya Sanogo ne devrait pas être surpris de la tournure des événements.

 general sanogo armee mali

 

Economie faite des humiliations subies par certains hommes politiques suite au coup d’Etat du 22 mars 2012, des disparitions des bérets rouges, des détournements des fonds de l’Etat : que dire aux parents des innocents qui ont été tués à Kati ? Une évidence : du 22 mars 2012 au 14 octobre 2013, beaucoup de sang a coulé à Kati. Le capitaine devenu général, himself, a avoué avoir tué des hommes de ses propres mains. Lui qui se faisait passer pour l’apôtre de la formule «tolérance zéro», devait-il avoir peur de la justice ?

 

 

Et pourtant, le jour de son interpellation, devant le juge Karembé, à l’école de la gendarmerie de Faladié, lieu de son audition, Amadou Haya Sanogo était devenu un homme peureux qui ne savait quoi dire au juge. Selon nos sources, l’audition a duré une vingtaine de minutes, car le juge d’instruction avait assez d’informations sur les actes posés. Au final, le général de corps d’armée, Amadou Aya Sanogo, a été inculpé pour séquestration de personnes dans l’affaire dite des «bérets rouges».

 

 

Pour l’accabler, il y avait ces images filmées par des téléphones portables de l’entourage du général, qui attestent des actes posés par lui-même et ses proches, au camp de Kati. Ici, à l’époque, c’était presqu’un plaisir de montrer les images des «bérets rouges» faits prisonniers et torturés. Au grand désarroi des familles restées sans nouvelles des leurs. Alors, « Amadou Haya Sanogo savait ce qui l’attendait chez le juge Karembé», selon l’un des limiers.

 

 

Quant à la procédure d’audition, elle était d’autant plus limpide que le juge d’instruction n’avait eu autre chose à faire que de demander une mise à disposition au ministère de la Défense, via celui de la Justice. C’est donc, depuis le 15 novembre, que la date de l’audition a été  fixée. Mais  Amadou Haya Sanogo refusera de répondre à la convocation. C’est ainsi qu’un mandat d’amener a été  émis pour le contraindre, le cas échéant, à se présenter et une nouvelle date fut fixée pour l’audition. C’est ce qui justifie également la délocalisation du lieu de l’audition dans un endroit discret et facile à sécuriser. L’école de gendarmerie de Faladié fut choisie. La nouvelle date était mercredi 27 novembre. Le général 4 étoiles a été prévenu par le soin du ministère de la Défense. Pour ce faire, selon nos informations, le département de tutelle a dépêché des émissaires pour le convaincre à se présenter au juge, à travers une correspondance officielle qui lui confirmait sa mise à disposition à la justice.

 

 

Pour parer à toute éventualité, un plan B avait été concocté. En cas donc de refus du général. Ce fut le cas, puisque Yaya Karembé, le juge d’instruction, est resté de 9 à 10 heures 30 à l’attendre au niveau de l’école de la gendarmerie de Faladié. Il informa alors qui de droit. Avant que l’unité mixte ne soit mise en branle, avec à sa tête un commandant de l’armée malienne. Précisions importantes : les éléments de cette unité n’ont été mis au courant de l’opération qu’une heure avant celle-ci, afin que le mandat d’amener puisse être correctement exécuté.

 

 

À 11 heures, le domicile de Haya était cerné de toutes parts et les voies d’accès étaient coupées. La circulation a momentanément été perturbée par la présence de deux groupes de militaires. Oui, un deuxième cortège de 4×4 était arrivé sur place au domicile d’Amadou Haya Sanogo à la Base B. Tous les deux groupes étaient lourdement armés. Face à cet impressionnant moyen matériel et humain, le général Sanogo a essayé de négocier avec le commandant de la mission. Peine perdue, puisque celui-ci ne voulait juste que l’emmener. «Nous sommes en mission, nous avons reçu ordre de ne pas partir sans vous», déclarera-t-il. Sanogo demandera alors au commandant de pouvoir aller à bord de sa propre voiture, pour se voir ensuite répliquer par un autre militaire: «Vous avez eu suffisamment de temps pour aller seul, nous n’allons pas sans vous». Les militaires lui laisseront cependant cette possibilité, mais son véhicule devait être conduit par un autre chauffeur. Haya  devant s’asseoir entre deux autres militaires par derrière.

 

 

Sur la route de Faladié, les militaires lui feront savoir qu’il ne pouvait pas demeurer dans sa propre voiture. Il a alors été transféré dans un autre véhicule du cortège militaire. Selon nos informateurs, à l’arrivée de l’unité mixte de l’armée chez Amadou Haya Sanogo, il y avait au moins 30 hommes, avec des armes et des munitions. Ces hommes ont été convoqués par la police militaire avant d’être mis à disposition de la justice. Une partie de l’unité mixte est restée sur place, car la femme et les enfants du général n’étaient pas à la maison avec lui à la Base B. Actuellement, sa maison est sécurisée par l’armée. Sur les 30 hommes présents chez lui, 15 étaient concernés par le mandat émis par le juge Yaya Karembé. Ils ont été incarcérés dans le cadre de l’enquête qui a conduit en prison le général Amadou Sanogo.

 

Après son audition par le juge, Haya Sanogo a été inculpé pour  séquestrations dans l’affaire dite des«bérets rouges». Et seulement dans cette affaire, car le dossier de la mutinerie au camp de Kati, le 30 septembre, n’a pas encore été abordé.

 

 

Que fait le directeur général de la gendarmerie ?

L’ancien homme fort de Kati a vidé son sac. En plus des généraux  Yamoussa Camara, Dahirou Dembélé, et colonel Diamou Keïta, il a cité d’autres personnes: le Lieutenant Seyba Diarra, le Colonel Blonkoro Samaké, le général Abdoulaye Koumaré, l’adjudant Fousseyni Diarra, le colonel Sidi Touré, le général Moussa Sinko Coulibaly, le capitaine Christophe Dembélé. Il  n’a pas oublié de mentionner Amadou Konaré.

 

 

Comme un malheur ne vient jamais seul, l’instruction se poursuit et s’alourdit. En effet, le vendredi dernier, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a déposé une nouvelle plainte contre le général Sanogo. Cette plainte porte sur la mutinerie survenue au camp militaire de Kati, le 30 septembre 2013. Il s’agit d’une plainte avec constitution de partie civile, pour «arrestation illégale, séquestration et assassinat précédé d’actes de torture». Selon nos informations, une enquête interne est actuellement diligentée par le ministère de la Défense. «Mais au vu de la gravité des crimes, il est évident qu’il reviendra à la justice de se prononcer sur cette nouvelle affaire. Des poursuites ou une simple enquête interne sont largement insuffisantes», soutient la FIDH.

 

 

Par ailleurs, nous avons appris de source sûre que des mesures plus contraignantes seront prises à l’endroit d’Amadou Haya Sanogo. En rapport avec l’information selon laquelle, le désormais détenu disposerait d’un téléphone portable, à lui donné par le directeur général de la gendarmerie, le colonel Diamou Keïta, qui lui permettrait de communiquer avec l’extérieur. En effet, selon nos informations, Diamou Keïta a perdu le sommeil depuis le jour de l’incarcération du général Haya. Lequel est mis, par ses soins, dans les meilleures conditions au niveau de l’école de la gendarmerie de Faladié. En plus, le directeur général de la gendarmerie passerait le clair de son temps aux côtés de Sanogo, en donnant des instructions aux hommes qui s’occupent de sa sécurité.

 

 

Le chef de l’Etat, le Premier ministre ainsi que le ministre de la Justice en ont été informés. Ce qui devrait changer beaucoup de choses dans les conditions de détention du général Sanogo. Car, de source proche du dossier, Diamou Keïta aurait mis Amadou Haya Sanogo au niveau du Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale, là où se forme l’unité d’élite de la gendarmerie.

 

Kassim TRAORE

SOURCE: Le Reporter

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