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Après les bavures des forces de l’ordre: Les enseignants ne se laissent pas démonter.

La seule question est de savoir à quelle date ils vont remettre leur marche et, peut-être, d’autres formes de revendications. Leur détermination à obtenir à leur faveur l’application de l’article 39 de la Loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018 est intacte, sinon décuplée.

Par le déchaînement barbare des forces de sécurité sur la manifestation pacifique des enseignants ce mercredi 11 mars, l’intention du pouvoir était-elle de dissuader une fois pour toutes leur mouvement ?

De tuer toute leur volonté dans l’œuf? Si c’était bien cela, c’est pour le moins raté. La féroce et sauvage répression a certes réussi à provoquer un temps un tohu-bohu dans les rangs des marcheurs, surtout lorsque ces derniers ont vu le sang des leurs couler, voire quand ils ont commencé à compter des blessés graves. Mais, après un rapide ressaisissement, la conséquence a été de galvaniser les ardeurs et de susciter la solidarité grandissante des citoyens en faveur des enseignants. S’exprimant le lendemain de la répression sur Rfi, Adama Fomba, un des organisateurs de la marche au nom de la synergie de l’éducation signataire du 15 octobre 2016, s’est demandé pourquoi le pouvoir, qui n’a nullement notifié aucune interdiction de la marche, en est allé à une telle réaction disproportionnée qui a gravement violenté des citoyens aux mains nues. Et de clamer que sa corporation ne renoncera pas le moins du monde à sa lutte, advienne que pourra. Toujours sur les antennes de Rfi, plusieurs Maliens ont dénoncé avec force la méthode forte utilisée par le pouvoir contre des citoyens réclamant l’application d’une Loi, non sans reconnaître donc la légitimité de la marche des enseignants. Dans cette veine, il est notoire que les citoyens lambda ont exprimé bruyamment leur soutien et leur solidarité à la fronde des enseignants, mais il est surtout sans nuages que des personnalités, politiques et de la société civile, ont choisi une communication plus appropriée afin de fustiger le comportement abject de l’État. Pr Clément Dembélé, président de la C.C.P., a vite reçu les médias populaires pour délivrer un message clair au président de la République et au gouvernement. Pour lui, la solution immédiate au problème de l’école malienne passe nécessairement par l’application du fameux article 39 de la Loi dont les autorités, s’enfermant dans leur tour d’ivoire, refusent avec entêtement d’accorder le bénéfice aux enseignants. Pr. Demélé invite même les citoyens maliens à sortir massivement ce vendredi 13 mars, pour observer un sit-in au monument de l’indépendance. Le gouvernement va-t-il vouloir empêcher ce mouvement aussi, voire le réprimer comme l’a fait avec les pauvres enseignants 48 heures plus tôt ? Quant à Dr. Honorable Oumar Mariko, initiateur du 17 février dernier avec deux autres démocrates historiques, il faut le rappeler, d’une marche spéciale pour sauver la démocratie, il s’est rendu au chevet des grands blessés. Son message a été sans nuance : l’État est dans le déni d’un droit et en plus il veut terroriser les Maliens. L’autre député, Honorable Moussa Diarra de la Commune IV, a posté sur sa page Facebook un message de solidarité totale avec les enseignants. Il y rappelle que la démocratie dont découlent nos institutions actuelles est née dans la douleur et que, en conséquence, le pouvoir ne doit pas jouer à se glisser dans la peau du loup pour faire peur à un peuple qui a déjà tué un loup, car le peuple malien refusera d’être l’agneau sacrificiel. Et d’appeler ses collègues députés à ne pas demeurer silencieux face à la violation d’une loi votée par eux. On voit bien que le prochain round entre l’État et les enseignants risque de connaître un retentissement plus grand. Le pouvoir choisira-t-il encore la répression ?

Moussa Ly

Source: lecombat
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