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Après l’échec des négociations suivi d’un mouvement de grève de 72 heures Le Syntade récidive avec un arrêt de travail de 120 heures à partir du lundi prochain

Après avoir observé une grève de 72 heures pour exiger l’abrogation de la loi portant lutte contre l’enrichissement illicite au Mali, le bureau exécutif national du Syndicat des travailleurs de l’administration (Syntade) a organisé, le mardi 31 octobre à la Bourse du travail, une conférence de presse afin de se prononcer sur les motivations réelles de ce mouvement de grève.

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 Ladite conférence était animée par le secrétaire général du syndicat, Yacouba Katilé, en présence de son négociateur en chef lors des travaux de conciliation, Ali Daou, et plusieurs militants du Syntade.

Expliquant la pertinence pour son organisation syndicale de déclencher ce mouvement de grève exigeant l’abrogation de la loi portant sur la lutte contre l’enrichissement illicite, le conférencier a rappelé les missions d’une organisation syndicale. Selon lui, c’est une vision réduite de penser que le syndicalisme est cantonné à la défense des intérêts moraux et matériels des travailleurs dans le cadre purement professionnel. Car, dit-il, la Déclaration universelle des droits de l’Homme stipule que les travailleurs et leur organisation ont le droit d’exprimer leurs avis, d’avoir des positions sur les affaires politiques, administratives et économiques de leur vie. Aussi, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples érige les syndicats en partenaires à part entière dans le développement socioéconomique.

Implication des syndicats dans les politiques touchant la vie du pays 

Et de poursuivre que l’Organisation internationale du travail (Oit) dirigée par le Bureau international du travail (Bit) donne plus de détails et admet que les syndicats ont des opinions sur tout ce qui touche la vie nationale de leur pays. À ce titre, ils doivent être associés à la conception et à l’exécution des grands programmes touchant l’évolution des populations ainsi qu’à la construction d’un environnement social assaini. “Voilà pourquoi la Banque et le Fmi n’ont jamais cessé d’impliquer les représentants des organisations syndicales dans leur politique. Ils les consultent sur les grandes questions, ils recommandent l’instauration d’un dialogue social sans calcul avec les syndicats représentatifs”, a-t-il ajouté.

Enfin, précise le conférencier, l’Organisation internationale du travail estime que le dialogue social intéresse le patronat, le gouvernement et les travailleurs. Raison pour laquelle, chaque année, les organisations syndicales participent aux côtés des gouvernements et des groupements patronaux à la Conférence internationale du travail qui se tient à Genève où toutes les grandes décisions sont prises sur la base du consensus.

En ce qui concerne la loi 2014-015 du 27 mai 2014, le secrétaire général du Syntade dira qu’aucune de ces dispositions et résolutions internationales n’a été respectée dans son adoption. Certainement, une volonté délibérée d’ignorer le rôle des syndicats dans la construction nationale qui explique le silence par rapport à nos recommandations.

Une loi créant plus de problèmes dans l’administration et dans la vie en société

À le croire, le Syntade ne sera jamais opposé à la lutte contre l’enrichissement illicite, mais plutôt opposé à la loi 2014-015 qui est injustice, discriminatoire et attentatoire aux libertés individuelles. “À l’instar de toutes les autres organisations syndicales, le Syntade est totalement solidaire du gouvernement dans sa lutte contre la corruption, la délinquance financière et l’enrichissement illicite afin de préserver les maigres ressources du pays”, a-t-il martelé.

Et de rappeler que ce n’est pas une première fois au Mali que des mesures soient prises pour combattre le fléau et jamais un syndicat ne s’est opposé. Avant d’énumérer les différentes structures de contrôle mises en place pour lutter contre ces pratiques qui plombent le développement de notre pays, en l’occurrence le Bureau du vérificateur général, la Casca, le Contrôle général d’État, l’Inspection des départements ministériels. “La création de ces structures n’a jamais rencontré une opposition d’une organisation syndicale en particulier du Syntade. Mais quand le gouvernement pour se dédouaner aux yeux des partenaires techniques et financiers en se pliant à leur exigence adopte une arme injuste pour lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite créant plus de problèmes dans l’administration que dans la vie en société, il est du devoir du Syntade de demander au gouvernement en toute responsabilité de revoir sa copie. C’est ce que nous attendions avant de déclencher la grève après l’échec des négociations”, a-t-il déploré.

À ses dires, c’est au cours d’une réunion extraordinaire que le syndicat a décidé de saisir les autorités de tutelle à travers une correspondance adressée aux différents départements ministériels qui couvrent les différents syndicats nationaux du Syntade. Et l’ampliation à toutes ces correspondances a été faite au Premier ministre afin de lui donner les différents éléments d’appréciation, accompagnée d’une demande de rencontre. “La rencontre avec le chef du Gouvernement s’est finalement tenue le 20 juillet au cours de laquelle nous avons expliqué les différents griefs que le syndicat a retenus contre le document. À l’issue de cette rencontre, le Premier ministre nous a demandé de lui fournir un mémorandum à partir duquel il va saisir la Cour constitutionnelle par rapport à nos différentes préoccupations”, a-t-il laissé entendre.

Harcèlement des militants du Syntade par les enquêteurs de l’Office

D’après M. Katilé, il a été question également de mettre en place une commission composée de cinq ministres et des représentants du syndicat pour échanger sur les griefs retenus par le syndicat par rapport au document. Il ajoutera qu’après plus de deux mois d’attente, aucune structure n’a répondu à la correspondance du syndicat et aucune rencontre n’a été organisée afin d’échanger sur le document. “Le Premier ministre qui avait promis la saisine de la Cour constitutionnelle ne l’a pas fait. Et pendant ce temps, nos militants continuent d’être harcelés sur le terrain par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite. Suite à cette situation, le directoire du syndicat a décidé de déclencher un mouvement afin d’obliger le gouvernement à revenir sur la table de négociation”, a renchéri le secrétaire général du Syntade.

De son point de vue, lorsqu’il n’y a pas de possibilité dans le cadre d’un dialogue social de s’assoir autour d’une table pour discuter, la seule alternative pour un syndicat c’est de déposer un préavis de grève qui exige la mise la place d’une commission de conciliation pour échanger autour des points de revendication. “Après la mise en place de la commission de conciliation et l’échec des négociations suite à des divergences de points de vue sur le document, nos militants ont été obligés d’observer une grève de 72 heures”, a-t-il dit.

Il convient de noter que les différents griefs retenus contre la Loi 2014-015 sont, entre autres, la rétroactivité de la loi qui est contraire au principe de droit car la loi ne dispose que pour l’avenir, le caractère sélectif de la loi, la dénonciation et le délit d’apparence, la fonctionnalité de loi qui n’a respecté aucune procédure réglementaire d’adoption d’une loi en République du Mali ainsi que l’inversion de la charge de la preuve.

“Nous prévoyons également une grève de 120 heures à partir de ce lundi pour exiger l’abrogation pure et simple de cette loi “, a-t-il conclu.

             Boubacar PAÏTAO

 

Aujourd’hui-Mali

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