Dans notre parution du vendredi, nous avons parlé de » l’empire mandingue à l’empire du Mali (sous IBK) « , aujourd’hui, nous portons le débat sur le laxisme de nos autorités à sortir le pays d’une crise qui n’a que trop duré. Et le comble, c’est que pour libérer et le mettre sur orbite, il faut à tout moment et en toutes circonstances l’intervention de la communauté internationale, comme si c’est à elle de se soucier de notre sort dont nous-mêmes n’en aurions cure. D’où vient cette attitude contre nature ?
A la télévision et lors des festivités de toutes sortes, nombre de Maliens aiment défiler à se faire passer pour d’honorables personnalités en leur qualité de descendants de tel ou tel célèbre ancêtre. De la part des griots, c’est tout le bien des ancêtres qu’on leur prête, occultant les zones d’ombres. Gare à l’artiste qui fera le contraire, et ce n’est pas Roberto Magic qui le démentira, pour avoir pris ses jambes au cou lorsqu’il a osé dénoncer la fuite de nos soldats. Dans un pays où donc la fuite dans la honte et non la mort dans l’honneur ferait partie des principes, le fuyard en chef, Amadou Haya Sanogo ne pouvait pas gober cette mélodie de lèse majesté. Pourtant, autant vous aimez taper votre poitrine pour prétendre à la célébrité, autant il vous faut réaliser des exploits pour mériter les éloges.
Descendants de grandes célébrités, nous le sommes. Mais et après ! Qu’avons-nous fait et que faisons-nous pour mériter de la patrie ? Veut-on nous en tenir à rééditer les pages sombres de notre histoire, pour attester, selon un internaute, que nous sommes sur les pas « du fils de Sassouma Bérété sous le règne duquel le grand stratège et guerrier Soumaoro du Sosso a conquis et dominé le Mandé », et non sur les pas du brave fils de Sogolon le libérateur et le rassembleur ?
C’est vrai que quelque part notre culture a subi des travers par des implications déviationnistes. On ne loue plus le caractère, signe de la personnalité, mais plutôt l’argent. Les griots te diront Touramakan ou Simbo parce que tus as de l’argent à leur distribuer. Et toi noble tu seras griot si tu es pauvre et renégat en face d’un riche. Le griot Babani Sissoko en ses temps de vache laitière n’avait-il pas des milliers de nobles comme griots au Mali?
Il nous faut revenir à nos bonnes mœurs, mettre en avant les vertus qui ont caractérisé nos ancêtres telles la bravoure, l’humilité, l’honnêteté, la droiture, en un mot la noblesse du cœur. Ceci est valable aussi bien pour le pauvre que pour le riche, pour les gouvernants qui doivent montrer l’exemple que pour les gouvernés qui doivent suivre leur pas et les soutenir. Le Président est-il droit ? Le policier est-il correct ? Le journaliste est-il honnête ? Le lecteur est-il objectif ? Et les hommes politiques dans tout ça ? Sommes-nous dignes de nos ancêtres ?
En tout cas le Mali traverse une crise qui ne tient plus qu’à la libération de Kidal et la stabilité au Nord du pays. Ce qui normalement passerait par des concertations nationales ou dialogue national pour la réconciliation. Car tout se passe comme si nous avions peur de prendre les armes et mettre hors d’état de nuire les criminels que nous préférons plutôt « intégrer une fois de plus et de trop à l’hémicle ». Comme si nous voulions nous débrouiller à réussir une paix qui peut pourtant servir de lit à une autre guerre plus délicate car celle-là trouverait que tous les partenaires des assaillants ont pris rendez-vous, investi et recruté des milliers d’inconditionnels au Mali. Aussi, pourquoi traîner à ouvrir des rencontres inclusives jusqu’à se faire prier pour cela par le Conseil de Sécurité ?
En venant au pouvoir, Ibk avait-il de recettes pour le Mali ? Ne savait-il pas ce qui l’attendait comme priorité des priorités ? Que fait la commission de dialogue, justice et réconciliation entretenue par l’argent du contribuable ? A-t-elle souci de boucler dans les plus brefs délais sa mission sinon combien de temps lui faudrait-il encore pour rassembles les Maliens autour de la table de discussions ? Quelle est la durée de son mandat ? Faudrait-il qu’on se lève pour la dissoudre pour incompétence ? A-t-on besoin d’aller faire du cirque en Mauritanie, en Algérie et au Qatar pour pouvoir convier les Maliens au dialogue?
En tout état de cause, c’est honteux qu’on en vienne à une visite du Conseil de Sécurité pour, dit-on, appuyer la mise en place dès que possible d’un dialogue national inclusif pour une solution durable au Nord du Mali. Et c’est malheureusement le cas aujourd’hui. Comme le signale le communiqué de la MINUSMA, ils son 15 membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies à effectuer une visite de deux jours au Mali. Ils rencontreront les autorités maliennes, notamment le Président de la République M. Ibrahim Boubacar Keïta, le Premier ministre M. Oumar Tatam Ly, le Président de l’Assemblée nationale M. Issaka Sidibé, ainsi que le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et chef de la MINUSMA, M. Albert Koenders, des représentants des groupes signataires de l’accord préliminaire de Ouagadougou et des représentants de la société civile malienne.
Vivement la paix au Mali!
Mamadou DABO