Comme on pouvait s’y attendre, les groupes armés du nord qui avaient annoncé récemment leur retrait de la table des négociations viennent de faire volte-face. En effet, le 26 septembre dernier les trois groupes armés du nord à savoir le mouvement pour la libération de l’azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’Unité de l’azawad (HCUA) et le mouvement arabe de l’azawad (MAA) avaient décidé contre toute attente et unilatéralement de suspendre leur participation dans le processus du dialogue sur le statut de cette partie du territoire.
Cette question devait être discutée conformément à l’accord de Ouagadougou signé le 18 juin dernier entre ces groupes armés et le pouvoir central de Bamako sous l’égide du médiateur de la CEDEAO sur la crise malienne et Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Comme raison de leur retrait de la table des négociations, les groupes armés avaient évoqué le non-respect par l’Etat malien de ses engagements pris dans la mise en œuvre de cet accord.
Pourtant, à y voir de plus près, il apparait clairement que ces allégations sont sans aucun fondement.
Pour preuve, selon l’esprit et la lettre de cet accord, les discussions sur la question du nord devraient démarrer 60 jours après l’élection du nouveau Président de la République. Ce qui n’a pas été le cas car IBK n’a pris fonction qu’au lendemain de son investiture le 4 septembre dernier. De plus, bien avant le début des négociations, les nouvelles autorités maliennes ont posé des actes forts allant dans le sens de l’apaisement et de la réconciliation.
En témoigne, la libération récente en catimini d’une trentaine de combattants touareg capturés sur le théâtre des opérations au nord du pays. Sans compter d’autres actes comme les projets de développement engagés au nord du pays à travers la création d’un ministère en charge de la réconciliation nationale et du développement des régions du nord. Tout ceci constitue des pas non-négligeables s’inscrivant dans la dynamique de la réconciliation.
Par contre, ledit accord prévoyait également le désarmement et le cantonnement des groupes armés, ce qui n’est pas le cas, puisqu’à ce jour ils continuent de se pavaner avec leurs armes et souvent n’hésitent pas à monter la population surtout à Kidal contre l’administration centrale.
Pour eux, il n’y a pas d’autre alternative qu’une autonomie de la région alors que Bamako et tous ses partenaires insistent sur l’intégrité territoriale du pays. Il est donc clair que ceux qui violent et bafouent constamment l’accord de Ouaga ne sont autres que les groupes armés du nord.
A ce sujet, l’abandon du processus des négociations ne pouvait donc perdurer d’autant plus que dans sa récente adresse à la nation, le président IBK avait déclaré que sa « main reste toujours tendue ».
De plus, nous apprenons que le retour des groupes armés sur la table du dialogue a été rendu possible grâce à l’implication du médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré après que celui-ci ait déclaré que son rôle dans la crise malienne est à présent terminé.
Reste à savoir si c’est le dernier acte d’intimidation et de chantage qui sera posé par ces groupes ou s’ils n’attendent qu’un desserrement de l’étau sur eux pour reprendre les armes.
Autre fait qu’il convient de souligner et qui montre peut-être un lien supposé ou avéré entre ces groupes et les jihadistes, c’est le fait que depuis l’annonce de la suspension des négociations, les attaques terroristes ont repris dans le nord qui connaissait jusque-là un début d’accalmie.
Massiré DIOP
Source: L’Indépendant