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Application de l’article 39: les enseignants plus que jamais déterminés

Après des séances de musculation du mardi dernier, le Collectif des enseignants du Mali (CEM), à travers l’ensemble du Mali, a réussi, hier jeudi, une nouvelle démonstration de force en mobilisant ses milliers de militants et sympathisants dans la rue. La marche d’hier comme celle précédente visait à exiger du gouvernement l’application de l’article 39 du de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018 stipulant : ‘’toute majoration des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant’’. Si à l’intérieur, des déclarations ont été remises aux représentants de l’État (gouverneurs, préfets), à Bamako, les marcheurs se sont dispersés au Monument de l’indépendance, sans pouvoir voir le Premier ministre, chef du Gouvernement.

 

En prélude à la grève de 20 jours qui débute dès le lundi 17 février 2019 sur toute l’étendue du territoire national, les enseignants du Mali, vêtus de rouge, ont répondu à l’appel de leur syndicat, le Collectif des enseignants signataires du 15 octobre 2016, en sortant massivement dans les rues à Bamako et dans plusieurs localités du Mali.

À Bamako, au cours de cette marche partie de la Place de la Liberté au Monument de l’indépendance, les marcheurs ont surtout dénoncé « le mépris du Premier ministre, chef du gouvernement et ministre de l’Économie et des finances pour les enseignants du Mali » ; « la légèreté et le laxisme du gouvernement lors des négociations visant nos préavis de grève » ; « le refus manifeste du gouvernement du Mali d’appliquer une loi de la république du Mali » ; « le non-respect des engagements pris par le Premier ministre, le 4 octobre 2019 et des instructions du président de la république, le 5 octobre 2019 à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des enseignants au palais de Koulouba » ; « la menace du Premier ministre, chef du gouvernement et ministre de l’Économie et des finances de procéder au recrutement de volontaires pour remplacer les enseignants en activité ».

Dans leur déclaration lue devant le Monument de l’indépendance, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 indiquent qu’ils ne demandent que l’application d’une loi, en son l’article 39. Aussi, ont-ils rappelé au gouvernement et à l’opinion que certains engagements pris par l’État, lors de la signature du procès-verbal de conciliation du 18 mai 2019, ne sont toujours pas honorés.

Dans leur déclaration, les enseignants se disent toujours ouverts au dialogue, mais déterminés à aller jusqu’au bout pour la satisfaction de leurs revendications : « nous tenons à réaffirmer au gouvernement que nous avons toujours été ouverts au dialogue et entendons rester dans cette dynamique. Nous, syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ne craignons ni intimidation, ni menace de toute nature dont nous faisons l’objet de la part du gouvernement ».

Pour le collectif des syndicats enseignants, la décision du gouvernement de recruter 15 300 enseignants contractuels pour suppléer les grévistes dans les classes est un mépris, une mauvaise foi du gouvernement et particulièrement le Premier ministre vis-à-vis des enseignants.

À Mopti, les militantes et militants de la Synergie ont montré également un signal très fort par un cortège en moto sur l’axe Sévaré-Mopti et de Robert Cissé (Mopti) jusqu’au gouvernorat, avec un slogan ‘’nos 20% ou rien’’, tous étaient vêtus de rouge. Lee porte-parole de la synergie a lu la lettre qui a été remise au gouverneur.

Dans un préavis déposé sur la table du ministre du Dialogue social, le Collectif des syndicats enseignants signataire du 15 octobre 2016 envisage une grève de 20 jours séquencée comme suit : du lundi 17 au vendredi 21 février 2020 ; du lundi 24 au vendredi 28 février 2020 ; du lundi 02 au vendredi 06 mars et du lundi 09 au vendredi 13 mars 2020.

Pour rappel, ce 30 janvier 2020, le ministre de la Communication, M. Yaya SANGAGRE, en sa qualité de ministre porte-parole du Gouvernement, s’est voulu franc face à ses confrères journalistes, sur cette revendication du Collectif des enseignants signataires du 15 octobre 2016.

« Je voudrais vous tenir le langage difficile de la vérité et je confesse ici devant vous que le Gouvernement reconnaît la légalité de la revendication du Syndicat des Enseignants. Son interprétation à la lettre de l’article 39 de la loi sus-visée est juste et les enseignants ont raison de rappeler que «toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale » », a-t-il précisé.

Cette exigence des syndicats de l’Éducation pose problème pour deux raisons : son insoutanebilité financière dans le contexte actuel et le risque d’injustice sociale que cela pourrait engendrer, a expliqué le ministre. Ainsi, céder face à la pression des enseignants ouvrirait la voie à une spirale de revendications tous azimuts que nous ne pouvons pas nous permettre de cumuler avec la gestion de la crise multiforme que vit déjà notre pays, a-t-il expliqué.

Le langage de vérité, dit-il, est que l’État, qui ne peut pas respecter son engagement cette année avec les enseignants pour les raisons évoquées ci-dessus, leur demande d’accepter d’étaler la prise en charge de leur revendication légale et légitime sur 2020 et 2021, comme l’a accepté l’UNTM qu’il a saluée au passage pour sa compréhension.

« La légalité de traitement des fonctionnaires est une exigence constitutionnelle. Le même État ne peut pas traiter différemment ses fonctionnaires sur la base de disparités aussi criardes et prononcées que celles que veulent imposer aujourd’hui nos chers enseignants. Céder face aux enseignants conduirait à la frustration des autres syndicats qui pourraient tout aussi entrainer le pays dans une spirale de mouvements de revendications insoutenables », dira-t-il.

Après avoir obtenu du gouvernement la mention ‘’légitimité’’ de leur lutte, c’est dommage que les enseignants ne soient plus loin de personnaliser ce combat, comme un règlement de compte personnel avec le PM. Toute chose qui témoigne d’ailleurs de la présence d’un singe parmi les marcheurs faisant vulgairement allusion au PM dont le nom Boubou est assimilé au singe ‘’Boubou-Tiga’’ en bamanankan.

Par Sidi DAO et Saba BALLO

INFO-MATIN

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