Un routard politique aiguillonné par des crampes d’estomac, après avoir été déchu ailleurs, puis récupéré et réhabilité par un strapontin ministériel, surfe sur la hâblerie pour luire dans la constellation politique nationale. Ce Freluquet national, en lançant son GIE, à l’occasion d’un show, les 6 et 7 février 2020, fait étalage d’un situationnisme digne d’un frotte-manche.
Face à l’INTOX de destruction massive, nous vous proposons la DÉSINTOX de construction massive.
Lisez les croustillantes PÉPITES de la semaine.
La gasconnade
INTOX
Le peuple du Parti FDP Mali-Koura s’était donné rendez-vous, les 6 et 7 février 2020, pour son show inaugural, au Centre international de conférences de Bamako-CICB. Du haut de l’estrade, le freluquet national paonne devant une basse-cour captivée par son talent oratoire : « si vous me permettez un langage imagé, je dirai sans risque de me tromper que le nouveau parti est né avec une dentition parfaite ».
DÉSINTOX
Attention ! Un Ogre est né. Gibiers, planquez-vous. Parce qu’un bébé qui naît avec 32 dents, c’est pour tout bâfrer sur son passage. Ah oui ! Le temps d’une goguette chez le Jeff Bezos de la politique malienne, 32 crocs vipérins ont eu le temps de croitre. Et voici notre freluquet national qui enfourche son Jolly Jumper, pour une nouvelle aventure, bien sûr après un détour cauchemardesque par l’aéropage qui a pulvérisé son plan d’OPA sur un Parti dont il n’était qu’un président fantoche. Mais, en digne cousin des Bobos, il faut le lui concéder, doté d’un QI au-dessus de la moyenne, a pris pour tremplin son ancienne posture pour faire un saut dans le Gouvernement, faussant compagnie à ses collègues honorables de l’Assemblée nationale. Vraiment futé ! Que vaut un député déchu de la 2e vice-présidence de l’Assemblée à côté d’un ministère plaque-tournante des activités gouvernementales ? Que vaut un président en pleine décadence à côté d’un ministre qui marche sur l’eau, entouré de nouveaux amis du sérail du pouvoir ? Le choix est vite fait pour qui sait un tant soit peu décrypter les événements. Le situationnisme, il ne l’a pas inventé, mais il sait bien en tirer le meilleur parti, en cousin bon teint, mais aussi en disciple qui dépasse le maître. Affairiste, certainement, parce que la politique au Mali, c’est un business dont la marchandise est le sommeil. On peut appeler ça spécialiste en arnaque intellectuelle. Bassesse ? C’est relatif au regard de l’environnement politique labellisé turpitude. Opportuniste ? Sans le moindre doute. Il a saisi la perche tendue. Difficile de la blâmer pour cela ; d’autant plus que contrairement à ses cousins sédentaires, il est nomade dans l’ADN.
Le canular
INTOX
Très en verve dans un discours enjôleur qui n’endort que les oreilles non averties, le nouveau routard politique pigeonne l’auditorium : « la preuve en est faite par les jalons déjà posés par le parti et surtout sa rapide intégration dans le noyau des partis écoutés et respectés ».
DÉSINTOX
Le canular ! Il ne suffit plus que ce machin naisse avec 32 crochets, il faut qu’il mette dans la caboche des gens avant de naître, qu’il jumpait. Une fois à l’air livre, paff, il est déjà arrivé à la table des grands de ce monde, il prend ses aises et ses quartiers dans la cour des grands. Voilà, c’est la prouesse d’un TGV politique. L’autre d’un État insulaire de l’Océan indien rattaché au continent africain a prouvé qu’un bon runner peut blackbouler les politicards ringards et même chiper le fauteuil présidentiel. Bien sûr, pour cela, il faut autre chose que du running gag, le poker menteur. Or, ici, c’est un voltigeur politique qui n’aura pas du tout vieilli sous le harnais pour apprendre qui est un véritable pro de la manipulation mentale. Ce qu’il a, c’est le da marifa. Pan ! Pan ! Il n’abat aucun gibier. Comment un parti dont la résonnance ne dépasse pas les frasques de son président peut-il s’arroger de tant de privilèges ? Il y a là un flagrant délit de rodomontade. Bon, après tout, ça fait partie du havresac de la politique malienne. Mais en appuyant trop sur bouton, on tombe sous le coup du crime d’injure publique à l’intelligence collective. Les Maliens ne sont pas des benêts. Le temps des miracles est révolu. Aujourd’hui, on s’impose en politique, après avoir traversé monts et vaux. C’est à cela que peut s’accommoder l’intelligence.
Sinon, un proverbe français conseille : ‘’croyez au vanteur comme au menteur’’. Le lobbying forcé ou forcené est en train de le classer dans le lignage très peu adulateur des mythomanes, des menteurs compulsifs. Et ça, ce n’est pas bon pour le business. Ses illustres devanciers ont galvaudé cette recette et sont tombés dans le mépris des citoyens. La raison : leurs promesses sont comme les baudruches qui ornent les salles de conférence et qui, comme leurs promesses, s’envolent, au premier coup de vent.
L’enfumage
INTOX
Très à l’aide dans son biotope, il balance un aphorisme bien illustratif de sa détermination à luire dans la constellation politique : « notre parti ne sera point un parti de plus ».
DÉSINTOX
C’est le nec plus ultra. Le freluquet fredonne suavement son air sur un tempo malheureusement désuet. Cette sornette devrait permettre de faire prévaloir un exotisme. Sauf que si ce truc n’est pas un GIE de plus, il va falloir nous dire ce qu’il a de plus, ce qu’il a en plus des autres ; proposer une offre politique plus visible, plus lisible, plus pragmatique. En lieu et place, c’est un discours dithyrambique à l’endroit du locataire de Koulouba qui a été servi aux écumeurs de table. Holà ! Le freluquet ondoyant et impétueux fait dans l’esbroufe, il bluff. Son machin n’a rien d’un trait de génie et ne vient que rallonger la longue liste des micro-partis alimentaires.
L’obséquiosité
INTOX
Éperonné par son instinct grégaire, il vise la lune : « le FDP–Mali Koura, se projette à très court terme, comme un parti de référence dans le landerneau politique malien ».
DÉSINTOX
Qu’elle est belle la rengaine ! Mais d’une vacuité désarçonnante. Référence en quoi ? Sur le plan de l’éthique et de la morale politique ? Les Maliens applaudiraient des deux mains, tant. Mais ce n’est pas le domaine où la concurrence est la plus farouche au Mali, parce que l’éthique est antagonique du succès en politique. Référence en termes d’organisation ? Étonnant qu’il rompe avec la tradition des partis unipersonnels ; c’est-à-dire que le Parti c’est moi le Président, les autres sont des affiliés ou des affidés, selon les cas, aux ambitions circonscrites par la boulimie du chef. Référence dans la courtisanerie ? On y est. Parce que prosternation, génuflexion, panégyrique, c’est le bréviaire des entrepreneurs politiques, la clé de la réussite. Le freluquet national le sait mieux que quiconque. En atteste son discours laudatif, à l’occasion de son show politique, digne d’un Balla Fasséké, maître de la Cora. Parce que, dans le marigot politique malien, prétendre nager sans prendre la couleur de la boue serait une vue de l’esprit. Or, le freluquet national n’a rien d’un utopiste ; au contraire, il s’est vite illustré par un pragmatisme expansionniste et dévastateur.
INFO-MATIN