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Appel au réalisme et au dialogue de Aliou B. Diallo: le Candidat du Chérif rompt avec lui !

La déclaration solennelle de Aliou Boubacar DIALLO, à l’occasion des commémorations du 22 Septembre, est une reconnaissance explicite de la réélection de IBK et une nette prise de distance par rapport à la position radicale de l’Opposition qui conteste de façon hebdomadaire, les résultats de la dernière présidentielle. Et donc une rupture de ban d’avec la position du puissant Chérif de Nioro du Sahel, dont le soutien et les partisans fournissent chaque semaine un solide appui à Soumaïla CISSE et à ses compagnons !

Assisterait-on donc à un nouveau ralliement post-électoral au Président réélu du Mali ? IBK est en effet en butte, depuis quelque temps, à une forte contestation hebdomadaire, dont l’ampleur est diversement appréciée d’un camp à l’autre. Et de toute évidence, la déclaration solennelle du candidat du Chérif M’Bouillé HAIDARA et de l’ADP-Mali, arrivé 3e au premier tour de la présidentielle, constitue une bouffée d’air frais, en même qu’une première lézarde dans le front apparemment uni de la contestation des résultats de la présidentielle et donc de la légalité et de la légitimité de la réélection de Ibrahim Boubacar KEITA.

Un coup de canif dans la contestation post-électorale
A l’orée de son nouveau bail, Ibrahim Boubacar KEITA avait déjà enregistré, entre les deux tours de la compétition, nombre de ralliements, dont les plus étonnants n’étaient certes pas seulement ceux provenant des candidats comme Modibo KONE entre autres postulants plus vitupérant les uns que les autres.
Mais cet appel du candidat de l’ADP-Maliba, arrivé 3e du marathon présidentiel, « au sens du dialogue de (ses) frères Ibrahim Boubacar KEITA et Soumaila CISSE » sonne comme un véritable ralliement au Président contesté par lui-même et son camp, celui du Guide de la Tidjania.
Mieux, Aliou Boubacar DIALLO va plus loin, car il veut associer dans sa démarche « l’élite politique (nationale qui) doit montrer l’exemple et mettre de côté les différences pour s’entendre sur l’essentiel » car, croit-il, la priorité est de « renforcer la digue » (… pour) refonder le Mali ».
Au-delà des bémols et autres circonlocutions, en précaution verbale dont il use, celui qui avait déjà refusé d’appeler à voter contre IBK, s’inscrit dans une logique pragmatique propre au milieu des affaires dont il est issu, toute sulfureuse réputation mise à part. Ce pragmatisme déborde largement d’ailleurs sa sphère d’origine du fait de son impact sur le jeu politique en cours. En effet, l’échiquier est aujourd’hui partagé entre les manifestations hebdomadaires de la contestation électorale, dont les initiateurs subodorent une lente, mais inexorable maturation, voire excroissance, et la stratégie de  »containment  » du pouvoir qui mise sur l’essoufflement et l’usure par la lassitude et la désaffection progressives des manifestants.
Il serait hâtif de conclure que la démarche de Aliou Boubacar DIALLO soit le résultat et la manifestation d’une nouvelle stratégie du camp de son mentor et que très vite, on pourrait remarquer l’absence des partisans du Chérif dans les manifs aux côtés de Soumaïla CISSE, au cours desquelles le soutien indéfectible du leader religieux est constamment assuré. Il n’empêche : la sortie solennelle du PDG de Wassoul’Or constitue un vrai coup de canif à la solidité de l’axe Opposition politique laïque et mouvement politique d’obédience religieuse incarné par le parti politique ADP-Maliba. L’inconnue reste l’attitude dans la contestation des partisans du Chérif de Nioro et des militants de l’ADP-Maliba, sur lesquels le leader religieux dispose d’une considérable influence et dont Aliou Boubacar DIALLO était le champion au cours des dernières joutes présidentielles.

Un séisme dans le camp de l’Opposition
radicale
En filigrane, la déclaration de Aliou Boubacar DIALLO constitue, à défaut d’un véritable séisme dans le camp de l’Opposition radicale au Président élu, incarné davantage par le Chérif de Nioro, du moins une grosse pierre dans le jardin du Guide spirituel et inspirateur de l’ADP-Maliba. L’attitude du leader de la Tidjania, qui n’a jamais caché dans ses prêches qu’il restait résolument opposé à son ancien  »protégé », sert aujourd’hui de ferment et surtout de  »caution » religieuse au camp de Soumaïla CISSE, sur fond de silence assourdissant de Mahmoud DICKO, le Président du Haut Conseil Islamique, qu’on a connu plus ouvertement engagé aux côtés de IBK.
En appelant au dialogue et au réalisme, même s’il se garde pour l’heure de saisir la main tendue de ce dernier, Aliou Boubacar DIALLO prend visiblement acte de la réélection de IBK.
En estimant « qu’il est temps (…) de mettre cette élection derrière nous et d’envisager avec réalisme, détermination et sérieux (l’) avenir commun », le patron de Wassoul’Or opère donc un virage à 180° par rapport à la radicalisation de la posture de son mentor religieux.
Pourtant, pour un novice du landernau, Aliou Boubacar DIALLO doit davantage sa troisième place au soutien du Chérif dont les fidèles se sont mobilisés en sa faveur, qu’à son entregent personnel. L’irruption de l’homme d’affaires sur l’échiquier a certes bouleversé l’ordre préétabli, mais n’aura été qu’un remake cette fois assumé de la forte empreinte, au reste clivante, du religieux dans le débat politique national. Aliou Boubacar est réaliste : une remise en question de l’élection de IBK et un retour ante-présidentielle relèvent d’une vue de l’esprit. Toute chose qui rend difficilement lisible la stratégie actuelle de l’Opposition. En somme, au propre comme au figuré, le  »néo-réalisme » de son candidat apparaît comme une rupture par rapport à l’opposition » irréductible » du Chérif à IBK.

Pour un retour en grâce ?
De toute façon,  »l’opposition » de Aliou Boubacar DIALLO au Président IBK était un épiphénomène dans les relations entre l’homme d’affaires et celui avec qui il partageait le soutien du Chérif. En maintes occasions, le candidat de l’ADP-Maliba, formation d’obédience ou mieux de la galaxie du leader des fidèles de la Tidjania, n’avait jamais caché qu’il était un déçu des cinq ans du premier mandat de IBK. Dans certaines déclarations à la presse, Aliou Boubacar DIALLO assurait qu’en soutenant fortement (matériellement également, s’entend) IBK en 2013, il escomptait bien en tirer des dividendes en termes de récompenses par des marchés publics et divers avantages pour ses affaires. Au lieu de quoi, il s’estimait avoir été superbement ignoré. Et ce qu’il n’était pas loin de considérer comme  »une ingratitude » expliquait les raisons d’un engagement politique qui lui a valu une étonnante 3e place pour un tard-venu sur l’échiquier.
Est-ce le retour à une amitié, certes difficile, mais qui pourrait produire les résultats attendus, vu que cette fois-ci, avec les ruades de brancards qui ont accompagné sa réélection et qui continuent d’alimenter la rue, IBK pourrait être moins enclin à faire la fine bouche ? Toujours est-il qu’en bon stratège, et attendant visiblement une opportunité, en l’occurrence fournie par  »la main toujours tendue » du Président IBK, l’homme d’affaires à la réputation sulfureuse avait soigneusement pris soin de ne pas appeler à voter pour Soumaïla CISSE et donc contre IBK, en dépit de toute logique. Une façon de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier en ménageant la chèvre et le chou.
De toute façon, le vin (au risque de hérisser, celui-là qui est toujours un protégé… du Chérif) est tiré, il faut maintenant le boire. Au risque de revoir pour l’heure peu de convives autour de la table !

Par Yaya TRAORE

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