Depuis hier, les combattants du GATIA ont commencé à se retirer de la localité d’Anéfis dont ils avaient pris le contrôle le 17 août dernier après en avoir chassé les éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Un responsable du GATIA que nous avons pu contacter sur place a confirmé l’information. Il a toutefois précisé que ce retrait se fait de façon progressive. « Nous avons décidé que notre retrait soit effectué progressivement pour des raisons de sécurité. C’est pour les mêmes raisons que nous avons posé deux conditions avant de commencer notre retrait à savoir la protection des populations civiles par la MINUSMA et le non retour de la CMA à Anéfis pour éviter les représailles », a-t-il indiqué.
Notre interlocuteur regrette à ce propos que les conditions posées par le GATIA ne soient pas prises en compte par la communauté internationale. « Nous avons déploré le communiqué de la MINUSMA qui a demandé au GATIA de se retirer d’Anéfis sans condition. Ils tentent d’ignorer que notre groupe est partie intégrante de l’Accord pour la paix et la réconciliation », a-t-il dit. « Pour le moment, il n’y a qu’une poignée d’éléments de la MINUSMA à Anéfis. Cela ne nous rassure pas. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser notre retrait de façon progressive », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, notre interlocuteur estime que les communautés qui ont formé le GATIA ont le droit de se déplacer au même titre que celles de la CMA. « Nous pensons qu’une fois l’accord de paix signé, il n’est plus question d’empêcher nos communautés de se déplacer. Ce n’est pas normal quand la CMA considère que nos communautés ne sont pas les bienvenues à Kidal », a-t-il souligné.
Le responsable du GATIA estime que la présence de ses combattants à Anéfis a été un grand soulagement pour les populations locales. C’est pourquoi dimanche, les mêmes populations ont réservé un accueil très mouvementé aux hauts responsables du GATIA venus expliquer les raisons du retrait des combattants. « Quand nous sommes venus à Anéfis, nous avons mis fin aux droits de taxe que les transporteurs et les commerçants payaient à la CMA. Cela a été un grand soulagement pour les populations. Je comprends leur déception de nous voir repartir sous la pression de la communauté internationale », dira le responsable du GATIA qui a précisé que la CMA imposait une « taxe » de 25 000 Fcfa à chaque camion qui entrait à Anéfis. Les commerçants locaux étaient aussi contraints de payer régulièrement une « taxe ». « La population d’Anéfis craint que la MINUSMA ferme les yeux sur les dérapages de la part des éléments de la CMA qui y seront de retour », a-t-il expliqué.
De son côté, la MINUSMA a une appréciation mitigée du retrait partiel du GATIA d’Anéfis. « Nous maintenons notre déclaration à savoir que le retrait du GATIA doit être fait sans condition. Nous sommes à Anéfis pour observer ce retrait qui a été fait pour le moment de façon partielle », a déclaré un responsable de la MINUSMA joint par téléphone. Selon lui, la paix reviendra au Nord à condition que chaque partie intégrante à l’Accord pour la paix et la réconciliation respecte ses engagements. Il a aussi indiqué que la MINUSMA n’avait pas de commentaires à faire sur la question d’un retour éventuel des éléments de la CMA à Anéfis.

M. KEITA

source : L’ Essor