En face de l’hôtel Appart City à Banankabougou en Commune VI de Bamako. Plusieurs motos garées et un bélier blanc attaché devant une porte. C’est la maison d’Aminata Sakiliba. Dans la cour, un manguier au beau milieu. Un mur de quelques centimètres entoure des jarres autour du tronc de l’arbre. Elles sont pratiquement couvertes par le sang des bêtes immolées.
Teint clair, physique imposant, la cinquantaine est assise devant sa chambre sacrée. L’orchestre et des adeptes sont déjà sur place pour le traditionnel cérémonial des possédés d’un mardi soir. Les curieux se bousculent pour avoir des places confortables.
“J’organise cette cérémonie depuis 22 ans. C’est une sorte d’adoration qui fait plaisir à mon djinn”, explique-t-elle. Plus d’une dizaine de possédés participent à la fête. La musique et la fumée de l’encens précipitent les djinns à prendre le contrôle de leur corps. “Quand les djinns sont là, les personnes réagissent autrement et se mettent à parler de la vie des gens”, soutient-elle.
En plus de cette cérémonie hebdomadaire au cours de laquelle les visiteurs donnent de l’argent, la native de Tomora (région de Kayes) fait des consultations mystiques pour subvenir à ses charges. Veuve depuis 17 ans, l’ancienne commerçante a été contrainte de tout abandonner pour “servir les djinns”.
“J’ai résisté pendant des années. Ils m’ont rendu malade. J’ai perdu l’usage de mon corps pendant des semaines. Je n’avais plus le choix”, affirme-t-elle. “J’ai hérité les djinns de ma famille. Mon grand-père et mon arrière grand-père étaient des possédés. Notre famille a toujours eu un possédé”, affirme Aminata Sakiliba.