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Amadou Toumani Touré et les Martyrs de Mars 1991 : Héros de la Démocratie Malienne

Commémoration des Martyrs de Mars 1991 : Entre Devoir de Mémoire et Aspirations Démocratiques

Le 26 mars est une date chargée d’histoire pour le Mali. Désignée Journée des Martyrs, elle symbolise le sacrifice suprême de nombreux Maliens tombés sous les balles d’un régime autoritaire. Cet anniversaire rappelle la lutte du peuple malien contre la dictature militaire de Moussa Traoré, un régime qui a régné sans partage durant près de vingt-trois ans.

 

Moussa Traoré : D’un Putschiste à un Dictateur

Bamada.net-Moussa Traoré, lieutenant de l’armée malienne, accède au pouvoir le 19 novembre 1968 en renversant le président Modibo Keïta. D’abord salué par une population déçue par l’autoritarisme grandissant du premier président du Mali indépendant, il instaure progressivement un régime militaire brutal.

 

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Dirigeant du Comité militaire de libération nationale (CMLN), il assoit son autorité en évinçant ses compagnons de coup d’État, qu’il accuse de complots. Nombre d’opposants politiques, y compris des figures emblématiques telles que l’ancien président Modibo Keïta et l’intellectuel Ibrahima Ly, trouvent la mort en détention.

En 1979, Traoré officialise son pouvoir avec l’instauration de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), parti unique, et organise des élections où il est l’unique candidat. Cette hégémonie perdure jusqu’à ce que la pression populaire et la crise économique ne finissent par faire vaciller le régime.

Le Soulèvement de Mars 1991 : Une Révolution Sanglante

Dans les années 1980, les contestations s’intensifient. Le peuple malien, inspiré par les vagues de démocratisation en Afrique et à travers le monde, revendique plus de libertés et la fin du parti unique.

Mars 1991 marque un tournant décisif. Les étudiants, syndicats et autres mouvements civiques organisent des manifestations massives à Bamako. La répression est impitoyable : plus de 200 morts et des milliers de blessés. Cette répression aveugle renforce la détermination des Maliens à en finir avec la dictature.

Le 26 mars 1991, un groupe de militaires dirigé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT) décide d’intervenir. Un coup d’État est organisé, mettant fin au régime de Moussa Traoré. ATT prend alors la tête du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), qui ouvre la voie au pluralisme politique et aux premières élections démocratiques.

Jugement et Réhabilitation de Moussa Traoré

Après sa chute, Moussa Traoré est jugé et condamné à mort en 1993 pour « crimes de sang » et en 1999 pour « crimes économiques ». Cependant, ces peines sont commuées en prison à vie, puis graciées en 2002 par le président Alpha Oumar Konaré.

Malgré son passé dictatorial, il bénéficie par la suite d’une certaine réhabilitation politique. Des dirigeants comme Ibrahim Boubacar Keïta le considèrent comme un « sage », sollicitant parfois ses conseils. Cette réhabilitation divise les Maliens : certains y voient une volonté de réconciliation, d’autres une trahison de la mémoire des martyrs.

La Mémoire des Martyrs et les Enjeux Actuels

La commémoration du 26 mars ne doit pas être une simple cérémonie protocolaire. Elle rappelle l’importance de la lutte pour la démocratie et la justice. Toutefois, à l’heure où le Mali traverse une crise multidimensionnelle marquée par l’insécurité, l’instabilité politique et l’érosion des institutions, la question se pose : les sacrifices de mars 1991 ont-ils été vains ?

Aujourd’hui, de nombreux Maliens aspirent à un « homme providentiel » capable de restaurer l’ordre et la sécurité, quitte à rogner sur certaines libertés démocratiques. Ce retour à une tentation autoritaire inquiète et soulève une interrogation cruciale : la démocratie malienne, pour laquelle tant de citoyens ont sacrifié leur vie, est-elle en péril ?

 

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L’histoire du Mali enseigne que la démocratie n’est jamais acquise définitivement. La meilleure manière d’honorer la mémoire des martyrs de mars 1991 est de poursuivre leur combat en renforçant l’État de droit, en consolidant les institutions démocratiques et en veillant à ce que justice soit rendue pour les crimes du passé.

Le 26 mars doit rester un rappel constant : le peuple malien a payé un lourd tribut pour sa liberté et doit demeurer vigilant face aux nouvelles formes d’oppression qui menacent ses acquis démocratiques.

 

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Ladji Djiga Sidibé

 

Source: Bamada.net

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