En vue de ‘’l’organisation, dans les meilleurs délais, d’un dialogue politique inclusif avec toutes les forces politiques et sociales significatives du Mali’’, conformément à l’Accord politique de gouvernance signé le 2 mai 2019, le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha BAH dit Bill a entrepris depuis la semaine dernière une série de rencontres avec les leaders de la classe politique.
Le ministre de tutelle des partis politiques a, dans ce cadre, rencontré, le lundi 13 mai 2019, le président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Dr Bokary TRETA et le deuxième vice-président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Ibrahima N’DIAYE dit Iba, représentant l’Honorable Soumaïla CISSE empêché.
Au cours de la même semaine, le ministre BAH a aussi pris langue, entre le 14 et 16 mai 2019, avec les présidents des partis politiques : CNID-FYT, ADEMA-PASJ, CDS- Mogotigiya, YELEMA, UM-RDA et MIRIA. Ce lundi 20 mai, le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation Boubacar Alpha BAH a rencontré président des FARE AN KA WULI Modibo SIDIBE et celui de ADP-Maliba, Alou Boubacar DIALLO.
En prenant langue avec Alou Boubacar DIALLO, es qualité de président de ADP-Maliba, le gouvernement tranche la querelle de leadership qui fait rage au sein de cette formation. C’est peu de dire qu’il s’agit, de la part du gouvernement, de la consécration de la légitimité pour le président fondateur de ADP. Pire, c’est un embarrassant désaveu pour le jeune ministre des Réformes institutionnelles et des Rélations avec la Société Civile, Amadou THIAM.
En effet, on se rappelle que la nomination de Amadou THIAM dans le gouvernement de large ouverture avait été prise comme une immixtion, voire un parti pris et un soutien de l’État dans la guerre qui l’opposait à son ex-mentor pour le contrôle du parti. C’est ainsi que savourant sa désormais posture ministérielle, l’honorable s’était adressé aux militants de son parti, en tant que président de ADP-Maliba pour solliciter leur « soutien pour contribuer au renforcement des institutions démocratiques de notre pays ». Après avoir bien sûr vivement remercié le président et le PM pour la confiance placée en lui. Or, de toute évidence, le tout nouveau ministre des Réformes institutionnelles et des Relations avec la Société Civile, Amadou THIAM, avait déjà été exclu du parti le 30 avril 2019, selon un communiqué du parti, non encore querellé à ce jour.
Le gouvernement a-t-il pris acte de l’exclusion du ministre THIAM de ADP-Maliba qui par ailleurs a déclaré n’être ni signataire de l’Accord politique de gouvernance ni n’avoir aucun représentant dans le gouvernement ? On peut déduire la réponse du gouvernement à travers l’invitation de Alou Boubacar DIALLO au titre de ADP-Maliba par le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation.
Si la gymnastique du gouvernement s’apparente à un neutralisme positif, elle ressemble également, à bien des égards, à un machiavélisme tropical : diviser la poire en deux pour contenter chacune des parties. Cela solde-t-il le contentieux au sein de ADP-Maliba et permet-il la clarification au sein de l’équipe Boubou CISSE ?
Mais, en le sein de l’équipe gouvernementale, le malaise reste entier : s’il n’est pas et ne représente pas ADP-Maliba, Amadou THIAM représente qui et quoi dans le gouvernement ? Un ex-président destitué et expulsé de son parti et un désormais «ministre-citoyen» comme Boubacar Karamoko COULIBALY en 1996 ; et presque désavoué par le gouvernement, contrairement à ce dernier.
À moins qu’il ne représente An tè A bana, dont les positions restent encore et toujours tranchées sur la question du référendum.
Délicat exercice pour le jeune ministre. Mais comme on dit : la valeur n’attend point le nombre des années, et à cœur vaillant rien d’impossible.
PAR BERTIN DAKOUO