Le président guinéen Alpha Condé a laissé lundi la porte ouverte à une candidature pour un troisième mandat et défendu la tenue le 1er mars d’un référendum constitutionnel, dénoncé comme une manoeuvre, estimant qu’il n’y avait « rien de plus démocratique ».
« Ca, c’est le parti qui décidera », a déclaré M. Condé, interrogé sur une nouvelle candidature lors d’une interview accordée à France 24 et Radio France Internationale (RFI). Son parti, le RPG, « peut me présenter comme il peut présenter quelqu’un d’autre. Pour le moment, ce n’est pas mon souci », a-t-il ajouté.
Ancien opposant historique, élu en 2010 et réélu en 2015, le chef de l’Etat a assuré que sa préoccupation actuelle était de « doter le pays d’une Constitution qui réponde aux besoins du monde d’aujourd’hui », citant « la parité entre hommes et femmes, la lutte contre les mutilations génitales, le mariage des filles avant 18 ans, et surtout le partage correct des ressources » de l’Etat, notamment pour « la jeunesse et les personnes vulnérables ». « Si nous voulons une Constitution moderne, qu’est-ce qui est plus démocratique qu’un référendum? Le Premier ministre anglais a fait un référendum, il a perdu. De Gaulle a fait un référendum, il a perdu. Il n’y a pas plus démocratique », a expliqué Alpha Condé, alors que l’Union européenne a estimé la semaine dernière que « l »unité et la paix en Guinée doivent prévaloir sur les intérêts partisans ». Les Etats-Unis ont aussi fait part de leur « préoccupation » à propos de la situation en Guinée, exhortant « toutes les parties à se lancer dans un dialogue civil non violent ».
La Guinée est le théâtre depuis la mi-octobre de protestations, qui ont fait au moins 29 morts – 28 civils et un gendarme – contre le projet prêté de longue date au président de chercher à se succéder fin 2020. L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels. L’avant-projet de nouvelle Constitution divulgué en décembre et qui sera soumis à référendum le 1er mars, en même temps que des élections législatives, maintient cette limite. Mais l’opposition soupçonne que l’adoption d’une nouvelle Constitution servira à M. Condé, 81 ans, de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro. « Je ne vois vraiment pas où il y a le problème, où il y a stratagème, puisque je donne la possibilité de mener campagne », a affirmé Alpha Condé, avant d’ajouter: « Si le peuple de Guinée dit non au référendum, je m’incline. S’il dit oui, j’applique ».
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