La saison du rire et de l’introspection commence t-elle ce samedi au Palais de la Culture avec la pièce en bamanan Inchallah ? C’est permis de le croire car la nième œuvre de Alioune Ifra Ndiaye lancée voici deux semaines à l’Institut Français du Mali fait rire de bout en bout.
Adaptation libre de Tartuffe de Molière, la pièce met en scène un marabout, faux dévot, escroc à la langue fourchue qui fait graviter autour de lui le microcosme besogneux et crédule.
Ces petits visages de tous les jours qui rêvent, qui d’une vie dorée forgée sur un claquement de doigt, qui d’un procès de délinquance financière plié par deux petites invocations susceptibles de mystifier le président du Tribunal.
Entre ces pôles, des personnages hauts en couleur dont un aide domestique d’une dangereuse causticité qui, malgré une ruralité marquée, n’est autre que l’album photo de nos dérives urbaines faites de rapines et de débauches.
Pas si bête le domestique : il connaît à fond son charlatan de patron et anticipe pour sauver la maîtresse de maison constamment menée en bateau par son mari au chapelet kilomètre qui voyait bien plus près qu’on ne le pensait : le titre foncier et la fille de son épouse.
En somme le beurre et l’argent du beurre. Sauf que Dieu ne dort pas. Pas plus que le spectateur qui ne peut aucunement s’ennuyer de cette création du cru signée par un de nos esprits les plus féconds. Ne nous y trompons pas cependant, sous le rire, c’est la société malienne qui est encore disséquée. Et l’on en a froid dans le dos.
Adam Thiam
Source: Lerepublicainmali