Le chantage est intolérable de la part de Alghabass Ag Intalla qui aura encore du mal à nous convaincre qu’il est résolument engagé en faveur de la paix, de la réconciliation, de l’unité et de la cohésion sociale. Député à l’Assemblée nationale du Mali avant la rébellion de janvier 2012, il a abandonné le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) au profit d’Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali afin de prêcher la Charia et l’extrémisme violent.
Considéré comme «le visage politique d’Ançar Dine», il a représenté ce mouvement terroriste lors des négociations de Ouagadougou (Burkina Faso) à la fin de l’année 2012. En janvier 2013, quelques jours après le début de l’Opération Serval, constatent des observateurs, il quitte Ançar Dine pour fonder le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). Quelques mois après, le 19 mai 2013, il dissout le MIA pour se rallier au Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), fondé par son frère, Mohamed Ag Intalla.
En juillet 2014, Alghabass Ag Intalla devient le secrétaire-général du HCUA et prend la tête d’une délégation de 30 personnes (MNLA, MAA et HCUA) lors des négociations d’Alger ayant abouti à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali le 15 mai et le 20 juin 2015 à Bamako.
Considérée comme une figure centrale et controversée de la rébellion touareg de 2012, Alghabass (toujours secrétaire général du HCUA) a repris la présidence tournante de la CMA, le 17 juillet 2022, succédant ainsi à Bilal Ag Acherif. On avait assisté au même passage de témoin le 16 décembre 2016. Visiblement, ce sont les deux qui ont réellement la main mise sur la CMA.
En tout cas, ils sont nombreux les observateurs qui pensent qu’ils manipulent cette coordination en fonction de leurs propres intérêts et font peu d’efforts en faveur de la paix et de la cohésion sociale. Les liens étroits entre le HCUA d’Alghabass Ag Intalla et Iyad Ag Ghani, aujourd’hui leader du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), ne sont qu’un secret de polichinelle.
Autrement, l’actuel président de la CMA adore pêcher en eaux troubles en naviguant sans gênes entre ceux qui font la paix et ceux qui la torpillent par des actes terroristes. Certains pensent d’ailleurs que ce sont ses accointances avec les extrémistes violents qui ont amené son défunt père, Intalla Ag Attaher (décédé le 18 décembre 2014), à ne pas le choisir pour lui succéder comme Amenokal des Ifoghas.
Kader Toé
Source : Le Matin