Bernard Bajolet, ex-directeur de la Sécurité extérieure en France, est poursuivi en justice pour complicité de tentative d’extorsion. Un procès qui fait jaser plus en Algérie qu’en Hexagone, en raison d’anciennes polémiques provoquées par ce diplomate avec Alger, où il avait notamment servi entre 2006 et 2008…
L’arroseur arrosé ? L’ex-patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) en France, Bernard Bajolet, va comparaître dans un procès pour «complicité de tentative d’extorsion» alors qu’il fustigeait, dans un livre et dans des déclarations publiques en 2018, la «corruption» qui touchait, d’après lui, l’Algérie «jusqu’au sommet de l’Etat». Le 18 juin dernier, l’AFP rapportait que le parquet de Bobigny avait requis, le 13 juin, le renvoi devant le tribunal correctionnel de Bajolet.
L’homme d’affaires Alain Duménil accuse l’ancien chef des services français de renseignement d’avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l’argent en 2016.
Le parquet a également demandé que Bernard Bajolet soit jugé pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique. Une affaire qui, décidément, fait jaser plus en Algérie qu’en France.
Aussitôt annoncé, ce procès requis contre M. Bajolet a été presque applaudi par la presse locale en Algérie, où ce chef espion français avait notamment exercé comme ambassadeur de France de 2006 à 2008.
«Haine viscérale» «Celui qui donnait des leçons sur la corruption en Algérie est lui-même un diplomate et un officier du renseignement ripou», satirise le journal électronique Algérie Patriotique qui n’y va pas de main morte pour se payer la tête du diplomate français.
Ce dernier «rejoint la cohorte de responsables politiques français qui font la queue chez le juge», ironise encore le journal, tout en pointant du doigt une «haine viscérale» qu’éprouvent certains diplomates français «à l’égard de l’Algérie et des Algériens».
En 2018, Bernard Bajolet avait provoqué en effet la polémique, après la parution de son livre «Le soleil ne se lève plus à l’Est», un recueil de mémoires où il a notamment décrit l’Algérie comme un pays «riche de ses sous-sols» mais malmené par une «nomenklatura indéboulonnable » et sa «momification» du pouvoir.
Ce livre, ainsi que les déclarations de Bajolet sur la santé défaillante du président algérien Abdelaziz Bouteflika, «maintenu en vie artificiellement» selon ses dires, avaient suscité la grogne dans ce pays nord-africain, où il a été qualifié dans la foulée de «petite barbouze» ou de «mercenaire déguisé en diplomate».
«J’y appelle un chat un chat» Dans un entretien avec le magazine Jeune Afrique publié le 10 octobre de la même année, M. Bajolet en remettait encore une couche en déclarant que la «corruption» touchait l’Algérie «jusqu’au sommet de l’Etat».
«Ce que j’écris sur l’Algérie dans mon livre ne relève pas de la diplomatie : j’y appelle un chat un chat», avait-il déclaré alors au magazine, se justifiant qu’il ne représentait pas le gouvernement français. Des propos recadrés tout de même par le confrère de Jeune Afrique qui l’interviewait, lui rappelant son statut de «diplomate» et d’ «homme du renseignement».
Source : RT en français