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Aides ménagères: Les indispensables

Elles viennent souvent de l’intérieur du Mali, pour certaines de manière saisonnière et pour les autres pour de nombreuses années. En majeure partie elles sont originaires des régions du Centres du pays, Ségou et Mopti. Leur principale motivation pour quitter leurs villages et leurs familles et se rendre à la capitale ? Constituer par leur travail leur futur trousseau de mariage.

Elles s’appellent Fatoumata, Ramata, Mariam, Kadidia, Minata, Nani. Elles sont les aides ménagères de ces dames des villes, qui en sont fort dépendantes, occupées toute la journée par leurs activités professionnelles. Le rêve urbain de ces jeunes (souvent très ou trop jeunes d’ailleurs) filles : récolter le montant nécessaire à l’acquisition de leur trousseau de mariage à la sueur de son front. Une ambition qui vide les campagnes maliennes de leurs bras pour remplir les villes de ces « invisibles », oh combien indispensables. Car ces Nyeleni des temps modernes sauvent bien de foyers !

Il n’est que de se rappeler la célèbre pièce Bougouniéré, qui retrace la trajectoire des aides ménagères, les « 52 », en insistant sur le caractère ambivalent du rapport interpersonnel entre la « Patronne » et sa « Bonne ». Elle est un miroir incisif des  conditions de vie de ces filles de la campagne dans l’espace urbain.

Femmes d’intérieur victimes d’abus Ce sont en effet les aides ménagères qui organisent la vie quotidienne dans nombre de foyers. Premières à se lever et dernières à se coucher, elles sont « la colonie de fourmis » qui fait tenir la famille quand les activités professionnelles des deux parents les amène à être hors de leur domicile la plupart du temps. Car la femme active délègue l’entretien de sa maisonnée à son « assistante casseroles », qui, en parfaite multitâches, s’emploie à s’occuper des enfants, de la cuisine, de la lessive et du ménage, sans oublier « les petites courses » de la maison. Dans  certaines familles aisées, elles se retrouvent à deux ou trois, chacune avec un rôle bien imparti de lavandière, de nounou ou de cuisinière. Les contrats entre les parties s’instaurent en toute illégalité, car ils sont tacites et verbaux dans 90% des cas. Le Code du travail, stipule que chaque employé devrait percevoir au minimum le SMIC, qui, majoré récemment, s’élève à 40 000 francs CFA mensuels, est superbement ignoré.

Ainsi, sans aucune sécurité, les aides ménagères, qui pour beaucoup n’ont qu’entre 11 et 16 ans, se découvrent dans une ville machine, qui les broie. Vu la fragilité de leur statut, les abus sur elles, nombreux, ont souvent des conséquences terribles sur leur vie future. Si la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour ces « Fatou », depuis 2011, pour les aider, s’est créée l’ADDAD, l’Association des défenses des aides ménagères et domestiques. Elle œuvre dans la protection de ces aventurières en exode rural et est représentée dans toutes les communes de Bamako. L’ADDAD les aide notamment dans leurs démarches administratives au commissariat et au tribunal contre les patrons et patronnes inhumains, mauvais payeurs ou pas payeurs du tout et abuseurs dans certains cas.

Alors qu’en Occident les robots (lave-linge, lave-vaisselle, aspirateur) ont soulagé l’humain et que son organisation familiale ne tourne plus autour de l’indispensable présence d’une ou deux personnes, la famille urbaine malienne est hyper dépendante des aides ménagères, qui sont ses pieds et ses mains. Ce sont pourtant de véritables amazones quand on retient de leur parcours la volonté de ne « pas se faire raconter la vie en ville » et surtout de prouver fièrement à leurs familles et futures belles-familles qu’elles sont entreprenantes et autonomes.

Journal du mali

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