Avec le régime IBK, beaucoup d’initiatives ont été prises pour « sauver » notre agriculture. Il y a deux ans, le budget de l’Etat a accordé 15% à l’Agriculture. Cette annonce a été reçue avec euphorie chez les Agriculteurs surtout ceux qui n’ont pas assez de moyens et qui sont plus de 98% dans notre pays.
La même année, le régime s’est vanté d’avoir fait une subvention du prix de l’engrais. Et d’avoir acheté un millier de tracteurs au nom de la mécanisation du secteur. Cependant, il est important de s’interroger sur les bénéficiaires ?
Les vrais acteurs du secteur n’ont pas senti la portée de toutes ces politiques et finances versées en leur nom. Mais celui qui n’est pas dans le domaine peut croire que le gouvernement fait des efforts pour les paysans. Il faut être pensif pour voir cette stratégie de donner une image médiocre au paysannat malien surtout de l’exploitation familiale. C’est-à-dire qu’on nous fait croire que les paysans sont dans les bonnes conditions et qu’ils ne sont pas capables d’augmenter la production et assurer l’autosuffisance alimentaire ou la « sécurité alimentaire». Hors, c’est n’est que de la poudre aux yeux !
Pour comprendre, on doit se poser un certain nombre de questions : comment sont gérés les fonds alloués à l’Agriculture ? Quelle est la portée de la subvention sur le marché après la production? Quelles sont les conditions d’accès aux tracteurs et quels sont les véritables besoins des paysans.
Généralement, le fonds agricole est détourné au profit de quelques individus. Pour une bonne gestion du fond agricole, il urge de mettre à la disposition des paysans un système de crédit public agricole qui efface tout intermédiaire financier privé. Tout en évitant les procédures mesquines qui découragent les paysans à faire recours à ces fonds. En réalité, la subvention en question n’arrange que les commerçants choisis par le régime et souvent des structures fantoches sont créées à cette fin (GIE) où sont acteurs les membres du gouvernement ou leurs parents proches.
Les paysans croyaient que la subvention allait leur permettre de faire une valeur ajoutée après la production. Non seulement la qualité de l’engrais n’était pas bonne, mais aussi IBK et son gouvernement en plus de leurs opérateurs transnationaux ont gagné plus. Par exemple avant la subvention, le sac de l’engrais était douze mille cinq cent francs (12 500 FCFA) et nous vendions le kilogramme du coton à deux cent cinquante-cinq francs (255 FCFA). Après la subvention, le kilogramme du coton a été vendu à deux cent quarante francs cfa (240 FCFA). Les paysans n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Quant aux tracteurs, il est à la lumière de midi que notre gouvernement fait semblant de moderniser l’Agriculture.
Bon à savoir
Au Mali, à cause du Programme d’Ajustement Structurel, c’est uniquement l’Agriculture d’exportation qui est subventionnée en terme d’intrant (coton, riz des terres à aménagement étatique). Quant aux autres, les paysans achètent des intrants subventionnés au marché alors qu’on peut leur donné en subvention. Il s’agit de nous autres qui ne cultivons que du mil, maïs… Toute campagne est menée pour inciter les cultivateurs à prioriser les cultures industrielles au détriment de celles vivrières alors qu’eux-mêmes en font en mois de mars.
Tout homme saint d’esprit est conscient que cette politique de mécanisation telle que appliquée ne vise qu’à faire disparaître les exploitations familiales. Les conditions d’acquisition des tracteurs témoignent fort qu’ils ne sont point destinés à ceux-là qui sont les cultivateurs acteurs mais plutôt aux commerçants et paysans de bureau. Pour preuve, les causions à payer remontent à des millions de franc CFA, alors que les cultivateurs n’ont pas chacun trois cent francs (300 FCFA) par jour.
Ceux qui ont les moyens vont donc payer et vont les louer aux paysans soit au minimum 25 000 FCFA pour labourer un hectare. Il faut aussi ajouter qu’il faut plus de vingt hectares pour avoir un seul tracteur alors que dans notre pays, la majorité des cultivateurs n’ont que 2 à 5 hectares par personne. Cette condition fait naître le latifundisme foncier en encourageant les accaparements de terre.
Pour terminer, nous dirons que les organisations paysannes sont les premiers responsables de cette situation dure des paysans du Mali.
Les secteurs de l’Agriculture (cultivateur, pêcheur et éleveur) au Mali ont le même problème. Ceux qui n’ont pas d’autres activités que l’agriculture ne sont jamais aidés. C’est-à-dire que ce sont le fonctionnaire, le commerçant, coordinateur d’une ONG qui ont l’Agriculture comme activité secondaire qui bénéficient les aides publiques pour financer leurs projets. Parce qu’ils sont proches du pouvoir et ont le moyens de payer un consultant pour mobiliser les fonds alloués à l’Agriculture.
Cependant les paysans du village qui n’ont même pas une activité secondaire ayant la seule agriculture comme activité ne bénéficie absolument de rien. Pourtant, c’est en leur nom que tout est cherché. Il faut enfin noter une complicité des organisations paysannes comme la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP), l’Association des organisations professionnelles paysannes (AOPP) et leur mère Assemblée permanente des chambres d’agricultures du Mali (APCAM) qui sont prises en otages par des dirigeants bourgeois compradors devenus plutôt commerçants qu’agriculteurs. Elles ne luttent que pour avoir des billets d’avion en vue de participer à des rencontres à perdiem tout en vendant l’image de nos masses paysannes désœuvrées.
A Ségou, le 25 mai dernier, on a annoncé une nouvelle augmentation de 2% lors de la journée paysanne. Un audit citoyen mettra la lumière sur cette manipulation du pouvoir ! Dans nos prochaines parutions, nous mettrons l’accent sur le mécanisme du remboursement de dettes par les paysans.
Daouda Z KANE