Où sortir la semaine prochaine ? L’agenda culturel africain, c’est avec Anne Bocandé, journaliste, et rédactrice en chef des médias Africultures.
Après le hip-hop à l’honneur à l’Institut français de Brazzaville, la semaine dernière, la 4e édition du festival BraJazz y prend ses quartiers à partir d’après demain, mardi.
Les Bantous de la capitale, orchestre congolais mythique, formé à la fin des années 1950, seront en concert vendredi. Après un concert, mercredi du groupe de jazz Wakassa, d’une conférence sur le jazz en Afrique et de l’inauguration d’une exposition photographique intitulée Makeda, proposée par Aurore Vinot. Une expo avec des clichés en noirs et blancs de couples qu’on dit mixtes, une manière pour la photographe de questionner l’interculturalité, de parler de mixité sociale et culturelle. Des photos enrichies d’entretiens avec les couples rencontrés en Afrique du Sud, au Congo Brazza, au Liban, en Algérie et ailleurs. Le vernissage, en présence de la photographe, c’est vendredi prochain, pendant le festival BraJazz à Brazzaville.
C’est une page de l’histoire de Madagascar. En 1947, des milliers de personnes se révoltent, sur la Grande Ile, contre l’oppresseur colonial français. Que reste-t-il, aujourd’hui, de cette histoire de résistance ?
C’est la question que s’est posée Marie Clémence Andriamonta Paes, consciente que c’est une histoire encore aujourd’hui refoulée à Madagascar comme en France. Réalisatrice, fondatrice avec le réalisateur César Paes de la boite de production « Laterit », elle consacre alors son dernier film à cet épisode historique : le film s’intitule « Fahavalo », terme malgache qui signifie « ennemi » et par lequel étaient désignés les rebelles de 1947. Elle y rencontre des survivants de 1947, au sein de leurs familles. Une manière aussi de questionner la transmission et l’héritage de ce soulèvement malgache à partir des mémoires individuelles jusqu’à la mémoire collective. Les vieux racontent, recontextualisent la rébellion ; on est en 1947, certains reviennent alors tout juste d’Europe où ils ont combattu auprès des soldats de la métropole française contre les Allemands pour la liberté, et c’est la leur, celle de Madagascar qu’ils exigent désormais. Mais c’est par une terrible répression, des plus violentes avec des exactions abominables, que répond l’État colonial. Cette collecte de témoignages, à travers le documentaire Fahavalo plus de 70 ans après les faits, près de 60 ans après l’indépendance malgache, est une pierre nécessaire à l’édifice de l’histoire. Un travail de mémoire qui s’inscrit dans une continuité certaine avec celui entamé, notamment, par l’écrivain Jean Luc Raharimanana, et le photographe Pierrot Men, avec les livres photo et la mise en scène au théâtre des voix des insurgés dans l’oeuvre « 47 ».
Le film « Fahavalo : Madagascar 1947 » quant à lui, avant la sortie officielle en janvier prochain, est diffusé en ce moment à Madagascar avec une projection prévue à Ambositra mercredi et dans la capitale malgache, Antananarivo, samedi prochain.
Oeuvre d’histoire, de mémoire, matière pour penser l’avenir, c’est aussi le cas du projet de José Youcef Lamine Kaminsky, mieux connu sous son nom de rappeur Rocé.
Cette semaine, Rocé ne sort pas un cinquième album solo de rap, mais divulgue le premier titre de son nouveau projet : « Par les damné.e.s de la terre ». Il s’agit d’une compilation de titres, pour certains inédits, pour beaucoup oubliés, qui racontent des histoires de luttes et de résistances de Nouvelle-Calédonie aux Caraïbes en passant par les pays du continent africain et en Europe. Tous ont été enregistrés entre les années 1969 et 1988 ; nous sommes alors dans la période des indépendances en Afrique, en pleine guerre froide, et par la musique les artistes racontent les luttes d’indépendance,de décolonisation, les luttes ouvrières, l’exil, mais aussi la fraternité, les solidarités, les convergences pour un monde plus juste.
Ce projet musical en français est aussi un nécessaire travail de mémoire ; pour les jeunes générations, nous raconte Rocé ; qu’elles sachent pourquoi elles ont la langue française en partage encore aujourd’hui, et qu’elles connaissent les luttes et résistances de cette époque, celles qui sont rarement écrites dans les livres d’histoire. Ce matin, découvrons donc le premier extrait de ce projet « Par les damnées de la terre », qui sort le 2 novembre. Ce titre est un hommage à Mohamed Maïga, journaliste malien, décédé, empoisonné en 1984 au Burkina Faso, le « pays des hommes intègres », comme vient de le renommer le tout nouveau président Thomas Sankara. Mohamed Maïga était proche du leader politique révolutionnaire Thomas Sankara. Lors de la disparition de son ami, Sankara demande à l’orchestre national des « Colombes de la révolution », de lui rendre hommage.
RFI