Facebook a annoncé l’ouverture de son premier centre de vérification de contenus d’Afrique subsaharienne, pour assainir sa plate-forme, devenue l’un des principaux relais de désinformation sur le continent.
L’enjeu est de restaurer la crédibilité et de préserver la liberté d’accès aux réseaux sociaux. Les fake news sont considérées comme un facteur majeur de désordre social dans plusieurs pays d’Afrique. Bien que les fausses informations, orientées ou trafiquées, aient existé par le passé.
Avec la prolifération du mobile et l’appropriation des réseaux sociaux comme moyens de communication, l’expansion des fausses informations est plus rapide. Ce qui qui peut occasionner un désordre social, certains medias n’hésitant pas à faire des réseaux sociaux leurs sources d’information.
En Ethiopie, par exemple, une fausse nouvelle a été à l’origine de violentes réactions contre des ressortissants de la tribu des Oromos réfugiés en Somalie et à Djibouti. Les attaques meurtrières contre des commerçants ont été suscitées par une vidéo diffusée par une chaîne de Tv montrant de supposés membres de l’ethnie Oromo poussant des cadavres de Somaliens dans une fosse. Finalement, il s’est avéré que la vidéo était fausse. Elle avait déjà été utilisée comme preuve des atrocités commises au Cameroun durant le conflit armé qui oppose les séparatistes anglophones aux forces gouvernementales.
En Afrique, la dangerosité des fake news s’est accentuée avec les messages extrémistes d’incitation à la violence, de xénophobie, de misogynie et de tribalisme sans oublier les injures qu’ils suscitent. Un ” explosif social” qui a finalement attiré l’attention de nombreux gouvernements, poussant à la sensibilisation à l’usage des réseaux sociaux pour certains, au blocage de ces outils de communication et d’échanges pour d’autres.
Au Gabon, en République démocratique du Cono (RDC), en Afrique du Sud, au Maroc, au Zimbabwe et dans plusieurs autres pays africains, les fake news mettent à mal la confiance de la population en ses représentants, gouvernement, communauté et mêmes aux informations relayées par les medias. Pour les contrer, certains gouvernements ont pris des mesures sévères, qui ont parfois débouché sur la restriction de certaines libertés.
Au Tchad, l’accès aux réseaux sociaux est bloqué depuis plusieurs mois ” pour préserver la paix sociale”. La crainte d’une perpétuelle instrumentalisation politique ou sociale des masses a finalement renforcé la conviction des autorités de ce pays que la meilleure solution résidait dans le verrouillage complet de ces plates-formes. En Ouganda, à défaut de bloquer l’accès aux réseaux sociaux, le président Yoweri Museveni avait décidé, en mai 2018, de taxer leur accès mensuel de six mille shillings (1,56 $). Il l’avait ironiquement appelé “la contribution des mauvaises langues” sur internet au développement du pays, faisant chuter le taux de pénétration de 15,62% dans le pays. De nombreux Ougandais se sont tournés vers les réseaux privés virtuels pour contourner la taxe.
Plus récemment, pendant l’ élection présidentielle dans leurs pays respectifs, les autorités du Zimbabwe et de RDC, redoutant une manipulation des masses à travers les réseaux sociaux, ont opté pour un blocage temporaire de l’accès à ces outils numériques. L’ampleur des fake news, la multiplication des plates-formes de fact-cheking sur le continent le traduisent bien. Conscient du danger que ces fausses informations représentent pour sa crédibilité et ses activités en Afrique, Facebook multiplie les actions pour les combattre. Au Cameroun, le site StopBlaBlaCam.com traite deux à trois rumeurs ou fake news chaque jour. La société a lancé un programme de vérification d’informations par des tiers (Cameroun, Kenya, Nigeria, Afrique du Sud, Sénégal) afin de réduire la propagation de la désinformation, tout en améliorant la qualité des informations.
Facebook s’est associé à Africa Check, une organisation sud-africaine indépendante de vérification des faits en Afrique, et à l’Agence France presse, pour faire valoir l’information juste et regagner la confiance des Etats.