Lundi 22 octobre a repris en Afrique du Sud le procès de Timothy Omotoso, un télévangéliste nigérian. L’homme est accusé d’avoir kidnappé et abusé plus de 30 jeunes femmes appartenant à son Église. Il avait été arrêté par la police sud-africaine l’an dernier à l’aéroport de Port Elizabeth alors qu’il tentait de fuir. Les audiences du procès sont diffusées à la télévision et passionnent le grand public. Passionnent et choquent, car l’avocat de la défense suit une ligne de questionnement très agressive, alors qu’habituellement peu de victimes de viols témoignent publiquement dans le pays. Une grande conférence sur les violences faites aux femmes se tiendra pour la première fois la semaine prochaine à Pretoria en présence de Cyril Ramaphosa.

Devant le tribunal de Port Elizabeth, membres de l’Église du pasteur Omotoso et organisations féministes s’affrontent depuis une semaine. Mais à l’intérieur de la Cour, les débats sont tout aussi violents.

Notamment entre l’avocat de la défense et la première témoin.
« Vous fabriquez vos preuves. Vous mentez à propos de ce qui vous est arrivé ! »
« Avec tout mon respect, je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi immonde de ma vie. »
« Ce n’est pas une réponse très intelligente. »
« Je n’essaye pas d’être intelligente, juste honnête. »

Le ton est souvent monté, le juge devant interrompre certaines questions de l’avocat, jugées trop crues et obscènes.

La principale témoin, Cheryl Zondi, 21 ans, est rapidement devenue une héroïne en Afrique du Sud pour tenir tête à l’avocat.

La ministre des Femmes, Bathabile Dlamini, a même fait exceptionnellement le déplacement au tribunal pour la soutenir. « Pour son courage et parce qu’elle montre la voie aux autres victimes. Ce procès ne devrait pas être une seconde victimisation. Les autres femmes ne devraient pas avoir peur d’aller témoigner au tribunal », a-t-elle déclaré.

Dans la foulée, la ministre a promis une réforme de la loi sur les abus sexuels.

RFI