Le ministre français des Affaires étrangères, dans la droite ligne des doutes qu’il a précédemment émis sur les résultats de la présidentielle en République Démocratique du Congo, continue de soutenir que celle-ci s’est achevée par «une espèce de compromis à l’africaine». En termes intelligibles, Monsieur Jean-Yves Le Drian demeure convaincu que le réel vainqueur de l’élection présidentielle dans ce vaste et riche pays d’Afrique centrale n’est pas Félix Tshisekedi mais bien Martin Fayulu.
Cependant, pour être en harmonie avec les considérations de la realpolitik de son gouvernement, qui n’a pas tardé à prendre acte de l’arrêt de la Cour constitutionnelle de la RDC validant le résultat de la présidentielle, il estime qu’il ne faut pas remettre en cause un tel compromis, pour ne pas dire compromission à l’africaine. Cette position ambivalente de l’exécutif français indigne Bienvenu Matumo, activiste congolais du mouvement citoyen Lucha, qui trouve que les propos du ministre sont « méprisants ».
Actuellement, la France et ses alliés occidentaux, en l’occurrence les USA, mènent une intense campagne médiatique de déstabilisation au Venezuela dans le but de provoquer un changement de régime. Une campagne qui les a conduits jusqu’à à la reconnaissance du président autoproclamé au détriment du président réélu et dont la victoire est validée par le Tribunal suprême des élections de ce pays.
Si l’on croit l’activiste congolais, « On ne peut pas prétendre défendre un principe démocratique dans un pays et ne pas le défendre dans un autre. (…) Si la France est convaincue que les résultats qui ont été publiés n’étaient pas conformes à la vérité des urnes (au Congo), elle ne devait pas être lâche, elle devait continuer à réclamer la vérité des urnes et soutenir ce principe de justice et de vérité ». Une indignation certainement justifiée !
Seulement, dans le cas de la RDC comme celui du Venezuela, il se trouve que la France se soucie en réalité très peu du rétablissement du fait démocratique. Sa position ne se justifie que par des considérations de la real politik. Après tout, en dépit de sa brève et hypocrite pression sur les autorités congolaises, le pays du général De Gaule est bien convaincu que celles-ci vont préserver ses intérêts économiques. A quoi bon contribuer à rétablir le véritable vainqueur dans ses droits ?
Ce qui n’est pas le cas au Venezuela. Cet autre pays immensément riche de la planète terre s’est pourtant démocratiquement engagé depuis plus d’une décennie dans une révolution bolivarienne qui avait permis de malmener les intérêts du capitalisme international. Ce qui lui permettait d’être progressivement maître de ses richesses minières et en hydrocarbures.
Dans ces conditions, la France tout comme les USA et le monde occidental ne peuvent que soutenir logiquement l’opposition vénézuélienne qu’ils manipulent afin qu’elle puisse retrouver le pouvoir. Et tous les moyens sont utilisés à cette fin, même une intervention militaire s’il le faut. Le président américain n’a-t-il pas déjà émis cette éventualité ? Et il est fort à parier que si jamais elle devait arriver, elle serait naturellement soutenue par la France.
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger