Ce lundi, les avocats algériens avaient soutenu des manifestations interdites dans la capitale. Rejoints la veille par plusieurs cortèges de manifestants, des milliers d’étudiants algériens ont marché pacifiquement dans la capitale en scandant des slogans hostiles à la candidature du président Abdel Aziz Bouteflika: « Non au 5e mandat ! Le quatrième mandat, déjà, c’était une faute. Alors un cinquième, on est contre ».
Comme quoi c’est l’ensemble des couches socio-professionnelles qui s’opposent désormais à cette 5è candidature du Raïs algérien miné par une longue maladie. Faut-il donc comprendre que les Algériens trouvent que c’est la candidature de trop pour Bouteflika ?
Vétéran de la guerre d’indépendance algérienne et considéré comme artisan de la paix après la guerre civile des années 90 après la confiscation de la victoire du Front islamique du Salut (FIS), le président algérien ne fait plus l’unanimité. Son état de santé l’avait déjà empêché de mener campagne lors de la précédente présidentielle. Il est demeuré aphone voire absent pendant 6 ans.
Manifestement, le Raïs, 81 ans, est inapte à diriger le pays. La preuve ? Pendant le mandat qui finit, tous les observateurs sont unanimes qu’il n’a pas dirigé le pays. Ce qui suscite moult interrogations et frustrations chez ses compatriotes.
Au regard de tout cela et après 20 ans de règne, l’évidence est que Abdelaziz Bouteflika n’en peut plus, ni physiquement ni mentalement. Pourquoi demeure-t-il encore le plus à même d’occuper la présidence? Jusque-là le système clanique, qui dirige l’Algérie, n’est pas parvenu à donner au président sortant un successeur. N’y a-t-il pas une autre figure politique pour lui succéder ?
Certes la réalité du pouvoir est détenue par les généraux en Algérie. Nombreux sont cependant les observateurs de la politique algérienne à croire que le système, faute justement de s’octroyer cet oiseau rare, veut jouer avec le temps. Il se sert alors de la figure charismatique de Bouteflika pour continuer de gérer le pays à sa guise. Seulement, voilà : le peuple algérien dans sa frange notamment juvénile se dit excédé et déterminé à mettre le holà.
Le Printemps dit « arabe » de 2011, qui a quasiment emporté tous les régimes du Maghreb et du Machrek, n’a pu faire mouche en Algérie. Comment expliquer que les Algériens se révoltent actuellement pour réclamer le changement dans leur pays ? Les opposants contre le 5è mandat de Bouteflika pourront-ils continuer à manifester pour obtenir gain de cause ? Bientôt un autre candidat que Bouteflika ?
Les réponses à ces interrogations dépendront de ce que adviendront les évènements futurs dans ce grand pays saharien d’Afrique. Mais ce qui est d’ores et déjà évident, c’est qu’actuellement sur les réseaux sociaux du pays, largement fréquentés par une jeune génération de connectés (on estime à 21 millions d’individus soit la moitié de la population du pays) on milite contre le cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Ils sont, de plus en plus, les principaux vecteurs de la protestation contre ce cheval de Troie du pouvoir algérien.
Gaoussou M. Traoré
Source: lechallenger