Depuis plusieurs semaines, les immigrés africains sont la cible de violentes attaques xénophobes dans le pays de Madiba, occasionnant des pertes en vies humaines, la destruction de leurs commerces, la mise à sac de leurs habitats…. les Africains d’autres contrées du continent sont traités comme des parias à chasser à tout prix.
Dire que le père de l’indépendance avait œuvré toute sa vie pour forger la première et véritable nation arc-en-ciel ! Où devaient coexister pacifiquement et en bonne intelligence les hommes de toutes couleurs (blancs, noirs, indiens, métis), de toutes les ethnies et de toutes confessions religieuses !
Le sage homme n’a jamais oublié l’engagement indéfectible de plusieurs pays du continent à ses côtés pour que cesse l’apartheid et n’a jamais manqué une occasion pour témoigner de sa reconnaissance ! Et voilà que moins d’une décennie de sa mort, cette nation arc-en-ciel qu’il avait tant souhaitée de tout son cœur retombe dans la plus grande barbarie xénophobe. Envers les frères du continent. Parce qu’il y a eu des précédents fâcheux.
Si avant la prise du pouvoir par les noirs, c’étaient les blancs qui haïssaient, tuaient et séquestraient les noirs, dans cette nouvelle Afrique du Sud, ce sont plutôt des noirs qui haïssent et tuent des noirs qu’ils pourchassent comme des gibiers à abattre. Pourquoi ? Au seul prétexte que ces Africains leur volent leurs emplois ! Mais est-ce fondé cette appréhension ?
Julius Malema emblématique leader de la jeunesse de l’ANC aujourd’hui fondateur et président du Parti des Combattants pour La liberté Economique (EFF) a courageusement exprimé son désaccord avec cette façon de voir les choses « Nous pouvons chasser de notre sol tous nos frères africains, mais vous verrez qu’il n’y aura toujours pas de travail en Afrique du Sud. Notre richesse est entre les mains des Blancs qui refusent d’investir pour créer plus d’industries. Il n’y a aucun Nigérian qui a volé une industrie et n’y a employé que des Nigérians. Il n’existe aucun Zimbabwéen qui possède de grandes fermes dans lesquelles il n’a employé que des Zimbabwéens. Les industries sont contrôlées par les blancs qui emploient des étrangers et leur paient un maigre salaire. C’est ça qui vous pousse à croire que vos frères africains vous volent vos emplois ».
Mieux, Malema déclare avoir honte de sa nationalité sud-africaine et exige de ses ‘’compatriotes’’ d’arrêter de ‘’glorifier les frontières qui séparent les Africains…. Ce ne sont que des frontières artificielles qui n’existaient d’ailleurs pas avant l’arrivée des colonisateurs. Elles nous ont été imposées par l’homme blanc pour nous diviser, afin de bien exploiter les richesses de notre continent. ‘’
Aussi, « CETTE CRUAUTE APPELEE XENOPHOBIE DOIT CESSER », estime le leader du parti EFF. « Nous devons être UN avec nos frères Africains ! ». Son vibrant appel à la retenue sera-t-il entendu? De toute façon, si les violences ne cessent pas, ces africains immigrés seront contraints de quitter le pays. Le Nigéria a commencé déjà à rapatrier ses ressortissants. D’autres pays africains ont menacé également de le faire
Un retrait massif de ces étrangers serait –il sans conséquence pour l’économie sud-africaine ? Réponse du berger à la bergère : les nombreux opérateurs économiques sud-africains évoluant dans le secteur minier africain se verront –ils obligés de quitter les pays africains où ils sont installés ? *
Vivement que la jeunesse sud-africaine ouvre les yeux ! Elle court le risque d’être maudite par Madiba.
Gaoussou M. Traoré
Source : Le Challenger