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Afin que 2020 constitue un réel tournant…

La crise sécuritaire au Mali a donné lieu à une véritable effusion de sentiments, tous plus noble les uns que les autres à l’égard du pays : de  »Notre Maliba » (récupération opportuniste et facile faite par le camp présidentiel) à  »Le Vaillant Peuple malien », en passant par Les  »Dignes Héritiers de Sounjata », sans oublier  »La Glorieuse Armée malienne », et j’en passe…

 

Dans les années 60-70, quand le vieux Banzoumana Cissoko, les Koni Koumaré, Fanta Damba, Mogontafé Sakho et l’Ensemble Instrumental chantaient ces valeurs maliennes, on y retrouvait les accents de la conviction et de la vérité.

Notre génération, qui accédait en ces années  là à l’adolescence, férue des sonorités Rock’n Roll de Chuck Berry, des Stones, de Buffalo Springfield et autres CCR, trouvait déjà dans les paroles de ces grandes Voix du Mali les sources de grands élans patriotiques. Elles ont largement contribué à notre adhésion au mouvement pionnier, entre autres.

Près de cinquante ans après, les mêmes thèmes, repris et amplifiés par des supports plus porteurs, semblent d’une telle vacuité face à des populations qui ne croient plus en grand ‘chose, déboussolées par un quotidien de toutes les épreuves, davantage enclines à vivre de succédanés.

La faute à une révolution démocratique qui, visiblement, a mal tourné. Ce mouvement, pour lequel beaucoup de vies ont été sacrifiées a, d’année en année, piétiné toutes les valeurs en lesquelles les Maliens se reconnaissaient et trouvaient matière à s’enorgueillir.

En trois décades de pratiques démocratiques, le formidable crédit international acquis d’une irrésistible lutte pour faire émerger une République moderne, garante des droits de l’homme, porteuse de valeurs d’équité et de solidarité, s’est mué en eau de boudin.

Les  »Ecuries d’Augias » dans lesquelles nous ont plongés des mœurs politiques essentiellement tournées vers l’argent facile, l’enrichissement inénarrable et inadmissible de nombre de politiciens zélateurs et aigrefins, prisant particulièrement les deniers publics, sont, pour l’essentiel, la cause de la dégradation de la vie sociale.

Les Maliens, en quête de rédemption politico-sociale, ont jeté leur dévolu sur un certain Ibrahim Boubacar Keïta. Le remède escompté s’avéra plus corsé que le mal.

En six ans d’exercice du régime IBK, notre pays est devenu la référence la plus citée au triple plan national, sous régional et international, en matière de mauvaise gouvernance, de corruption et de prévarication. Le président mal réélu en 2018 fut lui-même brocardé par les observateurs de l’Union Européenne, qui lui reprochèrent d’avoir largement utilisé les fonds du Trésor public à des fins de campagne électorale.

Cette chronique revient pour la troisième fois sur cet épisode sur lequel l’intéressé ne s’est jamais expliqué. Cet exercice, nous le pratiquerons tout le long de l’année et du reste du mandat, afin que les Maliens s’imprègnent et se prémunissent contre les dérives d’un pouvoir népotiste et prédateur.

A peine estompé l’enthousiasme du Dialogue National Inclusif, le  »Maitre » du pays a renoué avec ses exercices favoris : la nomination de gens du Cercle des Intimes à des postes de souveraineté de l’Etat (dont ils n’ont ni le profil, ni le background professionnel justificatif) et la distribution des distinctions honorifiques.

Parmi les récipiendaires, nous reconnaissons des cadres et des personnalités de grande estime mais cette attribution effrénée de symboles de l’Etat, qui devraient récompenser et distinguer les plus méritants d’entre nous, en visant le plus grand nombre, ressemble davantage à une démarche politicienne. Et tendrait surtout à faire créditer la-très contestable-idée que notre Administration est tenue par de grands commis compétents et des agents à la conscience professionnelle avérée.

Or, l’absentéisme, le mauvais accueil des usagers, la  »petite corruption » prélevée pour services à rendre et, surtout, l’incompétence notoire généralement affichée, constituent la principale image de l’administration d’Etat.

Ces complaisances distinctives prennent de l’essor chaque fois que l’opinion nationale les a dénoncées.

La preuve que « le Gouvernement de mission » dont on attendait, sans grande illusion d’ailleurs, quelques étincelles, n’a pour seule vocation que de perpétuer, sous des formes plus insidieuses, des comportements qui ont été les  »impulseurs » de la plupart des troubles sociaux de 2019.

Le Premier ministre Boubou Cissé dans une démarche toute républicaine, a rencontré, mardi 13 janvier, les Gouverneurs et les Préfets, pour les sensibiliser et responsabiliser sur leur rôle dans la mise en œuvre des résolutions et recommandations issues du DNI, ainsi que pour la bonne organisation des élections législatives devant se dérouler en mai prochain.

Il a également appelé à faire de 2020 un tournant pour le Mali.

Discours de circonstance, selon les bonnes vieilles habitudes de son mentor, ou paroles d’engagement réel pour un Mali nouveau et meilleur ?

L’on voudrait bien accorder le bénéfice du doute au Chef du Gouvernement, mais le mal est si profond, les défis si colossaux et complexes qu’il faudrait plus qu’un autre mandat à IBK pour seulement amorcer un tournant.

Le président de la République est le symbole incarné des pouvoirs africains de ces dix dernières années. Avec l’âge s’accroit leur goût pour les prérogatives de la présidence, c’est-à-dire les énormes avantages qui en découlent. Tout le Mali est quasi unanime sur la nécessité (l’impératif) de réviser l’actuelle Constitution.

Mais s’il ne devait y avoir qu’une seule réforme, elle devrait viser celle de la fonction présidentielle. Elle est la principale source des dérives auxquelles est confronté notre fonctionnement étatique global.

Le président de la République du Mali a trop de pouvoirs. Il en jouit et en abuse à sa guise. Dans une démocratie de bon aloi, cela constitue un anachronisme.

Les facéties d’IBK nous renvoient tout simplement à la période médiévale. Et cela est incompatible avec les aspirations profondes des Maliens. Il faut que cela change !

koumate3@gmail.com

Source : l’Indépendant

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